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EAN : 9782021247503
304 pages
Seuil (14/08/2019)
3.46/5   106 notes
Résumé :
Avec Amazonia, Patrick Deville propose un somptueux carnaval littéraire dont le principe est une remontée de l'Amazone et la traversée du sous-continent latino-américain, partant de Belém sur l'Atlantique pour aboutir à Santa Elena sur le Pacifique, en ayant franchi la cordillère des Andes. On découvre Santarém, le rio Negro, Manaus, Iquitos, Guayaquil, on finit même aux Galápagos, plausible havre de paix dans un monde devenu à nouveau fou, et qui pousse les feux de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Lire Patrick Deville, c'est se lancer dans une aventure riche en informations, réaliser un voyage à l'horizon infini. Même si une carte de l'Amérique du Sud termine Amazonia, l'auteur ne s'est pas gêné pour m'entraîner beaucoup plus loin, sur tous les continents, me ramenant de temps à autre en Europe.

Patrick Deville est avec Pierre, son fils, sur le fleuve Amazone qu'ils remontent petit à petit, passant par Santarém, Manaus, pour arriver à Iquitos, au Pérou. le fils dessine, le père écrit et donne à son lecteur une quantité énorme, impressionnante d'informations, de rappels historiques que j'aimerais bien pouvoir retenir. Hélas, j'en suis bien incapable et il faudrait, en plus, lire tous les livres de sa bibliothèque de bord, liste que l'auteur donne à la fin de ce périple durant lequel, je dois l'avouer, j'ai parfois été un peu perdu.
Durant ce parcours du père et du fils, Patrick Deville ne laisse pas passer une occasion d'évoquer d'autres cas où père et fils ont marqué les lieux où ils se trouvent. Historique, géographique, scientifique, littéraire, le contexte de chaque site traversé donne l'occasion à l'auteur de fournir d'audacieuses échappées. C'est son style, sa façon d'écrire, comme j'avais pu le constater dans Taba-Taba, livre auquel il se réfère plusieurs fois.
Puisqu'il se trouve au Brésil, Patrick Deville ne peut manquer d'évoquer Claude Lévi-Strauss et Tristes tropiques mais il s'attache surtout au comportement de chaque explorateur vis-à-vis des indigènes et de la nature. Il s'avère que les deux ont été exploités de façon outrancière et ceci dès que les Européens ont commencé à s'installer sur ce continent.
Patrick Deville évoque aussi Alexandre Yersin, ce chercheur méconnu qui a découvert le bacille de la peste en 1894 et qu'il avait mis en lumière dans Peste et choléra. le XIXe siècle est aussi celui de la guerre du caoutchouc et cette histoire folle de Cândido Rondon qui fait défricher la forêt pour poser une ligne de 1 500 km pour le télégraphe. Quand ce travail incroyable est terminé, avec tous les dégâts humains et naturels que cela suppose, la TSF est inventée et tout est abandonné…
Il parle aussi de Jules Verne qui écrivit La Jaganda sans jamais être allé au Brésil mais j'arrête là car il faudrait réécrire le livre pour tout citer !
Je note juste une habitude de l'auteur qui adore citer un événement et coller à côté un liste de faits s'étant produits à la même date. C'est un jeu intéressant et souvent très instructif.

Alors, si vous voulez voyager dans l'espace et dans le temps, réviser ou apprendre une quantité de faits historiques qui ont marqué XIXe, XXe et même XXIe siècles, il faut lire Amazonia, un livre qui alerte surtout sur les dégâts considérables causés par les humains à notre planète. C'est concret, bien détaillé et cela m'a beaucoup marqué dans les dernières pages du livre.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Toute l'Amazonie, et au-delà

Dans un roman foisonnant et érudit, Patrick Deville raconte ses voyages au long du fleuve Amazone. le long des méandres du fleuve, il nous en détaille les histoires et les légendes, tout en se rapprochant de son fils. Embarquez !

«Mains derrière la nuque, on peut imaginer ces milliers de rivières qui, depuis les deux hémisphères, se rejoignent dans le lit du fleuve quelques degrés sous l'équateur comme des milliers d'histoires.» Patrick Deville, au moment d'entamer ce nouveau voyage le long de l'Amazone, nous en livre la clé. Bien davantage qu'un récit de voyage, bien mieux qu'un manuel d'Histoire, il va nous raconter les milliers d'histoires qui ont fait la légende de ce cours d'eau à nul autre pareil.
