Distinguer ce qui est permanent de ce qui ne l'est pas, ce qui ne peut être changé de ce qui peut l'être constitue aussi la démarche fondamentale préalable à toute action politique avisée, évidemment aux antipodes du discours idéologique contemporain qui, toujours, partout et en tout, érige le changement en norme et privilégie "les luttes", "les stratégies de rupture", "la dynamique", "la transformation des structures", "la mutation de la société", "les libérations"…
Bienvenue aux chasseurs de points Godwin, mais depuis les élections législatives allemandes de 1932, qui firent du NSDAP d'Adolf Hitler le premier parti du Reichstag, il n'est plus guère malséant de se demander de quel degré de discernement ou d'intelligence on peut investir une foule ou une population.
Nous ne pouvons pleinement coïncider avec la vérité et cependant, nous sommes situés en elle, comme nous appartenons toujours à la terre natale quand les circonstances de la vie nous en ont éloignés. Une chose est d'errer sans balises hors de tout sentier, d'être "en recherche" avec, au fond, la ferme intention de ne rien trouver. Une autre est de suivre une route dont on connaît le terme, même s'il paraît encore lointain et si nous ne pouvons pleinement décrire ce qu'il recèle. Nous savons seulement – et c'est l'essentiel – qu'il est la plénitude à laquelle nous aspirons.
Il n'y a, à la limite, même pas à défendre ou à démontrer la capacité de l'homme à connaître les natures des choses, celle-ci n'étant pas de l'ordre du démontrable mais bien du constatable. Il en va pour elle comme pour notre existence elle-même, qui n'a pas à être "prouvée" (sauf à nier tout être, donc à nier aussi celui qui nie). Il en résulte que notre faculté de dire le vrai ne peut être mise en question a priori et en bloc.