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Citation de Lismonde




Est-ce le mariage explosif du feu vésuvien et de la mer tyrrhénienne ? Sur le site légendaire élu jadis par la sirène Parthénope, la ville qui se déploie désormais à l'assaut des collines est devenue l'une des métropoles les plus bouillonnantes de la Méditerranée. Encerclant l'une des plus belles baies du monde, constamment agitée de secousses telluriques, Naples palpite et vrombit dans une jeunesse millénaire. Esprits tièdes s'abstenir !

Autant prévenir le voyageur : on ne peut aborder cette ville-volcan avec la distraction du touriste qui accumule les étapes jour après jour comme des trophées de guerre. Qui voudrait "faire Naples" risque fort de n'y découvrir que le reflet de préjugés trop vite griffonnés au verso d'une carte postale de baie ensoleillée, dominée en arrière-plan par le "v" légèrement aplati du cratère vésuvien.

Naples nous met en présence de l'une de ces "villes-monde", chères à l'historien Fernand Braudel : tumultueuses, polymorphes, dionysiaques, décidément inclassables, ces villes pour lesquelles on épuiserait en vain la liste des adjectifs disponibles dans le répertoire de l'excès, et dont la découverte peut bouleverser nos habitudes mentales et sensorielles.

On peut toujours aborder ces univers dans l'attitude du touriste passif, avec pince-nez et rince-doigts, amateur vite repu ou déçu par les admirations obligatoires. Quelques heures à peine suffiront. Sauf réaction napolitaine prompte à sanctionner toute condescendance à leur égard, soyez sûr que ces visites aseptisées ne laisseront aucune trace.

On peut aussi arriver en voyageur curieux, mais critique, qui reste quelques jours pour apprécier la ville, prend d'une main les multiples surprises offertes, mais retient l'autre pour en mieux juger. Devant l'irréductible étrangeté napolitaine, c'est depuis longtemps la réaction la plus fréquente. Même des esprits fort éclairés au XVIIIème siècle ne peuvent retenir un vague mépris: Montesquieu juge "barbare" l'architecture de Naples, tandis que le marquis de Sade la voit peuplée de "sauvages mal dégrossis".

On peut enfin être prêt à tout recevoir, ouvrir les mains pour saisir à pleines poignées des tranches de vie parfois brûlantes. Ce voyageur sensible pénètre alors vraiment dans la vie de la ville, avec le risque, consenti dès le départ, de ne pas revenir indemne, et de passer quelques années à vouloir élucider le mystère. Ce sont ces derniers, tous ceux que l'alchimie puissante de la ville a radicalement transformés qui accompagnent cette découverte de Naples.
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Début de l'introduction
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