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Citations de Pascale Lismonde (19)


Tout voyageur qui appareille vers la Méditerranée se rêve en Ulysse vagabond, prêt à musarder entre ces trois éléments qui symbolisent désormais les vacances : le ciel, le soleil, la mer.
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"Michel-Ange éclata comme un orage dans le ciel assoupi et surchauffé de Florence", prévient Romain Rolland dans sa préface, amateur de vies d'hommes illustres. Le ton est donné : avec un génie aussi puissant et tourmenté, la tempête sera permanente.
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Même si Stendhal la juge sans passions, on comprend sans peine que la beauté de Florence en fasse une ville rêvée pour la naissance de grands amours. C'est ce qu'imagine Anatole France dans son grand roman d'amour, unique en son oeuvre, qui prend ainsi le nom même de l'emblème de la ville, le Lys rouge (publié en 1894).
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Son nom de Florence déjà est à lui seul un parfum. Celui du lys rouge, l'aristocratique emblème guelfe de la ville, à la couleur guerrière -"le rouge de la division", écrit Dante- comme Rome se définit par la louve nourricière de Romulus et Remus, Venise par le Lion de Saint-Marc, ou Naples par la sirène Parthénope.
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Basile est un conteur napolitain du XVIe siècle qu'il faut absolument découvrir : au long de ses cinquante contes passent toute l'exubérance, la verdeur et la folie de cette civilisation.
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Ischia compte plus d'une centaine de sources chaudes débouchant sur terre ou dans la mer, le long des côtes. Autant dire que le thermalisme a fait sa célébrité depuis l'Antiquité.
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Tout voyage en Italie devrait commencer par la découverte de Florence. Erigée avec Venise, Rome et Naples dans un quatuor d'excellence, Florence fait partie des destinations à ne manquer sous aucun prétexte pour qui souhaite appréhender le mystère de la beauté italienne.
A mi-route entre la cité des Doges et celle des Papes, entre celles qui furent l’opulente suzeraine des mers et l’immense capitale de l’Empire, Florence reste l’élégante cité des arts, le symbole même de « la Renaissance », de ce renouveau de civilisation qui a gagné peu à peu toute l’Europe. Surgi pour l’essentiel dans le siècle d’or du « Quattrocento » - le XVème siècle - mais dont le mouvement commence un siècle plus tôt. Les principales figures tutélaires sont toutes florentines.

Que serait l’histoire de l’art mondiale sans les révolutions esthétiques lancées par Giotto, Masaccio, Paolo Uccello, Donatello, Alberti, Brunelleschi, Ghirlandaio, Botticelli, Raphaël, Leonard de Vinci ou Michel Ange ? Que serait la littérature sans le « dolce stil nuovo » de Dante, de Pétrarque ou Boccace qui dès le XIIIème siècle ont profondément renouvelé la langue ? Que serait la science politique sans le « secrétaire florentin », Machiavel, et ce brûlot de livre jugé hérétique, « le Prince », publié en 1513 ? et que serait Florence même, sans le gouvernement des Médicis, cette famille de marchands-banquiers dont l’ambition, la fortune et le génie politique furent tels qu’ils firent entrer le rayonnement artistique et intellectuel de cette ville dans la légende des siècles, donnant à l’Italie deux grands papes de la Renaissance – Léon X puis Clément VII, et à la France, les deux grandes reines Catherine, puis Marie de Médicis
(.....)
Début de mon introduction au "Goût de Florence"


