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Citation de Tandarica


Dans la seconde moitié des années 1980, le régime communiste roumain semblait ne plus finir de s'enliser dans un temps qui tournait à vide. L'avenir radieux qu'annonçaient les nombreuses cérémonies consacrées au culte de la personnalité du chef de l'État n'enchantait plus une population lasse et épuisée par la pénurie, devenue l'objet d'une gestion policière. Comme un tourne-disque bloqué sur le même morceau de musique, les pionniers [structure d'embrigadement de la jeunesse de 8 à 14 ans] reprenaient en cœur le refrain sur l'an 2000, le temps d'une seconde jeunesse où ils accompliraient leurs rêves les plus hardis et ancreraient ainsi la nation communiste en un éternel printemps. C'était pourtant l'hiver qui s'éternisait, avec ses coupures d'électricité et de chauffage, sa neige grise et boueuse, ses queues devant les magasins d'alimentation. Il hantait les esprits et murait l'horizon de l'avenir. Les Roumains se sentaient de plus en plus prisonniers d'un espace-temps sur lequel ils n'avaient plus d'emprise. Les projets démesurés d'urbanisation et de « systématisation » du territoire, au prix d'amples destructions, dont certains quartiers historiques de la capitale furent les premières victimes, ne faisaient que renforcer ces perceptions. En mars 1989, six anciens dignitaires communistes adressaient une lettre au chef de l'État, reprise par la BBC et Radio Free Europe: ”Vous avez commencé à changer la géographie de notre pays”, disaient-ils en faisant référence à ce programme volontariste de transformation des paysages urbains et ruraux, ”mais vous ne pouvez pas déménager celui-ci en Afrique.”
(p. 99)
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