Se plaçant d'emblée sous l'égide de Blaise Cendrars, l'écrivain-voyageur nous offre sans doute le livre qui colle le mieux à la collection dans laquelle il publie : «Fiction & Cie».
Dans ses pas, nous allons croiser des paysages extraordinaires, une faune et une flore de plus en plus menacées par l'homme, mais surtout découvrir ou redécouvrir une histoire multiséculaire d'où vont émerger quelques figures de proue extravagantes. Commençons par les Conquistadors, qui ont tout de génocidaires, et rappelons que «toute l'histoire de la conquête est celle de traîtres trahis par de plus traîtres qu'eux». Poursuivons avec Brian Sweeney Fitzgerald, plus connu sous le nom de Fitzcarraldo, et dont Werner Herzog dépeindra l'épopée sous les traits de Klaus Kinski. L'auteur reviendra du reste aussi sur l'épopée de ce film ainsi que sur le tournage de Aguirre, la colère de Dieu avec le même réalisateur et le même interprète principal, habité par la folie de son personnage. Et puis il y a les aventuriers, les hommes politiques et les capitaines d'industrie moins connus, les barons du café tels que Paolo Prado, les exploitants du caoutchouc – et des populations locales – les révolutionnaires, les indépendantistes, les chercheurs d'or, les scientifiques. N'oublions pas non plus les pionniers qui se lancent dans la construction de lignes de chemins de fer à travers la jungle où qui envisagent de lancer des câbles téléphoniques sur des milliers de kilomètres et qui, comme l'écrira Claude Lévi-Strauss, seront «victimes des termites et des indiens».
On revivra les épisodes sanglants de la colonisation, la fièvre du caoutchouc avec la grandeur et la décadence de Manaus.
On y croisera aussi le bandit Lampião, devenu héros populaire et la superbe galerie des personnages nés des plumes fécondes des écrivains. Ce qui nous vaudra aussi quelques digressions… et une bibliographie en fin de volume qui est aussi une invitation à poursuivre le voyage. Avec Cendrars, Jules Verne, Montaigne, Melville, Faulkner et Thoreau, sans oublier les sud-américains comme Alvaro Mutis et Vargas Llosa. On pourrait aussi y ajouter Lévi-Strauss et garder une place pour Henri Michaux.
On l'aura compris, il est impossible de réserver ce roman, tant il est à l'image de cette Amazonie, riche, foisonnant, énigmatique. Mais il suffit de se laisser emporter par la plume enlevée de Patrick Deville, pour aller de surprise en découverte et en apprendre beaucoup. Il faudrait encore dire un mot de Pierre, ce fils qui accompagne son père durant ce voyage et qui est lui aussi objet d'étude pour son père qui doit bien constater qu'au fil du temps, il évolue et se modifie. Tout comme cette Amazonie sans doute plus menacée aujourd'hui qu'elle ne l'était hier.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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J'abandonne un livre qui doit pourtant être très intéressant..
Ce périple à travers l'Amazonie d'un père avec son fils est une véritable mine d'informations concernant le passé de cette région, truffée d'anecdotes.
De nombreux personnages célèbres, dont Blaise Cendrars, ont traversé le Brésil y vivant une grande partie de leur vie et Patrick Deville nous le rappelle de façon très érudite..trop érudite...
Pour apprécier ce livre, je pense qu'il faut avoir un minimum de connaissances littéraires, artistiques, politiques sur l'Amérique du Sud ou, en tout cas, avoir la volonté de faire des recherches parallèles à la lecture.
Il faut donc prendre le temps, y consacrant presqu'une étude sérieuse, curieuse qui vaut certainement la peine mais que je n'ai pas envie de faire en cette fin d'hiver tristounette et secouée.
D'autant que ce livre est un emprunt qui me limite dans le temps..
Il faudrait y revenir un jour, lorsque l'esprit est suffisamment clair et dynamique pour en goûter tout l'intérêt historique.
