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EAN : 9782746705029
160 pages
Autrement (27/04/2004)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Dix nouveaux pays ! Tel est le défi de l’Europe en cette année 2004. Alors, bien sûr, il y a les enjeux économiques, les critères de convergence, la nécessité de réformes institutionnelles… Bien sûr. Mais à côté de ces questions mastodontes de l’économie, il y a, pas moins essentielle, la question de l’imaginaire : comment les pays de l’Europe centrale et o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans l'abondante production éditoriale qui a marqué l'entrée de dix nouveaux Etats membres dans l'Union le 1er mai 2004, émerge l'ouvrage que dirige Patrick Michel. Il s'intéresse moins aux changements objectifs que l'Europe centrale a connus depuis la fin du communisme (démocratisation, rattrapage économique) qu'à l'imaginaire et à ses mobilisations. Rompant avec les outils traditionnels de la science politique, il emprunte à la psychosociologie voire à la psychanalyse pour appréhender la nouvelle identité des pays d'Europe centrale. Par exemple, c'est en étudiant la toponymie praguoise qu'Antoine Marès montre que la débaptisation des noms soviétiques fut rapide et la rebaptisation plus complexe : fallait-il célébrer des héros nationaux au risque de sombrer dans le chauvinisme ? consacrer des personnalités européennes ou occidentales inconnues de la population ?

de la Belgique à la Pologne, en passant par la Hongrie et la Roumanie, le constat est identique : les sociétés se sont occidentalisées. Nadège Ragaru décrit, pour la Bulgarie, tous les aspects de ce processus : changements du paysage urbain, stratification sociale caractérisée par l'enrichissement des entrepreneurs et la paupérisation des exclus, bouleversement des échelles de valeurs … Cette occidentalisation des moeurs s'est accompagnée d'une relation plus ambiguë à l'Occident. Si l'Occident, dans sa composante tant ouest-européenne qu'américaine, fait figure de modèle, les difficultés rencontrées sur le chemin de l'intégration européenne et euro-atlantique ont provoqué parfois humiliation et repli sur soi. C'est ce dont témoigne Antonela Capelle-Pogacean : « La Roumanie apparaissait … comme le pays des enfants abandonnés dans les orphelinats ou celui des paysages urbains misérables, noircis par des industries polluantes. L'ailleurs, idéalisé auparavant, convoité encore dans le présent, devint dès lors l'objet d'un rejet qui suscitait une aspiration à la fermeture » (p. 108).

Ce rapport ambigu à la modernité occidentale explique pour une grande part la désaffection des populations à l'égard de la politique et permet de comprendre l'abstention enregistrée en juin 2004 lors des élections européennes dans ce pays. le « retour à l'Europe » tant espéré durant l'époque communiste a entraîné trop de désillusions. le creusement des inégalités sociales, l'exposition à un consumérisme exacerbé dont seuls les plus fortunés pouvaient espérer goûter les fruits n'expliquent pas tout. La fin du communisme disqualifiait pour longtemps l'utopie politique, même européenne, même occidentale. C'est tout le paradoxe de la démocratisation en Europe centrale que pointe Patrick Michel dans sa longue introduction : l'enthousiasme lyrique de 1989 n'a pas survécu au refus de la société de substituer à l'ancienne utopie (le communisme) la nouvelle (l'intégration européenne) que les élites occidentales lui proposaient. D'où une « mélancolie du réel » qui se traduit à la fois par la permanence d'anciennes élites politiques, rebaptisées, aux postes de direction et une certaine Ostalgie qu'illustre le film Goodbye Lenin et plus encore son succès inattendu.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dans la seconde moitié des années 1980, le régime communiste roumain semblait ne plus finir de s'enliser dans un temps qui tournait à vide. L'avenir radieux qu'annonçaient les nombreuses cérémonies consacrées au culte de la personnalité du chef de l'État n'enchantait plus une population lasse et épuisée par la pénurie, devenue l'objet d'une gestion policière. Comme un tourne-disque bloqué sur le même morceau de musique, les pionniers [structure d'embrigadement de la jeunesse de 8 à 14 ans] reprenaient en cœur le refrain sur l'an 2000, le temps d'une seconde jeunesse où ils accompliraient leurs rêves les plus hardis et ancreraient ainsi la nation communiste en un éternel printemps. C'était pourtant l'hiver qui s'éternisait, avec ses coupures d'électricité et de chauffage, sa neige grise et boueuse, ses queues devant les magasins d'alimentation. Il hantait les esprits et murait l'horizon de l'avenir. Les Roumains se sentaient de plus en plus prisonniers d'un espace-temps sur lequel ils n'avaient plus d'emprise. Les projets démesurés d'urbanisation et de « systématisation » du territoire, au prix d'amples destructions, dont certains quartiers historiques de la capitale furent les premières victimes, ne faisaient que renforcer ces perceptions. En mars 1989, six anciens dignitaires communistes adressaient une lettre au chef de l'État, reprise par la BBC et Radio Free Europe: ”Vous avez commencé à changer la géographie de notre pays”, disaient-ils en faisant référence à ce programme volontariste de transformation des paysages urbains et ruraux, ”mais vous ne pouvez pas déménager celui-ci en Afrique.”