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Qu'on l'aime avec passion ou qu'on la haïsse, avec Rome, on ne peut entretenir qu'une histoire d'amour. Une histoire qui s'inscrit dans le nom même de la ville, en un merveilleux palindrome, que je découvris un jour dans le "Palatino", qui quitte Paris tous les soirs pour gagner Rome. Un reflet de pancarte sur une vitre : ROME se lisait "AMOR".
Pour moi qui repartais enfin pour cette ville qui un jour m'avait éblouie, ce fut une illumination. Après avoir traversé l'Enfer et le Purgatoire, à la fin du 33ème chant de la "divine Comédie", Dante entre en Paradis par « l’amore che move il sole e l’altre stelle » - "l’amour qui meut le soleil et les autres étoiles".
La voie était ouverte. La vie pouvait se transformer alors en destin.
(....)
(Extrait de l'introduction du "Goût de Rome")
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Est-ce le mariage explosif du feu vésuvien et de la mer tyrrhénienne ? Sur le site légendaire élu jadis par la sirène Parthénope, la ville qui se déploie désormais à l'assaut des collines est devenue l'une des métropoles les plus bouillonnantes de la Méditerranée. Encerclant l'une des plus belles baies du monde, constamment agitée de secousses telluriques, Naples palpite et vrombit dans une jeunesse millénaire. Esprits tièdes s'abstenir !

Autant prévenir le voyageur : on ne peut aborder cette ville-volcan avec la distraction du touriste qui accumule les étapes jour après jour comme des trophées de guerre. Qui voudrait "faire Naples" risque fort de n'y découvrir que le reflet de préjugés trop vite griffonnés au verso d'une carte postale de baie ensoleillée, dominée en arrière-plan par le "v" légèrement aplati du cratère vésuvien.

Naples nous met en présence de l'une de ces "villes-monde", chères à l'historien Fernand Braudel : tumultueuses, polymorphes, dionysiaques, décidément inclassables, ces villes pour lesquelles on épuiserait en vain la liste des adjectifs disponibles dans le répertoire de l'excès, et dont la découverte peut bouleverser nos habitudes mentales et sensorielles.

On peut toujours aborder ces univers dans l'attitude du touriste passif, avec pince-nez et rince-doigts, amateur vite repu ou déçu par les admirations obligatoires. Quelques heures à peine suffiront. Sauf réaction napolitaine prompte à sanctionner toute condescendance à leur égard, soyez sûr que ces visites aseptisées ne laisseront aucune trace.

On peut aussi arriver en voyageur curieux, mais critique, qui reste quelques jours pour apprécier la ville, prend d'une main les multiples surprises offertes, mais retient l'autre pour en mieux juger. Devant l'irréductible étrangeté napolitaine, c'est depuis longtemps la réaction la plus fréquente. Même des esprits fort éclairés au XVIIIème siècle ne peuvent retenir un vague mépris: Montesquieu juge "barbare" l'architecture de Naples, tandis que le marquis de Sade la voit peuplée de "sauvages mal dégrossis".

On peut enfin être prêt à tout recevoir, ouvrir les mains pour saisir à pleines poignées des tranches de vie parfois brûlantes. Ce voyageur sensible pénètre alors vraiment dans la vie de la ville, avec le risque, consenti dès le départ, de ne pas revenir indemne, et de passer quelques années à vouloir élucider le mystère. Ce sont ces derniers, tous ceux que l'alchimie puissante de la ville a radicalement transformés qui accompagnent cette découverte de Naples.
(....)
Début de l'introduction
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Son nom de Florence déjà est à lui seul un parfum. Celui du lys rouge, l’aristocratique emblème guelfe de la ville, à la couleur guerrière - "le rouge de la division" écrit Dante - comme Rome se définit par la Louve nourricière de Romulus et Remus, Venise par le Lion de Saint-Marc, ou Naples par la sirène Parthénope.
Florence est « la cité des fleurs » dont le seul nom évoqué plonge Marcel Proust ou André Suarès dans un univers de parfums de printemps ou d'automne, les deux saisons d'élection pour découvrir la ville. Cette fleur est omniprésente: elle donne son nom à l'immense cathédrale dont l’extraordinaire coupole achevée en 1436 est le chef d’œuvre de Brunelleschi. – "Santa Maria del Fiore – Sainte Marie de la Fleur" - Florence est l’ancienne « Fiorenza !» Un nom qui claque comme bannière au vent quand il est proclamé par les hérauts au son des trompettes Renaissance dans les cortèges en costumes historiques