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Ce n'est pas un roman à proprement parler, plutôt un récit de voyage dans lequel Patrick Deville remonte l'Amazone de l'Atlantique au Pacifique en compagnie de son fils. Un récit très largement émaillé d'une multitudes d'anecdotes, historiques, littéraires, scientifiques, telles qu'il est très difficile d'en retenir quelque chose d'essentiel.

L'écriture de l'auteur est particulièrement riche, belle, dense, avec de longues phrases qui se déroulent à la perfection, insérées dans des chapitres courts.

La première partie, brésilienne, m'a paru nettement plus intéressante que la seconde, péruvienne. L'évolution de ce voyage, géographique et initiatique pour le père et le fils, se déroule au milieu de la densité des différents événements qui ont fait l'histoire des abords de ce fleuve immense. En même temps que les événements, l'auteur brosse des portraits d'hommes et de quelques femmes qui ont rempli des destinées particulières, spécifiquement dans ces lieux mais ailleurs aussi dans le monde. Cela va de Blaise Cendrars à Darwin, en passant par Montaigne, Jules Verne, Aguirre, tous les tyrans de ce continent désespérant par ses gouvernants, mais aussi toutes les atrocités commises pars les conquistadors.

Certaines anecdotes sont savoureuses, néanmoins pour bien connaître les vies et les oeuvres des personnages cités, il vaudrait mieux lire leur biographie que ce mélange de faits laissés d'ailleurs à la libre appréciation de l'auteur.

Un livre dans lequel le lecteur pourrait s'enliser, d'où mon choix non regretté de le lire assez rapidement.
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L'auteur raconte ses voyages en compagnie d'amis ou de son fils en Amérique Latine.
C'est aussi pour lui l'occasion d'évoquer ses grands prédécesseurs, aventuriers, savants, conquérants, écrivains (avec un bibliographie à la fin de l'ouvrage).
Il fait montre de beaucoup de culture (un peu trop ?) et j'ai surtout apprécié l'analyse des relations père-fils (parfois fille), la sienne avec son propre enfant et celle des autres voyageurs avec les leurs.
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critiques presse (6)
LeDevoir
04 novembre 2019
Un passionnant voyage sur les traces de Cendrars et de son Moravagine, à la remorque des révolutions, hanté autant par le Fitzcarraldo de Werner Herzog que par le souvenir de Simon Bolivar. Comme toujours, chaque tournant de ces pérégrinations, Deville le pimente de sa connaissance aiguë des littératures latino-américaines.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeFigaro
17 octobre 2019
Ici, c’est de sa relation avec son fils Pierre, 30 ans, dont il s’agit, présentée superbement, et ce, avec une retenue et une pudeur que d’aucuns pourront juger excessive ou maladroite, alors que nous avons là l’esquisse d’une élégie intérieure.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
09 octobre 2019
Avec « Amazonia », le gentleman-baroudeur part sur les traces des grands aventuriers. Un livre aussi foisonnant qu’une forêt tropicale.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
02 septembre 2019
Patrick Deville est un écrivain qui sillonne le monde tout autant que l’Histoire pour nous livrer des très beaux récits sur la santé des hommes. Dans Amazonia, il raconte sa traversée du sous-continent latino-américain, faite avec son fils de 29 ans.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaCroix
30 août 2019
Son écriture est comme une maison de vacances : ceux qui connaissent apprécient chaque sensation, chaque remembrance et chaque vestige ; ceux qui découvrent sont d’emblée sous un charme entêtant, unique mais réitérable. Patrick Deville écrit comme il respire et nous finissons par respirer comme il écrit.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Actualitte
20 août 2019
Un nouveau roman de Patrick Deville, merveille ! Ses "romans sans fiction" se dégustent, se savourent, s'apprécient. On en sortira à regret, doucement grisé, un sourire aux lèvres et la nostalgie dans l'âme. Avec Amazonia, voici un nouveau grand cru.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (73) Voir plus Ajouter une citation
Ces contrées amazoniennes depuis l’époque du caoutchouc, avaient reçu le pire de l’Europe, et sans son humanisme en contrepartie. La disparition des peuples, du paysage et des animaux, l’enlaidissement, avilissent. La laideur induit la soumission et la veulerie, facilite une parodie de démocratie : partout sur les murs d’Iquitos, se voyaient les pictogrammes peints appelant les analphabètes à voter en cochant sur le bulletin un cheval ou un coq.
