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Citations de Paul Béhergé (25)


Tandis que Kikki me caresse le front sur la banquette arrière, je récapitule ma journée, mon destin, ma vie. Et en ce qui concerne ma journée, je dois avouer que je n’y vois plus tout à fait aussi clair que ce matin.
Mais pour ma vie et mon destin, les choses sont très simples.
Ma vie est comme un nougat : on peut me mâcher, mais alors je colle.
Ma vie est un nougat éternel.
Celui qui me mâche, je le colle pour toujours.
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À mon réveil, j’avais du sang partout sur mon imper.

Autour de moi se tenaient une dizaine de types dont l’un, le petit type hostile, parlait à mon oreille d’un ton réconfortant (« Ben alors, ducon, t’en as peut-être pas l’air mais toi, quand tu décides d’en arrêter un, dis donc… »), tandis qu’un autre me compressait les narines avec un sac plastique rempli de glaçons.
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Sept ans ont passé depuis la rencontre avec mon ami Olivier.

Dans mon souvenir, je nous revois, Olivier et moi, ainsi que vingt types sur un terrain de sport universitaire, courant de part et d’autre, vêtus de maillots de football jaunes ou rouges.

Je me trouvais alors à une extrémité du terrain, entre deux poteaux rouillés.

Les autres m’avaient désigné comme gardien – allez savoir pourquoi.

Peut-être que c’était mon air désespérant de mâcheur de nougats, comme dirait monsieur Théodore, mon apparence générale qui leur avait mis la puce à l’oreille, peut-être qu’ils s’étaient dit que c’est là que je serais le plus inoffensif…
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Je me réveille tout à fait.

Je me frotte les yeux en attendant que les choses gagnent en consistance.

Puis je pense à mon destin.

C’est aujourd’hui que tout finit.

Ce soir, après avoir déposé l’ensemble de mes archives personnelles chez monsieur Théodore, j’ai rendez-vous avec Olivier, avec mon ami Olivier : je m’y rendrai et, là-bas, on réglera notre affaire tous les deux.

Là-bas, on se réconciliera.

Oui : on se réconciliera – si vous voyez ce que je veux dire.
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En rentrant dans ma casbah, j’élaborai un plan de route pour les cinq années à venir.
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Il me regarda avec malice – je sourcillai d’abord aux divagations du vieux raseur.

Puis je compris.

Puis je souris.

Puis je ris.

(Puis il me proposa une autre tasse de thé – je refusai.)
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– Ah, oui : voilà. Et si j’osais, donc, je dirais que votre histoire me rappelle le conte du nougat ottoman. Non pas seulement en raison de votre goût pour les sucreries, ni pour les diverses propriétés que vous avez empruntées aux nougats (vous transformant, à force d’en manger, en un garçon quelque peu mou, flexible et collant, oui : extrêmement collant), mais en raison d’un aspect plus fondamental de ce conte qui ne me semble pas pouvoir manquer de se faire jour également dans votre histoire à Olivier et vous, notamment en ce qui concerne le retournement final… Vous saisissez ?
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Un silence – monsieur Théodore ferma les yeux.

– Je sais, je sais, précisa-t-il alors à mi-voix, cette chute est un peu niaise. Enfin que voulez-vous, c’est un conte de seconde main… Mais pourquoi donc est-ce que je vous raconte cette chose ? Où est-ce que j’en…

Un silence – monsieur Théodore rouvrit les yeux.
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Voici : dans le vieux centre d’Istanbul, un mendiant vivotait de la vente de petites friandises (loukoums, baklavas et autres halvas : bref, l’équivalent de vos éternels nougats). Un janissaire gras et violent qui passait dans le coin, par plaisir sadique, lui saisit tout son stock. L’autre protesta, le janissaire lui régla son compte d’un coup de sabre. Le forfait accompli, de retour dans sa casbah, le janissaire mangea une pâtisserie. Que croyez-vous qu’il arriva ? L’esprit du jeune homme, injustement battu, s’était logé dans le loukoum : il le dilata tant qu’il se bloqua dans sa gorge. Il toussa, suffoqua, mourut. Le mendiant s’était vengé…
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Il rouvrit les yeux en sursaut (comme si je l’avais interrompu) et se mit à raconter, le visage toujours tourné vers la fenêtre :

– Bon. Vous qui aimez les nougats et les caramels mous, écoutez voir. Un ethnographe allemand dont j’ai oublié le nom publia, voilà quelques décennies, un magnifique tome à dormir debout dans lequel il relatait, entre cent mille autres détails insignifiants, ce conte ottoman tout à fait anecdotique.
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Quand j’ai eu fini, il n’a d’abord rien fait.

