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Critiques de Paul Marchand (6)
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Sympathie pour le Diable

Sympathie pour le Diable est le titre du premier long-métrage du réalisateur québécois Guillaume de Fontenay, inspiré des récits du reporter de guerre Paul Marchand (1961-2009)

Dès 2006, à partir du livre éponyme de Paul Marchand, le réalisateur québécois Guillaume de Fontenay a retranscrit avec fougue et énergie les souvenirs de reporteur de guerre de Paul Marchand.



Ce livre que Guillaume de Fontenay a adapté au cinéma nous plonge dans les entrailles d'un conflit fratricide éclatant sous le regard impassible de la communauté internationale.



Loin de prêcher pour une prétendue neutralité journalistique, Paul Marchand revendique au contraire le droit à la compassion et la prise de position étayée et assumée.



Paul Marchand, journaliste particulièrement transgressif ( il écrira quelques années plus tard un roman très sulfureux sur une histoire d'inceste) acceptera très mal de voir ces hommes et ces femmes de l’enclave musulmane de Srebrenica mourir désarmés devant les Serbes, alors que les Casques bleus auraient dû les protéger et accepte encore moins le laxisme de la communauté internationale qui laisse ce massacre survenir.



Sympathie pour le diable à l'image de son auteur est un livre tres rock n'roll (comme son titre qui sonne très Rolling Stone) ne laissera pas indifférent et mérite largement la lecture.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Sympathie pour le Diable

Découvert à l’occasion de la sortie du film portant le même nom que le récit autobiographique de Paul Marchand, ce livre est un choc.



D’abord le récit hallucinatoire du reporter et son style envoutant. Il y a dans ce texte aux allures désordonnées une sorte de génie morbide qui repousse et fascine à la fois. L’auteur y dévoile un goût étonnant pour la morgue où il passe ses nuits à Sarajevo. Mais réduire le livre à cette anecdote qui suffit à donner froid dans le dos serait injuste et impardonnable.



« Mes racines baignaient dans l’agonie, mon sang en ébullition charriait des morts vers mon coeur. »



Le fait est que Paul marchand est un jusqu’au-boutiste, un idéaliste, dont l’humanité a été mortellement blessée par la capacité de l’homme à déchaîner une violence inouïe contre sa propre espèce.



Sa deuxième naissance lui a été donnée par ces morts de la guerre qu’il décrit jusque dans les détails sordides de leur chair déchiquetée ou décomposée, sans pincette mais sans complaisance sadique.



Paul Marchand rend coup pour coup. Il dit les choses comme il les voit. Sa vision est crue, parce que la vérité est crue. Compter les morts encore frais au toucher donne le seul décompte valable des victimes à Sarajevo. Mais l’abominable ne réside pas là.



Journaliste par destination et non par vocation, Paul Marchand raconte quelques anecdotes des conflits civils à Beyrouth et à Sarajevo. Pourquoi ? C’est bien là le pire, la clé de sa quête : La paix l’ennuie, la paix est un mensonge… un interstice factice qui camoufle la réalité de l’histoire des hommes :



« Très vite aussi, j’ai su que la guerre n’est pas une houle furieuse de l’esprit, mais le chant, le moteur, la survie des civilisations depuis la nuit des temps. »



Quelque part, tout est dit. Le reste n’est que tribulations. Conscient de la bizarrerie de son caractère et sa proximité avec la folie, il parle de « sentiments illicites. » Le journalisme n’était pour lui qu’un prétexte pour toucher l’essentiel. Confirmer cette intuition que l’homme a besoin de cette violence. Et vivre enfin.



« Je n’ai pas couvert la guerre, je l’ai éprouvée, absorbée, vécue. »



Texte très noir, les mots s’accumulent, ils auraient pu être ceux des tranchées de 14. Mais ce qui leur donne toute leur valeur, c’est qu’il parle en connaissance de cause. Il ne raconte pas comment il a échappé à un enlèvement à Beyrouth (c’est Roger Auque qui dans la lutte sera choisi par ses ravisseurs), mais il aurait pu. En revanche, les balles, puis les opérations pour remettre le presque mort sur pied, il connaît. Conduire des blessés hurlants de douleur à l’hopital, il connaît. Achever un animal mourant, il connaît. Les manoeuvres de l’ambassade pour l’évacuer de Beyrouth, il connaît. La menace d’une arme de poing sur le crâne par un milicien ulcéré, il connaît. La peur panique quand des soldats viennent frapper à sa porte, il connaît. A travers ce déluge de ténèbres, étonnement brille l’amitié improbable avec un sniper (« le premier Homme ») qui lui parle de Saint John Perse, Peguy et Neruda.



L’homme au caractère entier se moque de ses pairs, nargue un ambassadeur, provoque la mort, donne des leçons aux médecins qui le soignent. Il passe sa folie à défier l’inéluctable pour mieux comprendre la marche du monde. Marchand n’est pas un tiède. Il n’est pas dans le consensus. C’est un écorché vif, arrogant, mais intègre.



« Qu’on ne me parle pas du courage… il n’existe pas. (…) Il n’y a pas de courage, il y a juste une dignité, énorme, imposante, fulgurante… »



En lisant ce livre très dur, il faut le dire, j’ai aussi pris la mesure de ce que je devais à Paul Marchand : cette couverture de deux conflits civils majeurs qu’aucune puissance étrangère n’est vraiment parvenue à maîtriser et qui doit nous rappeler que la paix dans notre société occidentale n’est pas gravée dans le marbre.