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Sur le quai, chaque poissonnier entretenait sa grosse otarie au pelage roux entre ses jambes, découpait les thons, les vidait, faisait glisser la peau et les viscères vers la grande bouche moustachue qui attendait là-dessous. Ces otaries civilisées, yeux et moustaches de gros matous tête levée, gueule ouverte, patientaient sans rien dérober, au risque de perdre leur privilège et de se retrouver avec les autres dans le port, les sauvages, capables de sauter à bord des barques, où les pêcheurs leur assénaient un coup de gaffe sur le museau. Dans l'eau se menait le grand combat de celles-ci avec les frégates qui fondaient en piqué, ailes repliées. Les pesants pélicans, trop malhabiles au sol, quasi baudelairiens, qui toujours tremblent comme de froid ou de Parkinson, mendiaient les restes sur le quai, gauches et boitillants. Le pélican laisse manger avant lui l'iguane marin pourtant plus petit mais cracheur et agressif. Les autres poissons taille portion, vendus entiers et non vidés, ne participaient pas à la représentation, ni les langoustes rouges dans leurs caissettes remuant leurs antennes. Une flopée de petits oiseaux voleurs picorait les déchets. Dans cette lutte pour la vie, seuls les plus forts ou les plus habiles se reproduiraient : dans le ciel les frégates se battaient entre elles, s'arrachaient du bec les lambeaux de chair rouge dont les débris tombés dans l'eau suscitaient l'affolement des milliers d'étincelles argentées du fretin.
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Les Indiens étaient torse nu, colorés et emplumés, le visage peint au rocou. Les Indiennes aussi, mais elles portaient des soutiens-gorge blancs, résultat d’une honte inculquée par l’Église peut-être, plutôt que par décence, ou volonté de ne pas trop exciter les soldats, et je songeais que l’effet était inverse, de les voir ainsi en petite tenue.
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… l’autre grande escroquerie, mais davantage locale, étant le redoutable système concurrentiel et violent des multiples églises évangélistes comme celles qui soutenaient la candidature de Javier Bolsonaro au Brésil, se disputant l’âme et l’argent des fidèles pratiquant la spéculation immobilière jusqu’au meurtre.
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INCIPIT
père & fils
Une violente averse bousculait le navire, l’eau pénétrait par la jointure des hublots. Nous allumions une petite lampe. Dans la pénombre de la cabine baignée d’air chaud, Pierre à contre-jour emplissait un carnet. J’avais attendu d’être à bord pour lui demander s’il se souvenait de sa découverte, une dizaine d’années plus tôt, de ce vers de Blaise Cendrars, « Gong tam-tam zanzibar bête de la jungle rayons x express bistouri symphonie », fragment de poème qu’il avait intégré à l’un de ses dessins. Il m’avait répondu que, sans doute, à l’époque, je lui avais mis ça sous les yeux.
Son père à lui, Cendrars, son père l’inventeur raté ou spolié, l’homme aux affaires calamiteuses, l’importateur de bière frelatée à Naples, le promoteur ruiné d’un palace fantôme en Égypte, l’auteur du brevet d’un ressort pour fermer les portes, finalement revenu à La Chaux-de-Fonds, lui avait offert un livre de Nerval qui allait décider de sa vie. Il avait encore trouvé dans la bibliothèque paternelle L’Asie russe d’Élisée Reclus et ç’avait été l’invention du Transsibérien. Longtemps après le Brésil, Cendrars avait offert à son fils Rémy La Chute d’un ange de Lamartine.
Le fils était aviateur. C’était la guerre. L’ange avait perdu la vie lors d’un vol d’entraînement.
Il faut se méfier des livres qu’on recommande aux fils : c’est sur une forte recommandation paternelle, une injonction, que j’avais lu enfant Moravagine. Même s’il me semblait étrange, ce livre, j’avais longtemps pensé qu’il était écrit pour moi puisque mon père me l’avait imposé, j’y trouvais le goût des tours du monde, la parenté du fou Moravagine et du fou Taba-Taba, lequel était alors mon camarade dans l’hôpital psychiatrique où nous vivions. Sans doute les scènes érotiques et pornographiques m’avaient échappé.
