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Critiques de Patrick Beurard-Valdoye (6)
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Cent ans passent comme un jour : Cinquante-..

J'ai trouvé ce recueil ( publié en 1997) dans une boutique de livres d'occasion. le titre est bien sûr une citation d'Aragon, puisqu'il s'agit, Marie Etienne nous l'explique dans la préface, d'écrire autour de lui: " Jouons avec vos mots, faisons les nôtres ". Je pense que cette démarche aurait plu au poète, qui dédiait souvent ses textes à d'autres auteurs. Et c'est aussi un clin d'oeil à ce centenaire écoulé depuis sa naissance, en 1897.



Cinquante-six poètes ont donc participé à cet écho collectif aux mots d'Aragon, qui apparaissent en italiques, mais ne sont pas toujours utilisés, chacun faisant ricocher à sa façon son ressenti aragonien.



Le mien est mitigé : certains textes, notamment ceux de Xavier Bordes , de Martine Broda, de Nedim Gürsel ( un auteur turc que je ne connaissais pas, une biographie est heureusement donnée à la fin), m'ont beaucoup plu. Par contre, pour d'autres, soit je les ai trouvés hermétiques, soit ils m'ont paru bien éloignés du sujet, ou sans intérêt.



C'était prévisible car confier à tant d'auteurs ce " jeu" donne forcément un résultat hétéroclite. On trouve un extrait de pièce de théâtre, de la prose qui ressemble à un journal intime, mais évidemment surtout des poèmes. C'est original, déroutant car manquant d'unité. A tenter, peut-être...



Je conclurai avec ces mots d'Andrée Chedid:



" Des incendies de l'Histoire

de l'absence enténébrée

Emerge la voix d'Aragon

Sacre de l'avenir et de la parole

Evoquant Paris son Paris

Notre ville

Sa poésie"
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Palabre avec les arbres

À travers dix-neuf arbres spécifiques, réels ou métaphoriques, une incroyable visite guidée de l’univers poétique, tout d’exils, de migrations, de refuges et de collisions, créé par Patrick Beurard-Valdoye ces trente-cinq dernières années.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/03/02/note-de-lecture-palabre-avec-les-arbres-patrick-beurard-valdoye/



Si l’on envisageait un instant l’immense cycle des « Exils » de Patrick Beurard-Valdoye comme une succession de salles vivantes et vibrantes dans un musée poétique imaginaire (on vous parle des trois dernières en date parmi les sept existant actuellement – « Le narré des îles Schwitters » (2007), « Gadjo-Migrandt » (2013) et « Flache d’Europe aimants garde-fous » (2019) – sur ce même blog), ce court et dense « Palabre avec les arbres », publié chez José Corti en novembre 2021, en serait peut-être bien le guide subtil et presque malicieux.



En 19 poèmes, chacun allant de une à quelques pages, tous inscrits sous le signe de l’arbre au singulier ou au pluriel, tremble, oliviers, banyan, pommier, pinède, peuplier, chênaie, figuier ou saule solitaire, entre autres, on retrouve et explore par d’autres facettes, d’autres inscriptions ou d’autres crevasses terribles certains des lieux et des personnages les plus emblématiques jusqu’ici de ce formidable travail poétique au long cours, œuvre herculéenne de connexion intelligente et sensible, par l’histoire, l’art et la résonance profonde dans notre présent, des migrations, des fuites, des refuges et des exils. On retrouvera ainsi, par exemple, auprès de leurs arbres, Walter Benjamin (et Dani Karavan avec son mémorial) à Port-Bou (et on songera alors naturellement, en parallèle, au beau travail de Sébastien Rongier), Aby Warburg à Hambourg (et qui mieux que lui en effet, avant la montée en puissance de ses hallucinations, comme le rappelait Carlo Ginzburg, peut incarner l’approche indiciaire pratiquée aussi en poésie par Patrick Beurard-Valdoye), Antonin Artaud et sa tombe mal connue au cimetière Saint-Pierre de Marseille (incise dont l’éclat vif se rehausse encore d’une dédicace à Florence Pazzottu), Carl Gustav Jung à Küsnacht (la poétesse et voisine Hilda Doolittle se tenant logiquement à proximité), Étienne de Lusignan à Nicosie et à Limassol, préservant de son mieux des arbres le plus souvent métaphoriques et scripturaux, Rainer Maria Rilke à Duino – ou plutôt à Lipica, 25 kilomètres plus loin -, ou encore, naturellement, Kurt Schwitters à Ambleside, merzant une nouvelle construction, et Paul Celan et Ingeborg Bachmann, en correspondances mystérieuses sous certain paulownia solitaire de la place de la Contrescarpe.



