Interview de Patricia Gavoille dans le cadre du salon du livre 2013 de Gellin
Julia lui sourit. André murmure que ça va aller. Les deux mains de Rafa effectuent une sorte d’ellipse de reddition. Un court silence pendant qu’elle parcourt la grande feuille à en-tête qu’elle a étalée sur la nappe devant elle. Un court silence qui pèse des tonnes. Cette fois, les mains de Rafa tremblent. Enfin Julia parle et sa voix bouleversée rappelle le soleil du matin :
- Ils sont tous vivants et tous ensemble !
Sous le plein soleil de la fin de matinée, la rivière luit par éclat, animée sans répit de mille petits gestes de vagues qui inlassablement se font puis se défont, sans cesse en route vers l'horizon. Pas un bruit. Juste cette route liquide qui s'égaille en froufroutant dans son chuchotis d'eau verte et, de loin en loin dans l'air immobile, un appel lointain, vague cri d'oiseau vite absorbé par la chaleur. Dans le paysage écrasé de lumière, seule, la rivière de Lizaine semble vivante sous le pont à deux arches qui conduit aux faubourgs.
"Que ce soit elle ou christine, on dirait bien que j'ai le chic pour les mettre dans l'embarras. Moi, je suis la pour mourir, mais proprement, n'est-ce pas ? Et avec le sourir. Et sans poser de questions oiseuses. Mourir, immobile, en regardant le plafond."
Novembre est impitoyable, se dit Bigeol. Il nous prend la lumière et ne laisse rien en partage que l'ombre et la froidure assorties des promesses d'un hiver sans fin.