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Critiques de Patrick Devaux (2)
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Les mouettes d'Ostende

Derrière cette belle couverture et sous ce papier épais, se révèle une nouvelle d’une quarantaine de pages, ou plutôt un conte. car la femme qui apparaît et disparaît au gré du vent se confond avec les mouettes à qui on jette du pain. Elle s’appelle peut-être Marine, en tout cas elle inspire les marines que l’homme peint et teinte tantôt de gris et de noir, tantôt de blanc, au gré de ses humeurs, à l’instar des caprices du temps en cette saison automnale.



Se confond-elle avec la grande horloge de la gare ? Habite-t-elle les heures d’une montre chargée de buée et de cris d’oiseaux ? Visite-t-elle le peintre éperdu de solitude au creux des songes de la nuit ? Elle va et vient comme la marée, elle s’enfuit, lointaine et revient on ne sait quand cueillir les trésors laissés par les vagues. Ses cheveux se confondent avec le sable, ses pas laissent des traces improbables sur l’estran…



On le devine, le texte de Patrick Devaux se cisèle comme de la poésie en prose, aux confins du rêve. La solitude et la beauté d’Ostende en hiver creusent de profondes traces en cet homme seul, qui a coupé les ponts avec son passé et qui n’est plus relié qu’à la mer à travers l’estacade.



Un récit frotté de sel et de sable, hanté par les ombres d’Ensor et de Spillaert…
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Dorures légères sur l'estran

Patrick DEVAUX, Dorures légères sur l’estran,

Les Carnets du Dessert de Lune, 2015, 100 p., 12 €



Il y a des romans qui sont d’énormes pavés. Des fictions labyrinthiques qui emmènent dans les méandres du monde ou d’une langue. D’autres sont d’une extrême minceur. Brossent en quelques traits la trame d’une histoire. N’ont que faire des fioritures d’une langue baroque. N’ont que faire des intentions profondes et secrètes des personnages. Filent à toute vitesse de la première à la dernière page, en somme. Comme des trains express, ils ne laissent à leurs lectrices et lecteurs qu’à peine le temps de saisir une atmosphère, une couleur. Ces romans « marchent » peut-être d’autant mieux qu’ils se réfèrent à un genre très codé. Le roman d’amour, par exemple.

Dorures légères sur l’estran est de ces fictions-là, minces comme des mannequins de mode. Livres qui se lisent à toute vapeur. Il y a un homme et une femme. Sébastien et Nathalie. Ils se rencontrent à Ostende, près du Casino. Ils se disent quelques mots, et puis voilà, emballé c’est pesé :

– Bonjour, Mademoiselle, beau temps, n’est-ce pas ?

– Vous avez de l’humour.

– Vous avez une superbe démarche. J’ai observé que vous rentriez légèrement les pieds quand vous marchiez […]

– Vous êtes un drôle de coco […].

– Croyez-vous ?

[…]

– Un peu fou peut-être ?

– Déjà de vous.

– C’est bien ce que je disais. Un peu dragueur et beaucoup fou.

– De vous. J’insiste.

Elle, n’a qu’Ostende en tête. Sa lumière. Ses nuages. Ses mouettes. Lui, en miroir, a Bangkok en tête. Les dorures de ses temples et de ses statues. Les sourires de ses femmes. Et ses garrudas, hommes-oiseaux protecteurs. Elle, découpe et déchire des magazines de mode, en fait des collages éphémères, des tableaux provisoires inspirés par Ostende. Son atmosphère. Lui, va et vient. Entre la Mer du Nord et Bangkok. Se perdant joyeusement dans ses rues, le labyrinthe de ses baraques et de ses bateaux. Elle, demeurant ici. À l’attendre. Changeant de tenues et de coiffures selon sa fantaisie. Selon la mode. Poursuivant ses collages. Ne cessant de penser à lui. De jalouser Bangkok, la ville qui le retient loin d’elle. Lui, ne cessant de penser à elle, à sa manie de porter la main au cœur, chaque fois qu’une femme le salue en rue ou dans un temple.

Dorures légères sur l’estran n’est que cela. Ne raconte que cela. Une « simple » histoire d’amour. Rapportée sans chichis. Au travers des regards et des pensées que Nathalie porte sur Ostende, que Sébastien porte sur Bangkok. Pas de grandes scènes fracassantes où les amants se déchirent ou doutent l’un de l’autre. Juste quelques motifs qui tournent comme une ritournelle : les dorures, les lumières, les oiseaux, les mains portées au cœur. Et l’autre qui manque. Une histoire d’amour qui commence « comme ça », de façon un peu absurde et finit pareillement, Bangkok gardant pour elle Sébastien, Nathalie se décidant à confier aux vents du Nord ses derniers souvenirs.

Patrick Devaux s’attèle ici à un « art du peu » difficile : arriver à raconter quelque chose qui se tienne, littérairement parlant, sans tomber dans les clichés du genre « roman d’amour » ; arriver à nous intriguer avec trois fois rien sans user d’une langue pseudo-poétique qui se bornerait à rendre compte des « sensations ». Au fond, Patrick Devaux est un funambule. Un équilibriste. Son art tient du dosage. J’imagine que, souvent, il doit croiser les doigts. Et faire tout ce qu’il peut pour ne pas glisser sur une peau de banane. Ensuite, ma foi, à nous, lectrices et lecteurs, de jauger, selon nos goûts et nos humeurs, de la délicatesse et de la réussite de l’envol.

© Vincent Tholomé in Le Carnet et les Instants, avril 2015.


Lien : http://www.dessertdelune.be
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