Citations de Paul-Julien Doll (21)
Si la jeunesse est la plus touchée, c'est parce qu'elle est la plus vulnérable.
L'usage de stupéfiants parmi la jeunesse coïncide avec la vague beatnik, suivie de celle des hippies, véritables vecteurs de la drogue dans le monde.
Selon le docteur Delteil, 50 à 60% des sujets traités proviennent de ces milieux et se caractérisent par leur asociabilité, leur attitude protestataire; leur rejet des normes sociales.
... la drogue est comme une auberge espagnole : on y trouve que ce que l'on y apporte. Un individu bien équilibré, amené à prendre accidentellement du chanvre indien, n'en tire aucune illusion, aucune hallucination et n' a donc pas de raison de recommencer. Le fait d'attendre quelque chose de la drogue ne révèle-t-il pas déjà une faille.
S'il faut montrer le problème, il convient aussi de la dédramatiser. Au cours d'une table ronde, un parlementaire - il s'agit de M. Marcus - a déclaré : "Il ne faut pas que chaque parent, parce que son fils a des cheveux longs, se dise : "Est-ce que mon fils se drogue ?" Il ne s'agit pas de "vendre du papier" sur le problème d e la drogue avec des titres accrocheurs, de faire de la presse à sensation, encore que dans l'état actuel de la presse, on ne puisse empêcher un journaliste de "faire du drame".
L'usage d'une drogue est une sorte de suicide lent, un des aspects de ce "flirt avec la mort", réaction de certains jeunes contre la société.
Un surdosage [de LSD] peut conduire à des troubles psychiques irréversibles. Il convient de ne pas passer sous silence les risques génétiques dus à une altération chromosomique.
Lorsque le morphinomane entre dans la phase de cachexie, peut-être après 15000 piqûres, il est squelettique. Montherlant aurait dit "qu'il est si maigre et si pâle, qu'il semble qu'il ait oublié de se faire enterrer".
"Les expériences provoquées par les dro-
gues sont aussi éloignées de la réalité qu'un
mirage l'est de l'eau. Quels que soient les
efforts que vous fassiez pour poursuivre le
mirage, vous n'étancherez jamais votre
soif, et la quête de la vérité par les dro-
gues, s'achève nécessairement sur une
désillusion" (Avatar Meber Baba, écri-
vain indien).
Nous conclurons cette monographie en cédant la parole au célèbre écrivain Arthur Koestler qui, en janvier 1970, à Rüschlikon (Suisse), à l'issue d'un symposium ayant ou thème "stupéfiants et toxicomanie", paraphrasant Georges Clemenceau, s'est exprimé en ces termes "Le problème est trop important pour le laisser aux mains de psychiatre (que ces spécialistes veuillent en nous pardonner cette citation). Pour résoudre une situation dont les origines se trouvent dans les origines mêmes de notre société, il faut une coopération de tous, non seulement des médecins, criminologues, chimistes ou sociologues, mais aussi et surtout des pères et mères de famille."
On lit en conclusion du rapport des parlementaires américains Steele et Morgan Murphy : "Un soldat qui part pour le Vietnam aujourd'hui a bien plus de chances d'être victime de l'héroïne que du Vietcong." De 27000 à 40000 G.I. (10 à 15% des troupes) s'adonnent aux stupéfiants "durs" (héroïne) : Le Monde, 30-31 mai 1971.
S'il faut sévir sans pitié contre les trafiquants que le professeur Graven a qualifié de "véritables flibustiers et négriers", il faut aussi ne pas perdre courage devant les difficultés de la tâche et les insuccès rencontrés, et s'efforcer de comprendre les drogués.
L'interdiction du territoire français
Il s'agit là d'une peine nouvelle. Notre pays qui s'honore de donner asile à de nombreux étrangers, qui sont parfois des réfugiés politiques, ne saurait cependant ptérer que, manifestant en cela beaucoup d'ingratitude, ils s'y livrent à une activité délictuelle et spécialement enfreignent les dispositions légales en matière de stupéfiants. Il ne s'agit donc nullement de xénophobie.
Nous n'avons aucune qualité pour prendre parti. Mais oublierait-on que la marihuana est bien souvent le premier pas vers l'escalade ? Ce n'est pas une simple coïncidence et la plupart des héroïnomanes ont commencé par "l'herbe". Gare, après le "voyage", à la rentrée difficile dans l'atmosphère, à des dépressions post-toxiques, inclinant à rechercher à nouveau l'évasion !
C'est contre les trafiquants qu'il faut mener la chasse et tirer à boulets rouges contre ceux qui, par amour de l'argent-dieu, ne reculent pas à faire de l'homme civilisé, de celui qu'on proclame orgueilleusement le "superman" de demain, un nouvel esclave, irrachetable, rabaissé à la condition de l'ilote ivre de jadis. Une "civilisation" aussi rongée de l'intérieur et qui demeurerait impuissante se condamnerait elle-même à la mort ; oublie-t-elle qu'elle est parfaitement capable de se détruire non seulement par la désintégration atomique ou la déflagration soudaine de la bombe à hydrogène, mais aussi sûrement par l'action sournoise et généralisée des poisons journaliers qu'elle s'administre elle-même ? Une humanité sans grandeur et sans courage, sans vues claires, ni programme résolument constructeur d'un meilleur avenir, une humanité de drogues serait incapable d'assurer son propre salut.
[Raven]
En 1955, le docteur Durant écrivait à propos des drogués : "Personne n'est plus ingrat, plus décevant, plus insupportable à soigner."
Le traitement est rendu plus difficile quand les toxicomanes forment un groupe. Ce ne sont en effet pas de "bons malades". Ils trafiquent, s'absentent en faisant montre de trésors de rouerie pour tenter de retrouver de la drogue. La tendance au prosélytisme et à la contagion est certaine.
Chaque médecin scolaire devrait être rapidement informé des modifications de comportement des élèves.
Il ne s'agit pas de considérer les drogués comme des héros, ou des martyrs, mais il ne faut pas oublier que dans un lycée, la drogue peut être aussi contagieuse que la rougeole.
Les éducateurs doivent cependant se garder de voir la drogue partout et de donner l'alarme sans motif sérieux pour ne pas répandre "la psychose de la drogue".
Le trafiquant est le maillon d'une chaîne aussi mystérieuse que discrète, qui va du pauvre paysan asiatique à la victime consentante aux U.S.A.
Mentionnons, à propos des hallucinations visuelles obtenues à l'aide du hachisch que l'utilisateur a le rêve qu'il mérite, le hachisch n'étant qu'un amplificateur de la sensibilité du sujet.Baudelaire lui-même nous a appris qu'il existait des tempéraments chez qui cette drogue ne développe qu'une folie tapageuse, une gaieté violente qui ressemble à du vertige, des danses, des sauts, des trépignements, des éclats de rire. Ils ont pour ainsi dire un hachisch tout matériel... "Le marchand de boeufs ne rêvera que boeufs et pâturages."
Le haschisch est en somme un inducteur, le "pacemaker de la toxicomanie", qui peut devenir le premier barreau de l'échelle et le premier pas vers des toxiques plus nocifs, telle l'héroïne.
Les propriétés du cannabis dépendent de sa fraîcheur.