Petit livre de 1971 qui décrit la situation de son époque, en retraçant rapidement les évolutions passées. Texte survenant comme une analyse, décryptage, des effets-conséquences, nécessités, échecs, réussites de la loi de 1970. Qu'on peut considérer comme un étape-clé, si pas un basculement, voire une révolution (indispensable) dans cette "lutte contre la toxicomanie".En soi, ce livre est très bien fait, compte-rendu sérieux et le moins subjectif possible, statistiques détaillées, commentaires d'observateurs et spécialistes tant juridiques, que politiques, que médicaux.
Cela dit, au stade où on en est actuellement, l'accélération folle du monde, internet, etc. ce livre a surtout un intérêt historique. Ni plus ni moins.
A noter que, datant, de 1971, certaines vues et certaines formulations peuvent paraître ridicules ou savoureuses, à vous de décider. En voici le meilleur exemple, selon moi :
"Il va sans dire que la loi fondamentale des gangs de trafiquants est le silence. Aussi le travail des polices soucieuses de les démasquer s'apparente-t-il aux méthodes employées par les spécialistes du contre-espionnage.
Le cloisonnement horizontal inspiré de la Résistance et des réseaux d'espionnage, constitue un obstacle infranchissable pour les enquêteurs qui, bien souvent, n'ont en face d'eux que des "saute-ruisseau"."
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Si la jeunesse est la plus touchée, c'est parce qu'elle est la plus vulnérable.
L'usage de stupéfiants parmi la jeunesse coïncide avec la vague beatnik, suivie de celle des hippies, véritables vecteurs de la drogue dans le monde.
Selon le docteur Delteil, 50 à 60% des sujets traités proviennent de ces milieux et se caractérisent par leur asociabilité, leur attitude protestataire; leur rejet des normes sociales.
... la drogue est comme une auberge espagnole : on y trouve que ce que l'on y apporte. Un individu bien équilibré, amené à prendre accidentellement du chanvre indien, n'en tire aucune illusion, aucune hallucination et n' a donc pas de raison de recommencer. Le fait d'attendre quelque chose de la drogue ne révèle-t-il pas déjà une faille.
S'il faut montrer le problème, il convient aussi de la dédramatiser. Au cours d'une table ronde, un parlementaire - il s'agit de M. Marcus - a déclaré : "Il ne faut pas que chaque parent, parce que son fils a des cheveux longs, se dise : "Est-ce que mon fils se drogue ?" Il ne s'agit pas de "vendre du papier" sur le problème d e la drogue avec des titres accrocheurs, de faire de la presse à sensation, encore que dans l'état actuel de la presse, on ne puisse empêcher un journaliste de "faire du drame".
C'est contre les trafiquants qu'il faut mener la chasse et tirer à boulets rouges contre ceux qui, par amour de l'argent-dieu, ne reculent pas à faire de l'homme civilisé, de celui qu'on proclame orgueilleusement le "superman" de demain, un nouvel esclave, irrachetable, rabaissé à la condition de l'ilote ivre de jadis. Une "civilisation" aussi rongée de l'intérieur et qui demeurerait impuissante se condamnerait elle-même à la mort ; oublie-t-elle qu'elle est parfaitement capable de se détruire non seulement par la désintégration atomique ou la déflagration soudaine de la bombe à hydrogène, mais aussi sûrement par l'action sournoise et généralisée des poisons journaliers qu'elle s'administre elle-même ? Une humanité sans grandeur et sans courage, sans vues claires, ni programme résolument constructeur d'un meilleur avenir, une humanité de drogues serait incapable d'assurer son propre salut.
[Raven]
Mentionnons, à propos des hallucinations visuelles obtenues à l'aide du hachisch que l'utilisateur a le rêve qu'il mérite, le hachisch n'étant qu'un amplificateur de la sensibilité du sujet.Baudelaire lui-même nous a appris qu'il existait des tempéraments chez qui cette drogue ne développe qu'une folie tapageuse, une gaieté violente qui ressemble à du vertige, des danses, des sauts, des trépignements, des éclats de rire. Ils ont pour ainsi dire un hachisch tout matériel... "Le marchand de boeufs ne rêvera que boeufs et pâturages."
Le haschisch est en somme un inducteur, le "pacemaker de la toxicomanie", qui peut devenir le premier barreau de l'échelle et le premier pas vers des toxiques plus nocifs, telle l'héroïne.