Extrait de mon introduction au "Goût de Florence"
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Couleur primaire comme le jaune et le rouge, mais antagoniste de cet orgueilleux de rouge insolent, si prompt à l’excès, voici venir la couleur céleste qui souvent apaise et pacifie - le BLEU.
Couleur du ciel et de l’espace, le Bleu est la couleur la plus immatérielle qu’il soit. Image même de l’ailleurs et de l’infini, couleur spéculative par excellence, il fascine peintres et poètes, qu’ils créent avec Kandinsky le groupe du Cavalier bleu (Blau Reiter), qu’ils inventent tel Yves Klein
l’ International Klein Blue –(I.K.B. ) bleu violacé, qu’ils /fassent/ voient avec Eluard « la terre bleue comme une orange », qu’ils élancent leur rêve vers l’infini, tel Victor Hugo, Baudelaire ou Philippe Jaccottet pour qui « le bleu n’est plus une matière, mais une distance et un songe ».
Ou qu’ils inventent, comme Rimbaud l’étrange synesthésie des « Voyelles ».

O bleu, comme Oméga

« O suprême clairon, plein de strideurs étranges
Silences traversés des Mondes et des Anges
O l’Omega, rayon violet de Ses Yeux »

O bleu pose Rimbaud en final de son célèbre poème « Voyelles », où il associe à chacune des voyelles une couleur différente. Les couleurs donnent vie à la matière ; de même, les voyelles ne sont-elles pas la chair et le sang dans l’ossature du mot ? Entre les consonnes, elles rendent les mots prononçables. « Alchimie du verbe », titre Rimbaud. Le poète fait voir. O l’Omega : de l’alpha à l’oméga, de leur origine obscure à la fin des choses, le poète voyant fait voir la totalité de l’univers.

En 1991, cherchant un hommage insolite pour le centenaire de la disparition de Rimbaud, j’ai retenu ces mystérieuses « Voyelles » de couleur pour une première série d’émissions sur France Culture - sans soupçonner que soulever ce voile des couleurs me ferait entrer dans un univers éblouissant, inépuisable. Commença alors tout un travail d’exploration et de diffusion, dont le dévoilement est toujours en cours, comme en témoigne cet ouvrage.

C’est qu’on touche à la complexité même : comme toutes les couleurs, le Bleu est ambivalent, il dit aussi bien le songe romantique que les bleus à l’âme, les incertitudes de «l’heure bleue» et même, les peurs bleues paniques devant toute figure de « Barbe bleue ». Mais il se peut se faire aussi bleu d’amour tendre, pour dire le rêve, la douceur et une forme d’innocence, ou glisser vers le sentiment d’une absence, dire le vague à l’âme et la nostalgie, au point de sombrer dans le «blues», la déploration d’un ailleurs inatteignable, ou d’un être aimé lointain, ou disparu.
(...)
(Début de mon introduction au "Goût du Bleu" / Pascale Lismonde)
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Pascale Lismonde
J'ai découvert la ville de Rome, à vingt ans, dans la chaleur d'un après midi d’été. Aucun voyage ne peut réserver un tel choc visuel. Dans un même panorama, le voyageur médusé embrasse presque trois mille ans de civilisation occidentale : un déploiement vertigineux dans une majestueuse nonchalance. Des basiliques du Moyen age ou de la Renaissance surmontent des temples antiques, des églises et des fontaines baroques s'envolent auprès de vestiges de l'ancien forum ou des cirques de gladiateurs, tandis que cernés par des bâtisses modernes, des arcs de triomphe ou de hautaines colonnes célèbrent toujours la grandeur de l'empire…. Soit un inextricable enchevêtrement édifices ordonné par quelques grands axes dans lesquels s'engouffrent, dans un joyeux tintamarre, des milliers de véhicules enfantés par le siècle de la vitesse.