Paul Marchand est mort en juin 2009. Ultime marque d’orgueil et de rebellion, celui qui se disait immortel n’a pas laissé la mort choisir son jour.



T. Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Sympathie pour le Diable

« L’orgueil de la vie, ce n’est pas la recherche de sa consécration forcenée (la peur de la mort déguise la conscience que chacun a de soi ; on s’évertue à un absolu et on bute sur une appréhension…),

le véritable amour-propre est de savoir renoncer à sa vie physique quand sa dignité est déjà morte depuis longtemps. »



On y voit la mort sous un autre angle, on imagine les odeurs, la pesanteur de chacune des lourdes scènes percutantes et parfois glauques.

Marchand essaye par ses mots, ses scènes, de nous faire ressentir l’impensable, l’inacceptable, l’inconcevable. Il nous fait effleurer du doigt, regarder du coin de l’oeil la trans de « l’appel du sang ».

On y voit à quel point le monde de la guerre, le monde d’une ville assiégée grise un homme, meurtrit certain et en tue d’autre.



Il nous parle beaucoup de son passage à Beyrouth pour un peu moins de Sarajevo, je m’attendais à avoir plus de similitudes avec le film. D’épaisses descriptions parfois redondantes, il aurait été plus agréable, peut être, d’avoir un peu plus d’histoire et rebondissements.
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Sympathie pour le Diable

Super lecture, Noir, Rouge coagulant même . Une plongée dans le mental d'un reporter de guerre. Témoin de l'intérieur, observateur au verbe acerbe, qui as su garder son éthique .

Une plume dure, un lexique morbide, mais varié. On sent la mort, son odeur, son arrogance, sa fatalité.

Un hymne à la mort ? Pas pour autant, il la combat, la nargue en joue.
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Sympathie pour le Diable

Je n'ai pas encore lu ce livre, mais j'ai vu le film, violent mais tellement bien réalisé, une terrible histoire.

l'acteur est incroyablement bon, je n'aurais pas aimé vivre cette vie, mais je salue le courage de ceux qui l'ont vécu pour nous informer, je suis en admiration.
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Sympathie pour le Diable

Il y a des livres que je lis et chronique sans peine. Qu’il soit bon ou mauvais, j’ai l’impression de pouvoir me faire un avis sans trop tergiverser et d’être capable d’en tirer les éléments clefs. Mais il en est d’autres qui me donne un tel coup de poing, qui me déstabilisent et me secouent tant, que j’ai de la peine à en parler. Je ne sais que dire et ne pas dire, ni par où commencer. J’ai peur de les trahir et de ne pas leur rendre pleine justice. C’est le cas pour « Sympathie pour le Diable » de Paul Marchand, que je traiterai au mieux de mes capacités.



Plongé dans la guerre du Liban, puis dans l’enfer du siège de Sarajevo, Paul Marchand est journaliste, selon lui, faute de savoir faire autre chose. Peut-être pour être plus proche de la vie, il tutoie la mort, la regarde en face, la défie tous les jours, règle ses comptes avec elle lorsqu’il dénombre les morts de la journée, chaque soir, en comptant les nouvelles tombes du cimetière du Lion.



Chaque phrase est aiguisée, profondément tranchante. Marchand nous balade dans un livre où les mots blessent, martèlent et tuent. Il fait visiter l’enfer au lecteur, l’invite à prendre le thé avec le Diable. Ce texte est un terrain miné. Il ne nous laisse jamais tranquille, ne nous offre aucun répit. Chaque page tournée peut cacher une explosion, un sniper embusqué, la mort d’un enfant, celle d’une famille, l’effondrement d’un hôpital, la vue d’une montagne de cadavres dans une morgue qui tourne à plein régime. L’horreur avec un grand H.



« Le feu et la mitraille dégarnissent la ville. Ici, lorsque les vivants battent en retraite et s’enfuient dans les tombes proches et invisibles, chaque naissance est une insolence. » Le combat est tellement désespéré, la violence atteint de tels sommets que la mort a perdu son caractère aléatoire : elle est inéluctable. Tant bien que donner la vie équivaut à un caprice d’enfant. Donner la vie, c’est fermer les yeux face à l’évidence.







Un récit dense et profond qui nous laisse imaginer les horreurs de ces guerres modernes. Une fois lu, on croit presque que l’on sait quelque chose de l’horreur, mais non. Paul Marchand nous prendra à revers vers la fin du récit :



« Tout ce que vous avez lu dans ce livre est faux. Je n’ai pas menti. Je n’ai pas travesti la réalité. Je n’ai simplement pas les mots justes pour exprimer et raconter ce que j’aurais voulu transmettre. L’Humain, en inventant le langage et ses cohortes de vocabulaire, ne pouvait pas penser à l’Inhumain, à l’Ineffable, à l’Insoupçonnable. Comment formuler quelque chose qu’on n’imagine pas être possible. Ce que vous avez lu dans ce livre se situe très au-dessous de la réalité. Et si je l’ai rédigé, c’est parce que j’ai perdu l’usage de la parole. »



Hommage aux victimes d’une guerre de l’ombre qui s’est déroulée aux portes de l’Europe, honneur à la langue française, car j’ai rarement lu de récit qui parlait de guerre avec une vraisemblance si totale. Mais que sais-je de la violence après tout ? Rien. Néanmoins, j’ai l’impression que Marchand m’offre le meilleur aperçu que j’ai pu lire jusqu’à maintenant.
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