Comme chez la Françoise Morvan de « Sur champ de sable » (« Assomption », « Buée », « Brumaire » et « Vigile de décembre ») ou comme chez le Lambert Schlechter du « Murmure du monde » (« Une mite sous la semelle du Titien » ou « Je n’irai plus jamais à Feodossia », par exemple), et comme ce n’est généralement pas le cas (ou alors de manière subtilement dissimulée aux détours des brassages de langues et de lieux) dans les grandes installations du cycle des « Exils », des éléments biographiques directs, réels ou transmutés, se glissent dans le flot d’évocation, par certains marronniers ou par certain grand-père fantôme, affirmant le profond mélange de personnel et d’universel qui est à l’œuvre dans le cycle des « Exils », confirmé avec fougue et malice dans ce bréviaire végétal et songeur qu’est « Palabre avec les arbres », se révélant ainsi comme la plus belle des portes d’entrée dans l’univers cosmopolite, mouvant et salvateur de Patrick Beurard-Valdoye.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Flache d'Europe aimants garde-fous

Entre l’Alsace, la Suisse et Chypre, une nouvelle exploration poétique redoutable de six siècles européens pour effriter en conscience l’actuelle tentation du recroquevillement face aux exils.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/02/19/note-de-lecture-flache-deurope-aimants-garde-fous-patrick-beurard-valdoye/



Publié en 2019 chez Flammarion Poésie, « Flache d’Europe aimants garde-fous » est la septième installation (et pour l’instant la dernière en date) au sein du monumental cycle des Exils qui structure, irrigue et domine l’œuvre poétique de Patrick Beurard-Valdoye.



Intervenant respectivement cinq et douze ans après les deux machinations précédentes, les immenses « Le narré des îles Schwitters » (2007) et « Gadjo-Migrandt » (2014), c’est dans les replis de l’un des cœurs vibrants de la forteresse Europe, objet-carrefour paradoxal qui concentre et distribue les flux que traque et défend en grande beauté le cycle des Exils, l’Alsace (avec quelques incursions décisives en Franche-Comté), que vient s’inscrire cette flache-ci, flaque limpide ou saumâtre, marque salvatrice ou mortelle sur l’écorce, selon les angles et les points de vue retenus.



