Le commentateur est un conducteur de courant, perméable à l'émotion et le trouble qui l'envahit parfois peut s'apparenter à une logorrhée. Le ton juste, le chois judicieux des mots, la distance nécessaire ou l'enthousiasme légitime constituent autant de conditions à remplir pour se prémunir du dérapage fatal. Vu sous cet angle, l'exercice du direct s' apparente à une mission impossible.
L'exploit individuel n'a de sens que s'il sert les intérêts d'un collectif.
One team, one dream. L'essence même d' une démocratie. Une salvatrice leçon d'instruction civique à destination de la jeunesse pour la préserver du tout à l'ego.
une jeune Ethiopienne inconnue s'accroche encore dans son sillage. Derartu Tulu, imperturbable, affiche l'insolence de ses 20 ans. La jeune femme est originaire de Bekodji, village niché dans les monts de l'Arsi, situé à plus de deux cents kilomètres de la capitale Addis-Abeba. Jusqu'à l'âge de 16 ans, elle a vécu dans un Moyen Age oublié. La course à pied est son seul moyen de locomotion. Le matin, ses cahiers sous le bras, Derartu, en courant, colorie la piste en latérite d'une infinité de petites taches bleues, l'uniforme de son école. ........................Après les cours, l'écolière toujours au pas de course, fait le chemin en sens inverse. Son père agriculteur, bien plus exigeant que le surveillant, ne tolère pas le moindre retard.
Trop de journalistes ne s'en tiennent qu'aux chiffres. Des chiffres il en faut beaucoup même, mais ils ne sont pas la vérité, la vérité se cache derrière eux.
C'est en se fondant dans la réalité kenyane , par l'écoute et la bienveillance, que le prêtre inexpérimenté devient le coach le plus prolifique de sa génération : 12 médailles olympique, 25 mondiales. Un palmarès unique dans les annales de la course à pied. J'ai tout appris de mes athlètes , répète-t-il avec douceur. Nul besoin de chronomètre. Il suffit de les aimer et d'observer leur comportement au quotidien ou à l'entrainement. Le corps en souffrance est le plus fiable des indicateurs. Sur la piste en cendrée, le port de tête, les rictus de l'effort, l'asymétrie d'une ligne d'épaule, le tempo des foulées qui martèlent le sol...toutes ces données me renseignent sur l'état de forme physique d'un athlète bien davantage qu'un mécanisme d'horlogerie. Je suis un entraineur mais aussi un prêtre et un enseignant.
L' athlète est un homme qui a décidé de reculer les murs de sa prison.
De ces trente-cinq années de collaboration avec France télévision, ponctuées par des commentaires enfiévrés et des rencontres inoubliables, ne subsiste aujourd'hui qu'une profonde gratitude.
Le bonheur inouï d'avoir traversé la vie comme dans un rêve. Rien au départ ne me prédisposait à embrasser la carrière de journaliste.
Je n'ai cru sérieusement que l'on pouvait vivre de sa passion.
Aimez-vous le cross ? -
Oui ! -
Appréciez-vous d'être dehors par ce froid glacial, d'avoir dû vous lever de bonne heure ? -
Non!
Alors qu'aimez-vous au juste ?
D'où vient alors le plaisir que vous évoquez ?
Après un long silence gêné, une petite main se lève.
C'est vrai que c'est dur, monsieur, mais après qu'est-ce qu'on est heureux !
La télévision filme le champion et sa gloire, pas l'homme et sa misère. La façon de montrer le sport s'est complètement dégradée.
Quand au commentaires, il se substitue au temps réel et célèbre le deuil des corps au travail.
Le corps est l'image muette comme une tombe, le commentaire en est le profanateur.
Le plus grand ennemi de la connaissance n'est pas l'ignorance, mais l'illusion de la connaissance.
Rien n'est pire que ce que l'on croit savoir instinctivement ou culturellement et que l'on impose aux autres comme une norme incontestable, une véritable absolue.