Dans un silence de Satie, on ne sait jamais quand la prochaine note tombera, ni laquelle ce sera. Malgré tous nos savoirs, et peut-être un peu à cause d’eux, nous l’attendons là où elle n’arrivera pas. Nous pensons compléter en esprit les phrases musicales, mais nous nous trompons. La note attendue arrive toujours à côté, plus haut, plus bas, en retard ou en avance. On dirait que l’artiste se moque de nous; je préfère croire qu’il nous taquine, et que ce jeu n’est possible, justement, que parce que l’auditeur a une certaine expérience de la musique.