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Citation de santorin


Ce fut ma mère qui m'inculqua l'esprit sudiste dans ce qu'il a de plus intime et de plus délicat. Elle croyait que les fleurs et les animaux faisaient des rêves. Lorsque nous étions petits, le soir, avant de nous coucher, de sa voix de conteuse ma mère nous révélait que, dans leurs rêves, les saumons voient des cols de montagne et des museaux d'ours bruns penchés sur l'onde claire des torrents. Les vipères, disait-elle, rêvent de planter leurs crochets dans les tibias des chasseurs. Dans leur sommeil, les orfraies sentent crier et voient leur double plonger lentement, au profond, pour attraper les harengs. Les cauchemars de l'hermine sont peuplés des rudes battements d'ailes des chouettes, et l'immobilité nocturne de l'orignal subit le souffle qui annonce l'approche des loups gris.
Mais de ses rêves à elle nous n'avons jamais rien su, car ma mère nous tenait à l'écart de sa vie intérieure. Nous savions que les abeilles rêvaient de roses, les roses des pâles mains des fleuristes, tandis que les araignées rêvaient des sphinx qui se prendraient dans leurs toiles argentées. Enfants, nous étions les dépositaires de ses éblouissantes vêpres de l'imagination, mais nous ignorions que les mamans rêvent aussi.
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