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Citation de 19chantal


Sur le quai, chaque poissonnier entretenait sa grosse otarie au pelage roux entre ses jambes, découpait les thons, les vidait, faisait glisser la peau et les viscères vers la grande bouche moustachue qui attendait là-dessous. Ces otaries civilisées, yeux et moustaches de gros matous tête levée, gueule ouverte, patientaient sans rien dérober, au risque de perdre leur privilège et de se retrouver avec les autres dans le port, les sauvages, capables de sauter à bord des barques, où les pêcheurs leur assénaient un coup de gaffe sur le museau. Dans l'eau se menait le grand combat de celles-ci avec les frégates qui fondaient en piqué, ailes repliées. Les pesants pélicans, trop malhabiles au sol, quasi baudelairiens, qui toujours tremblent comme de froid ou de Parkinson, mendiaient les restes sur le quai, gauches et boitillants. Le pélican laisse manger avant lui l'iguane marin pourtant plus petit mais cracheur et agressif. Les autres poissons taille portion, vendus entiers et non vidés, ne participaient pas à la représentation, ni les langoustes rouges dans leurs caissettes remuant leurs antennes. Une flopée de petits oiseaux voleurs picorait les déchets. Dans cette lutte pour la vie, seuls les plus forts ou les plus habiles se reproduiraient : dans le ciel les frégates se battaient entre elles, s'arrachaient du bec les lambeaux de chair rouge dont les débris tombés dans l'eau suscitaient l'affolement des milliers d'étincelles argentées du fretin.
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