Cependant tout voyageur qui découvre Rome pour la première fois de sa vie doit monter d'abord sur l'une des célèbres sept collines - de l'Aventin ou du Janicule, ou du Pincio à côté de la Villa Médicis. Au lieu du désordre architectural que semble promettre cette première évocation, il sera plutôt frappé par l'unité visuelle que donnent les couleurs des édifices : le blanc grisé des monuments antiques, des palais ou des églises alterne avec l'omniprésence de cette couleur orangée appelée « terra cotta » -terre cuite, la couleur romaine par excellence. Et par-dessus tout la ponctuation des taches vert sombre, des pins parasols se découpant dans le ciel bleu de Rome.

A-t-on assez célébré la lumière de cette ville unique au monde ? Elle émeut tous les voyageurs sans exception. Et si tous ne sont pas en mesure de l'évoquer de façon aussi suggestive que Goethe, Chateaubriand ou Stendhal, elle baigne les tableaux des peintres qui ont fait la gloire de Rome depuis le XVème siècle jusqu'à nos jours. De Raphaël à Guttuso ou Cy Twombly, en passant par Poussin, Le Lorrain ou Corot - qu'ils fussent appelés par les papes, pour construire la gloire de l'église, ou envoyés par des gouvernements étrangers soucieux de parfaire l'éducation de leurs grands artistes au contact des splendeurs de l'Antiquité, de la Renaissance ou du Baroque.

Aux lecteurs de cette collection, nous n'apprendrons pas que c'est l'Italie en son entier qui exerce en réalité cette fascination. Un jour, j'imaginai de résumer sous forme d'acrostiche cette émotion mille fois répétée à toute époque par les voyageurs de toutes nationalités découvrant la péninsule : « I.T.A.L.I.A » - « Italie, Terre des Arts, des Lettres et des Itinéraires amoureux ». Une ITALIA magnifiée par l'écriture, car ces voyageurs ayant souvent pris le temps de raconter leurs découvertes par le menu, livrant ainsi les clés de multiples bonheurs sensoriels : bonheur visuel des chefs d’œuvre des grands artistes, bonheur auditif à l’écoute de la langue du « bel canto » ou dans cet amour du chant qui fait vibrer toute la péninsule, bonheur gustatif dans les délices raffinés de la cuisine italienne…
(......)
Début de l'introduction du "Goût de Rome", Mercure de France, réédition 2010
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La découverte de Pompéi fut aussi, dès le début du XIXe siècle, l'occasion pour bien des poètes et des écrivains de venir méditer sur ces ruines, sur la fragilité humaine, la fuite du temps. Sous l'ombre tutélaire du Grand Virgile, le poète Leopardi séjourna à Naples, un lieu d'élection pour sa mélancolie native.
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Comment entrer dans Naples ? Fille d'une sirène, encerclant une baie magnifique, Naples est liée à la mer: une entrée marine s'impose.
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Comme le dit Elsa Morante elle-même, "les îles de notre archipel là-bas sur la mer napolitaine sont toutes belles; la présence des anciens volcans fait pousser au printemps des milliers de fleurs spontanées inconnues sur le continent".
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Les îles parthénopéennes, celle du golfe de Naples, sont au nombre de cinq : Capri, Nisida, Procida, Vivara, Ischia. En tête de la cote d'amour, la plus proche, la plus connue, adulée depuis l'Antiquité, Capri, appelée aussi l'"île des Sirènes".
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Pascale Lismonde
Couleur primaire comme le jaune et le rouge, mais antagoniste de cet orgueilleux de rouge insolent, si prompt à l’excès, voici venir la couleur céleste qui souvent apaise et pacifie - le BLEU.
Couleur du ciel et de l’espace, le Bleu est la couleur la plus immatérielle qu’il soit. Image même de l’ailleurs et de l’infini, couleur spéculative par excellence, il fascine peintres et poètes, qu’ils créent le groupe du Blau Reiter – le Cavalier bleu- avec Kandinsky, qu’ils inventent tel Yves Klein cet I.K.B.-bleu violacé, qu’ils fassent voir avec Eluard « la terre bleue comme une orange », qu’ils élancent leur rêve vers l’infini, tel Victor Hugo, Baudelaire ou Philippe Jacottet pour qui « le bleu n’est plus une matière, mais une distance et un songe ». Ou qu’ils inventent, comme Rimbaud l’étrange synesthésie des Voyelles.
O bleu, comme Oméga