Pas n’importe quelle Alsace (ni n’importe quelle Franche-Comté), bien entendu. En ce point quasiment central d’une Mitteleuropa réelle ou légèrement fantasmée, parmi les effluves d’une puissante industrie chimique où rivalisent et coopèrent, en toute inimitié géopolitique et en toute complicité capitalistique, Allemands, Français et Suisses, où la potasse et l’aniline feront le moment venu les fortunes et les destins, on soigne depuis le Moyen Âge des candidats à la Nef des fous, des blessés de la tête qui hanteraient sinon tant de chemins traversiers, on donne naissance (et on crée d’inattendus cercles d’école communale) à des poètes jetant leur énergie dans la bataille de la création de l’Union Européenne, et on établit de bien curieuses passerelles vers le centre décentré par excellence que pouvait constituer Chypre (ce qui n’avait d’ailleurs pas échappé aux Bolognais Wu Ming, ajoutant en 2009 leur « Altai » sous le signe de Famagouste à leur « L’Œil de Carafa » de 1999, si ancré le long du Rhin). Là où précédemment dans le cycle des Exils la scène centrale était confiée au dadaïste Kurt Schwitters ou aux musiciens classico-contemporains autrichiens que l’on retrouverait le moment venu au Black Mountain College américain, « Flache d’Europe aimants garde-fous », avec son titre complexe, déroutant, et pourtant si significatif, nous parle du traducteur, poète et journaliste strasbourgeois Jean-Paul de Dadelsen, qui sera un influent conseiller de Jean Monnet lors des premières années de la Communauté européenne, jusqu’à son décès en 1957 (« il faut de l’erlebnis pour écrire »), en remontant aussi les méandres de sa famille, du Narrenschiff chez Michel Foucault, en guise d’exergue à la deuxième partie largement chypriote, donc, et intitulée « Le clitoris de l’Europe – Théorie des ligatures » (Steve Tomasula n’est peut-être pas si loin), de Marcel Duchamp, de Joseph Beuys et de Guillevic, d’Herman Melville et d’Albrecht Dürer, de Ghérasim Luca et de son « Héros-Limite », de la naissance – pas uniquement métaphorique – de la cyprine ( par l’un des noms chypriotes de la déesse Aphrodite), aussi, et encore de Franck Venaille et de Robert Cahen, de Frédérique Brion et de Jean Rouch, des mines de potasse d’Alsace (que l’on retrouvera, soigneusement dissimulées, et par l’un de ces détours secrets que nous réserve si souvent la grande littérature, dans le tout récent « Une sortie honorable » d’Éric Vuillard), de résurgences de la Loue et de salines royales, d’Antonin Artaud et de Carl Jung, de Theodor Herzl et de Tony Gatlif, de la formidable litanie des saints sans tête remède contre céphalées, de Patrick Kavanagh et de Virginia Woolf, d’Albert Camus et de Vélimir Khlebnikov, de Denis de Rougemont et de Robert Pinget, de Saint-John Perse et de Marguerite Yourcenar, ou encore de Marina Abramović et de bien d’autres sujets, témoins, passeuses et combats : mobilisation générale pour briser les murs intellectuels artificiels de cette Forteresse Europe dévoyée peut-être comme jamais aujourd’hui !



Les possibilités de mise en page des citations sur ce blog ne rendent naturellement pas du tout justice à l’usage beaucoup plus radical que précédemment, pratiqué ici par Patrick Beurard-Valdoye, des possibilités géographiques et typographiques qui s’offrent à son art minutieux, sous des formes néanmoins bien différentes dans chacune des grandes parties de l’ouvrage : comme le Claro de « Crash-test » s’efforçant de saisir les limites physiques de ses mannequins automobiles, il s’agit bien ici de déployer davantage de dimensions instantanées de lecture qu’on ne le penserait d’abord humainement possible, et de diffuser judicieusement la malice de l’exposant (à l’image de ces [réf ?] singeant amoureusement la célèbre encyclopédie collaborative en ligne pour mieux célébrer la puissance de l’érudition brutale, mise au service de la poésie critique et politique. Comme P.N.A. Handschin et Lambert Schlechter, autres artisans au très long cours d’une mobilisation des savoirs encyclopédiques au service d’un projet fondamentalement décapant, cohérent et diablement efficace, Patrick Beurard-Valdoye, effectue ici, entre autres, une relecture permanente des correspondances internes à l’histoire de la littérature et des arts (des plus lisibles aux plus secrètes), un cheminement fébrile et magnifique qui pourrait évoquer celui reconstruit par le Pierre Senges de « Cendres – Des hommes et des bulletins », une hybridation linguistique qui résonnera (d’autant plus au passage en Suisse) avec celle d’un Arno Camenisch, une exploration archéologique qui se fait parfois ferroviaire (épousant alors la cause d’un Bruno Lecat) mais qui creuse plus souvent encore le cœur vivant des étymologies, pour toujours davantage rétablir les passerelles rompues, retracer les chemins oubliés, et porter très haut la conviction que le travail littéraire et poétique contemporain a peu d’objectifs aussi décisifs et nécessaires que de reconstruire en permanence la possibilité de l’accueil, de rendre aux phénomènes migratoires leurs pleines dimensions de fuites éperdues (ou trop lentes, et alors le plus souvent fatales), et de se consacrer à bâtir les soubassements intellectuels vitaux de nouveaux refuges universels.



