Mon souhait essentiel est de substituer un portrait exact de cet illustre mathématicien aux vagues croquis que l'on en possédait : mais j'avoue que ce serait aussi pour moi une vive satisfaction, si l'on jugeait qu'en racontant la vie de Galois, j'ai pu éclairer d'un jour curieux quelques coins de la Révolution de 1830, et des années troublées et si vivantes entre lesquelles elle s'insère.
Les œuvres mathématiques de Galois forment un volume de soixante et une page ; l'auteur est mort à vingt ans, tué en duel. La veille de sa mort, il a écrit à son ami Auguste Chevalier une lettre où sont résumées ces principales découvertes, les résultats certains qui "étaient depuis un an dans sa tête et où son indiquées, d'un trait, les idées qui fermentaient en lui ; "...mais je n'ai pas le temps, et mes idées ne sont pas encore bien développées sur ce terrain immense." Après cela, il y aura, j'espère, des gens qui trouveront leur profit à déchiffrer ce gâchis".
Cette phrase méprisante est trop dure ; mais il est vrai que ceux qui ont retrouvé ou éclairci la pensée de Galois, et qui en ont développé les conséquences ont aussi été les plus grands mathématiciens du dix-neuvième siècle.
Tant qu'il y aura des mathématiciens sur terre, le nom de Galois sera illustre ; ...
Le manuscrit [deuxième manuscrit remit par Galois sur ses travaux] fut remis au secrétaire perpétuel, M Fournier, qui l'emporta chez lui et mourut avant l'avoir examiné; on ne le retrouva pas dans ses papiers. Après l'oubli de M. Cauchy l'année précédente [premier manuscrit], c'était là un coup du sort qui aurait jeté dans le désespoir et la colère un jeune homme moins persuadé de sa valeur que ne l'était Galois. Dans ses mésaventures répétées il vit l'effet non du hasard, mais d'une organisation sociale mauvaise, qui condamnait le génie à un éternel déni de justice au profit de la médiocrité [cela n'a hélas pas beaucoup changer, quoiqu'on en dise]
Que fit Galois pendant ses vacances |juste après les 3 glorieuses, révolution de 1830 et l'avènement de Louis Philippe] de 1830? je n'ai pu obtenir aucun renseignement précis sur ce moment de sa vie, pourtant décisif. Sa cousine, madame Renard, se rappelle encore avec quelle sombre passion il proclamait et défendait le droit des masses devant sa famille consternée. Je ne puis rapporter ces paroles à une autres époque, car le moment n'était pas éloigner où, absorbés entièrement par ses amis politiques, il allait se faire de plus en plus rare pour les siens.
Telle a été cette vie courte et si extraordinaire. Il n'est pas rare d'entendre les mathématiciens en déploré la brièveté : que n'eut pas donné un tel génie, si la mort ne l'avait pris à vingt ans!
[quels chefs d'accusations pour prévenir de nouvelles provocations de Galois?]
Malheureusement pour lui, Galois n'en avais pas assez fait : le 23 octobre, il comparut en police correctionnelle avec Duchâtelet, sous l'inculpation de port illégal d'un costume militaire.
Les deux prévenus répondirent pour leur défense, qu'ayant appartenu avant le premier janvier à l'ancienne artillerie de la Grade Nationale, ils s'étaient cru le droit d'en porter l'uniforme, comme l'avaient ailleurs fait beaucoup de leurs amis sans être inquiétés. On leur fit voir qu'ils s'étaient trompés, mais inégalement paraît-il, puisque Duchâtelet en fût quitte pour trois mois de prison, tandis que Galois en eut le double.
Je n'en ai pas a preuve, mais j'ai la conviction qu'avant la fin des vacances de 1830, il était déjà enrôlé dans la Société des Amis du peuple, et qu'il y entra au moment où, supprimée par arrêté, elle se referma secrètement.
Le duel eut lieu le 30 au matin, de très bonne heure, près de l'étant de la Glacière, sur le territoire de Gentilly. La balle qui atteignit Galois avait, d'après l'autopsie, été tirée à vingt-cinq pas ; elle entra dans le ventre par le côté droit et traversa à plusieurs reprises l'intestin, pour venir se loger dans la fesse gauche. Le paysan, qui releva le blessé l'amena à neuf heures et demi du matin à l'hôpital Cochin. [....]
"Ne pleure pas lui dit-il [à son frère de 18 ans], j'ai besoin de tout mon courage pour mourir à vingt ans.
Mais laissons cela ; il y a des êtres destinés peut être à faire le bien, mais à l'éprouver jamais. Je crois être du nombre.
Tu me dis que ceux qui m'aiment doivent m'aider à aplanir les difficultés que m'offre le monde. Ceux qui m'aiment sont, comme tu le sais, bien rares. Cela veux, de ta part, que tu te crois, quant à toi, obliger de faire de ton mieux pour me convertir. Mais il est de mon devoir de te prévenir, comme je l'ai fait cent fois, de la vanité de tes efforts.
[extrait d'une lettre de Galois à un ami]
Comme il fut mis dans la fosse commune, il ne reste plus de trace aujourd'hui de la sépulture de Galois.
[Note de Pégase-Shiatsu sans doute une des raisons qui fait qu'hélas à part les mathématiciens, peut de Français connaissent Galois, et c'est bien dommage, alors qu'on le site dans la série Numbers pour parler de son destin tragique... il n'est que peu connu en France...passé sous silence... comme son talent a été nié toute sa vie!]