« O suprême clairon, plein de strideurs étranges
Silences traversés des Mondes et des Anges
O l’Omega, rayon violet de Ses Yeux »

O bleu pose Rimbaud en final de son célèbre poème Voyelles, où il associe à chacune de voyelles une couleur différente. Les couleurs donnent vie à la matière ; de même, les voyelles ne sont-elles pas la chair et le sang dans l’ossature du mot ? Entre les consonnes, elles rendent les mots prononçables. Alchimie du verbe, titre Rimbaud. Le poète fait voir. O l’Omega : de l’alpha à l’oméga, de leur origine obscure à la fin des choses, le poète voyant fait voir la totalité de l’univers.
En 1991, cherchant un hommage insolite pour le centenaire de la disparition de Rimbaud, j’ai retenu ces mystérieuses Voyelles de couleur pour une première série d’émissions sur France Culture -sans soupçonner que soulever ce voile des couleurs me ferait entrer dans un univers éblouissant, inépuisable. Commença alors tout un travail d’exploration et de diffusion, dont le dévoilement est toujours en cours, comme en témoigne cet ouvrage.

C’est qu’on touche à la complexité même : comme toutes les couleurs, le bleu est ambivalent, il dit aussi bien le songe romantique que les bleus à l’âme, les incertitudes de «l’heure bleue» et même, les peurs bleues paniques. Il se fait bleu d’amour tendre, pour dire le rêve, la douceur et une forme d’innocence, mais il peut glisser vers le sentiment d’une absence, dire le vague à l’âme et la nostalgie, au point de sombrer dans le «blues», la déploration d’un ailleurs inatteignable ou d’un être aimé lointain ou disparu.
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(Début de mon introduction du "Goût du Bleu", Mercure de France, 2013
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« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : Voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes »…
(…….).
Dans Alchimie du verbe, Rimbaud précise: « J’inventai la couleur des voyelles. Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne et avec des rythmes instinctifs, je me flattai d’inventer un verbe poètique accessible un jour ou l’autre à tous les sens… J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges . »

I rouge, comme incandescence. Le poète fait voir. Rimbaud associe à chaque voyelle une couleur différente. Les couleurs donnent vie à la matière ; de même, les voyelles ne sont-elles pas la chair et le sang dans l’ossature des mots ? Elles les font vivre, permettent les prononcer. Alchimie du verbe titre Rimbaud. Son association « voyelle-couleur » fait figure de stade ultime du processus alchimique, l’œuvre au rouge – rubedo – où se forme la pierre philosophale, qui pourrait transmuter les métaux du langage en or poétique et transporter le poète au ciel de l’immortalité.

I rouge, comme imaginaire. En 1991, cherchant un hommage insolite pour le centenaire de la disparition de Rimbaud, j’ai retenu ces étranges Voyelles colorées pour une première série d’émissions sur France Culture -sans soupçonner que soulever le voile des couleurs me ferait entrer dans un univers éblouissant, inépuisable. Commença alors tout un travail d’exploration systématique et de diffusion audiovisuelle qui trouve dans ces ouvrages une nouvelle expression éditoriale.

• I – Rouge comme Illumination
Au commencement, la lumière. Dans l’éclair de lumière originelle surgit le Rouge, primum inter pares, couleur première.

