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Citation de paulallan380


Il n’existe que deux modes d’action des individus dans une société : ou bien la coopération sociale qui implique l’échange de volontés libres entre individus libres ou bien la contrainte, qu’elle soit physique ou légale. Or, l’un des plus immenses et plus effroyables succès de l’Etat moderne vient de ce qu’il a réussi à accaparer les mots et qu’il a réussi à faire croire que la « coopération sociale » impliquait nécessairement son intervention. [Note de P. Salin : ce mensonge inouï aurait été plus difficile à faire accepter si, au lieu de parler de « coopération sociale » on avait pris l’habitude de parler de « coopération interindividuelle »]

C’est ainsi que par « coopération internationale » on désigne non pas des accords entre individus situés sur des territoires nationaux différents (pour autant que le concept de nation ait un sens), mais des accords entre Etats. Or, un accord entre des organisations dont la nature même est constitué par l’exercice de la contrainte, les Etats, n’a rien à voir avec un accord résultant de la volonté de deux personnes libres.
Dans un cas – celui de la coopération interindividuelle – il y a bien coopération, dans l’autre – celui des accords interétatiques – il y a autre chose…

Il est tout à fait intéressant qu’on n’ose pas parler de coopération sociale dans un système qui repose purement sur la contrainte, par exemple l’esclavagisme ou l’emprisonnement : les esclaves ne coopèrent pas avec leur maître, les prisonniers avec leurs gardiens. Or l’Etat moderne n’entre pas dans des relations contractuelles avec les citoyens. C’est bien pourquoi on peut le considérer comme un maître d’esclaves et pourquoi il est à priori suspect de le présenter comme un lieu de coopération sociale.

En fait, l’Etat entre seulement dans des arrangements qui sont de pseudo-relations contractuelles avec des organisations telles que lui-même (en particulier d’autres Etats) ou des parodies de relations contractuelles, par exemple lors des élections ou lorsqu’il met en place des « conventions collectives » où les volontés individuelles ne sont en fait pas respectées.

(Ch. 3, Pas de liberté sans propriété, p. 83)
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