Pas les Indiens bleus.
Lorsqu’il débarque du Formose en 1924, Cendrars rêve de fortunes brésiliennes. Il est pour ça aussi peu doué que son père. Les chats ne font pas des chiens. Il descend l’échelle de coupée, balaie ces dix dernières années: en 14 il vivait encore à Forges-par-Barbizon. Ce Suisse qui pouvait échapper à la mobilisation, de la guerre se laver les mains, avait lancé un appel afin de réunir « des étrangers amis de la France, qui pendant leur séjour en France ont appris à l’aimer et à la chérir comme une seconde patrie, et sentent le besoin impérieux de lui offrir leurs bras ».
Un an plus tard, un obus lui avait arraché le bras droit et la main avec laquelle il avait écrit cet appel.
Cette main jetée dans la poubelle d’un hôpital de campagne avait tracé les vers des Pâques à New York et de La Prose du Transsibérien. C’est déjà un vieux modernisme, dépassé par le dadaïsme et le surréalisme, démodé, des trains et des paquebots comme affiches des Messageries Maritimes, un ananas et un perroquet en métonymie des Antilles. Il imagine se mettre au roman, depuis des années traîne dans ses malles les projets de L’Or et de Moravagine.
De sa Remington portative, à bord du Formose, il a peu entendu tinter la sonnette en bout de ligne.
Sur le quai, vêtus de blanc, l’attendent Paolo Prado et la petite bande du Movimento Modernista. Il écrira que son mécène était « un homme de la famille d’A.O. Barnabooth, presque aussi riche que le héros de Valery Larbaud, mais beaucoup plus racé, fin, lettré, érudisant », surtout roi du café, riche à millions. Son père à lui était un proche de l’empereur Pedro II. Paolo Prado avait négocié avec Paul Claudel, ambassadeur à Rio, l’entrée en guerre du Brésil auprès des Alliés. Depuis l’armistice, la petite bande vivait souvent en France, skiait dans les Pyrénées.
À Paris, Cendrars leur avait présenté Larbaud et Supervielle, Satie et Debussy. Comme les navigateurs normands avaient au seizième siècle emmené des Indiens du Brésil pour les présenter au roi de France, Paolo Prado avait ramené, tel un ethnologue un trophée, un poète moderniste français au Brésil.
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Vidéo de Patrick Deville
Rentrée littéraire - "Samsara" de Patrick Deville - éditions du Seuil
Les deux héros de ce « roman sans fiction » semblent avoir vécu plusieurs existences. le jeune avocat londonien Mohandas Gandhi en redingote noire et chapeau haut-de-forme devint l'infatigable marcheur vêtu de drap blanc, tandis que Pandurang Khankhoje, lui aussi militant indépendantiste indien, bourlingua un peu partout dans le monde, du Japon à la Californie, combattant révolutionnaire au Moyen-Orient pendant la Première Guerre mondiale, par la suite exilé au Mexique et proche de la petite bande de Diego Rivera et de Frida Kahlo. Il deviendra alors un scientifique célèbre, mènera des recherches en agronomie comme Alexandre Yersin, le personnage principal de Peste & Choléra venu en Inde lors de la grande épidémie de peste.
Le « samsara » définit la grande roue des vies successives à travers la réincarnation. Et c'est bien dans une grande roue que nous entraîne Patrick Deville dans ce nouveau roman, vaste fresque peinte tambour battant, sur un rythme haletant, de l'Inde coloniale puis indépendante, à travers les deux figures fil rouge de Gandhi le pacifiste, et plus encore de Khankhoje le révolutionnaire cosmopolite.
C'est pendant une autre épidémie, récente, que le narrateur parcourt un pays devenu le plus peuplé du monde, depuis les contreforts de l'Himalaya jusqu'à la pointe extrême du sous-continent, à Kanyakumari au sud du Tamil Nadu. Il rencontre des historiens et des géographes, des écrivains et des étudiants, et grâce à eux essaie de comprendre un peu l'histoire des bouleversements souvent terribles qui se sont enchaînés, depuis l'installation du Raj britannique à Calcutta dans les années 1860 jusqu'à nos jours.
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