On ne peut bien sûr conclure cette brève note par d’autres mots que ceux choisis par Patrick Beurard-Valdoye lui-même, chez Michel Foucault, dans « Histoire de la folie à l’âge classique » :



Pourquoi voit-on surgir d’un coup cette silhouette de la Nef des fous et son équipage insensé envahir les paysages les plus familiers ? Pourquoi de la vieille alliance de l’eau et de la folie, est née un jour, et ce jour-là, cette barque ?
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Le narré des îles Schwitters

Autour de la figure en fuite de l’artiste dadaïste Kurt Schwitters, dans la tourmente des horreurs et des infamies de 1940, la construction poétique déterminée, essentielle, d’un radeau de survie métaphorique, d’île en île, pour nous rappeler encore et mieux ce que veut dire le fait réfugié.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/05/07/note-de-lecture-le-narre-des-iles-schwitters-patrick-beurard-valdoye/



En un tourbillon frénétique d’arrivée définitive de la violence et du chaos associé, qui contamine aussi bien, d’emblée, la paisible Norvège quelque peu ensommeillée – voire naïve vis-à-vis de la prédation nazie – que, un peu plus tard, la fort méfiante île britannique de Man, Kurt Schwitters va servir ici de point d’ancrage, de guide paradoxal et d’abcès de fixation à une danse pas tout à fait macabre, mais presque, dans laquelle sont entraînés à leur corps plus ou moins défendant ceux qui n’avaient déjà plus de patrie mais en détenaient encore les papiers comme ceux pour qui le Reich assidu représente désormais aussi un danger, dans l’oubli de l’illusion des neutralités et des non-belligérances.



Pour restituer en toute subtilité, mais aussi dans toute sa violence insigne, le collage dadaïste souvent fébrile qui constitue une part ô combien significative de la vie du réfugié, du fuyard, de l’apatride, Patrick Beurard-Valdoye peut s’appuyer ici à la fois sur une documentation minutieuse – qui lui permet de rendre compte aussi bien de rencontres historiques que d’imaginer certains télescopages plus aventureux (on songera aux passages des figures d’Arno Schmidt ou de Ludwig Wittgenstein, par exemple) – et sur une familiarité avec l’expérimentation langagière, construite au fil de toute son œuvre – qui lui donne des moyens rares pour conduire la nécessaire fusion, dissolution et hybridation linguistique qui est ici en jeu, tamponnant entre eux les noms de lieux allemands, norvégiens, écossais et anglais, arrachant les étiquettes nominales pour mieux les inscrire dans cette toile composée de bribes et de déchets qui caractérise aussi bien les peintures que les constructions de Kurt Schwitters. Comme d’une certaine manière, et avec de tout autres objectifs, chez Christian Prigent ou chez Arno Camenisch, à l’opposé d’une économie littéraire du silence et de la rareté, le poète gère des flux de consciences surchauffées, joue avec tous les précipités chimiques possibles, colle, décolle et recolle (parfois très directement comme dans le somptueux chapitre électrique de « ?HVOR? – L’errantesque équipée dans l’archipel épeurant »), transforme son propre Merzbau (en attendant le Merzbarn final) en radeau métaphorique, maintenant ensemble de justesse ses déchets amoncelés, et en navire de bois (au sens caché de Hans Henny Jahn) permanent, à l’architecture secrète et habilement dissimulée. Lorsque s’imposent la réalité apatride et le risque de la fuite sans fin (on se souviendra aussi ici du William H. Gass du « Musée de l’inhumanité », sans doute), lorsqu’il apparaît que « nous vivons dans un monde fade où canons et blindés réalisent les vœux des hommes » et que sourd la tentation du « mieux vaudrait être un petit cochon de porcelaine », il est bien grand temps, avec Patrick Beurard-Valdoye, d’élaborer cette sonate première et primitive, et de donner toute son actualité poétique et politique à la figure constellée d’étoiles improbables et résistantes de Kurt Schwitters.
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Gadjo-Migrandt

Y aurait-il autant de « grand » dans le monde sans « migrant » ? C’est la démonstration positive et acharnée que nous propose, à travers des centaines de « gadjos », itinérants sans choix, cette fabuleuse poésie-fleuve, profonde, érudite et combattante.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/11/28/note-de-lecture-gadjo-migrandt-patrick-beurard-valdoye/
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Gadjo-Migrandt

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