(p. 99)
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Dans les années 1989–1993, l'essentiel du débat politique [en Pologne] a ainsi tourné autour de questions (l'avortement, le catéchisme à l'école, la place des valeurs chrétiennes dans les médias, la nature laïque ou chrétienne de l'État, le statut juridique de l'Église, ou encore le divorce) qui, pour secondaires qu'elles pouvaient paraître, au regard de l'immense tâche de reconstruction politique et économique devant laquelle se trouvait le pays, n'en étaient pas moins essentielles. Elles permettaient de fait aux différents acteurs de la scène polonaise de se situer par rapport à sa pluralisation en cours.
(p. 40)
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Le poids de l'extrême droite populiste donne une couleur spécifique au désenchantement roumain à l'égard du politique. Ce désenchantement se nourrit bien sûr d'une dénonciation de la corruption de la classe politique commune à l'ensemble des pays postcommunistes, mais le discours d'extrême droite active en Roumanie des imaginaires locaux multiples, se réclamant à la fois de l'extrême droite orthodoxe de l'entre-deux-guerres, de l'imaginaire des ”haïdouks”, de Robin des bois ou de la violence verbale de la culture ”hip-hop” de la jeunesse citadine. Et cette aliénation n'interdît en rien la demande persistante est réitérée d'une ”bonne gouvernance”, les espoirs s'orientant vers Bruxelles dans un contexte où la souveraineté nationale reste pourtant valorisée.
(p. 21)
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1,6 million de Roumains auraient quitté le pays pour l'Occident entre 1990 et 2001, où 1,1 million seraient restés.
(p. 114)
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Vidéo de Patrick Michel
Les astéroïdes auraient-ils apporté l'eau sur Terre? Ont-ils contribué à l'émergence de la vie sur notre planète? Dans ce livre, Patrick Michel nous révèle ce que l'on sait de ces corps célestes et de leur origine dans l'histoire du Système solaire. Il explique ce qu'on apprend en les scrutant depuis la Terre, mais aussi grâce aux observations réalisées depuis l'espace. Il raconte les missions qui ont permis d'approcher des astéroïdes, puis de s'y poser, à des millions de kilomètres, et même de récolter des échantillons pour les rapporter sur Terre. le texte prend alors des allures de film d'action: équipes d'experts – on y trouve même Brian May, rocker et astrophysicien –, embûches et retournements de situation. Suspense: dans l'espace, les rochers ne sont pas toujours ce qu'ils ont l'air d'être… Cette connaissance permettra peut-être d'exploiter les ressources de ces corps, mais surtout de nous protéger contre la menace des géocroiseurs qui coupent l'orbite terrestre. On a réussi à dévier un astéroïde en 2022!
Avec son talent de conteur, son enthousiasme et sa passion pour la science, Patrick Michel nous offre un livre palpitant qui évoque des enjeux d'avenir: la défense planétaire et l'exploitation des corps célestes.
Patrick Michel est docteur en astrophysique, directeur de recherche au CNRS, laboratoire Lagrange, observatoire de la Côte d'Azur, université Côte d'Azur. Il est notamment responsable scientifique de la mission spatiale Hera (ESA) qui contribue au premier test de déviation d'astéroïde avec la mission DART (NASA), et participe aux missions de retour d'échantillons d'astéroïdes OSIRIS-REx (NASA) et Hayabusa 2 (JAXA). Membre du comité de pilotage du réseau international d'alerte des astéroïdes cautionné par l'ONU, il a reçu la médaille Carl Sagan de la Société astronomique américaine pour la communication scientifique. L'astéroïde (7561) porte son nom.
Jean-François Clervoy (Polytechnique, ENSAE) est ingénieur général de l'armement de la Délégation générale à l'armement. Il a effectué trois missions dans l'espace avec la NASA.
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