Au début du XIXème siècle, dans son Traité des couleurs, Goethe reprend les travaux de Newton sur la décomposition de la lumière blanche par le prisme (1672) et il explore la formation physiologique des couleurs. « Si, dans une chambre obscure, on projette un rayon de lumière sur une feuille de papier blanc et qu’on le regarde ensuite vers l’endroit le plus obscur de la pièce, devant nos yeux flotte alors une image ronde dont le centre reste clair mais le bord apparait aussitôt pourpre et peu à peu le pourpre envahit tout le disque éclairé. Puis le bord bleuit jusqu’à envahir tout le disque. A la fin tout devient gris et puis noir ». Et Goethe constate en extérieur la même prévalence du rouge car au moment de son lever et de son couche, les phénomènes de brume font rougir le soleil.
On se souvient ? « Le ciel est rouge, demain il fera beau » chantait le Père Duval.

Au commencement, la lumière, et le Verbe, et à la suite, la vie, le feu, l’homme et la femme, l’Amour, et la poésie, première langue.
Rouge est la couleur de l’amour divin, dans la Bible, puis chez les Chrétiens, ce sont les langues de feu du Saint Esprit reçues à la Pentecôte, ou le sang rédempteur du Christ .
(...)
Début de mon introduction / (Pascale Lismonde)
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Pascale Lismonde
« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : Voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes »…
(…….).
Dans Alchimie du verbe, Rimbaud précise: « J’inventai la couleur des voyelles. Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne et avec des rythmes instinctifs, je me flattai d’inventer un verbe poètique accessible un jour ou l’autre à tous les sens… J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges . »

I rouge, comme incandescence. Le poète fait voir. Rimbaud associe à chaque voyelle une couleur différente. Les couleurs donnent vie à la matière ; de même, les voyelles ne sont-elles pas la chair et le sang dans l’ossature des mots ? Elles les font vivre, permettent les prononcer. Alchimie du verbe titre Rimbaud. Son association « voyelle-couleur » fait figure de stade ultime du processus alchimique, l’œuvre au rouge – rubedo – où se forme la pierre philosophale, qui pourrait transmuter les métaux du langage en or poétique et transporter le poète au ciel de l’immortalité.

I rouge, comme imaginaire. En 1991, cherchant un hommage insolite pour le centenaire de la disparition de Rimbaud, j’ai retenu ces étranges Voyelles colorées pour une première série d’émissions sur France Culture -sans soupçonner que soulever le voile des couleurs me ferait entrer dans un univers éblouissant, inépuisable. Commença alors tout un travail d’exploration systématique et de diffusion audiovisuelle qui trouve dans ces ouvrages une nouvelle expression éditoriale.

• I – Rouge comme Illumination
Au commencement, la lumière. Dans l’éclair de lumière originelle surgit le Rouge, primum inter pares, couleur première.

Au début du XIXème siècle, dans son Traité des couleurs, Goethe reprend les travaux de Newton sur la décomposition de la lumière blanche par le prisme (1672) et il explore la formation physiologique des couleurs. « Si, dans une chambre obscure, on projette un rayon de lumière sur une feuille de papier blanc et qu’on le regarde ensuite vers l’endroit le plus obscur de la pièce, devant nos yeux flotte alors une image ronde dont le centre reste clair mais le bord apparait aussitôt pourpre et peu à peu le pourpre envahit tout le disque éclairé. Puis le bord bleuit jusqu’à envahir tout le disque. A la fin tout devient gris et puis noir ». Et Goethe constate en extérieur la même prévalence du rouge car au moment de son lever et de son couche, les phénomènes de brume font rougir le soleil.
On se souvient ? « Le ciel est rouge, demain il fera beau » chantait le Père Duval.

Au commencement, la lumière, et le Verbe, et à la suite, la vie, le feu, l’homme et la femme, l’Amour, et la poésie, première langue.
Rouge est la couleur de l’amour divin, dans la Bible, puis chez les Chrétiens, ce sont les langues de feu du Saint Esprit reçues à la Pentecôte, ou le sang rédempteur du Christ .
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(début de l'introduction)
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