Combien de Maîtres ont porté au loin et pour jamais le renom glorieux de l'École d'Anvers ! Il est peu de cités au monde qui aient donné le jour à autant d'artistes et c'est parce que les plus rares génies l'illustrèrent que la ville de Rubens, de Teniers, de Van Dyck, de Jordaens et de Metsys, laisse un peu dans l'ombre certains de ses peintres qui, ailleurs, eussent été couronnés des plus éclatants lauriers.
Willem Linnig est certes un de ceux-là et il est légitime de tirer du silence modeste où il semble enfermé le souvenir de cet artiste trop tôt disparu, mais de qui l'œuvre si personnelle et diverse appelle mieux que de la louange et plus que de l'intérêt.
L'ombre n'est donc jamais noire chez Linnig. C'est pour cela que ses fonds, ses arrière plans les plus reculés conservent leurs colorations propres. C'est pour cela aussi que ses dessins surtout et ses eaux-fortes possèdent le relief qui en est un des plus rares mérites. Ils possèdent ce que nous pourrions appeler, malgré l'unique présence du blanc et du noir, une inestimable chaleur de tons.
Beaucoup certes parmi ceux qui me liront connaissent le nom et l'œuvre de Max Waller . A ceux-là je n'apprendrai rien . Mais peut-être pourrai- je cependant leur faire plus totalement saisir la portée de cette œuvre ,leur montrer surtout la moisson luxuriante récoltée depuis les quinze années des audacieuses et persévérantes semailles.