Il rajusta le plaid sur ses genoux, dodelina de la tête et je crois qu’il s’endormit.

Je m’inquiétai.

Depuis quelque temps, la mort se faisait pressante envers monsieur Théodore : rien que ce jour-là, elle avait toqué trois fois à sa porte, m’avait-il confié quand j’étais arrivé, se présentant chaque fois sous des formes différentes (une faiblesse au cœur, un embryon d’étouffement par biscuits roses, un début de glissade sur les napperons de l’escalier), mais avec une obstination constante.
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(Tout ce cirque était lié, je crois, à sa théorie de l’intelligent, du beau et du bête.)

Ainsi disposé face à la baie vitrée du matin, il buvait son éternel thé à la bergamote, interrompant de temps à autre mes digressions pour me proposer avec son accent anglais impossible des gâteaux roses au sucre glace, un plaid pour mettre sur les genoux, du café en thermos.
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Tandis que je cherchais une réponse dans son visage ridé, lui regardait ailleurs.

Monsieur Théodore ne regardait jamais ses interlocuteurs, occupé qu’il était à prendre la lumière : il avait décidé d’en absorber le plus possible avant de mourir et s’était établi à cette fin un plan de route très strict qu’il suivait chaque jour, commençant sa cure d’illumination au lever du jour assis dans un fauteuil en velours juste face à la baie vitrée est de son appartement, se déplaçant à midi sur un canapé mou et jaune sous le velux sud, transhumant enfin sa vieille carcasse jusqu’au tabouret vespéral sur les trois pieds duquel il captait les derniers rayons du soupirail ouest.
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Que du reste la plupart des troubles de ce monde et jusqu’aux meurtres les plus sauvages n’étaient jamais que des histoires de quiproquos, herméneutique et mots mal interprétés qui finissaient par s’arranger pourvu qu’il y eût d’un côté ou de l’autre un type docile et compréhensif comme moi : alors qu’est-ce qu’une petite rixe, lui demandais-je, qu’un petit cassage de nez comme celui-là pouvait bien représenter dans notre amitié, si ce n’est un nuage sans consistance, si ce n’est une averse passagère ?
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Que toute cette histoire ne pouvait être qu’un quiproquo, un terrible quiproquo.
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Par moments, j’interrompais le récit de ses coups de brute pour assurer à monsieur Théodore que ce n’était rien de plus qu’un égarement passager, soutenant que ça allait nécessairement s’arranger car Olivier et moi étions les meilleurs amis du monde.
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Je lui avais dit les péripéties des mois précédents : comment je m’étais laissé voler par mon ami, comment je lui avais pardonné, essayant de rabibocher les deux bouts, puis comment il m’avait rossé, enfin je lui avais rapporté ces mots si méchants qu’il m’avait lancés à la figure, gueulés, hurlés…
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C’était quelques heures après mon horrible rixe avec Olivier.
Il avait suffi à monsieur Théodore de me voir entrer (le nez encore gonflé, bleui par les coups de mon ami) pour comprendre.
J’avais tout raconté.
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Aujourd’hui, on est le 14 décembre 2014.

C’est aussi en décembre, pas loin du 14, qu’eut lieu le déclenchement de mon histoire. Non pas le début, ni le commencement (mon histoire court depuis plus longtemps que moi, depuis des siècles, car elle est universelle) : le déclenchement. Et, de même que le dernier acte de mon aventure débutera ce soir chez monsieur Théodore, de même c’est chez monsieur Théodore que tout se mit en branle.
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Mon destin (« le Destin de Paul Montès », comme on l’appellera bientôt) se réalisera ce soir mais, pour d’évidentes raisons de confidentialité, je préfère ne pas trop en dire pour le moment – on n’est jamais si bien trahi que par une trace écrite.
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