Paula Daly

Chaque mercredi après-midi, elles se rendent à la maison de retraite pour voir mamie - enfin, la mamie de Joanne, donc la mère de Jackie. [...]
« - Comment va-t-elle ? demande Joanne [...]
- Comme d'hab, elle a fait semblant de ne pas me reconnaître. »
Mamie emploie ce subterfuge pour avoir la paix, notamment quand elle ne veut pas rater une émission de télé.
Elles ont fini par en prendre leur parti.
(p. 270)

"Depuis hier, j'ai adopté un nouveau principe : il y a toujours une raison à tout. Je sais que c'est une grosse connerie, mais ça aide à vivre."

Je n'arrive pas encore à décider si Alice est plus difficile à vivre quand Felicity est à la maison ou pas. Elles ont deux ans de différence - Alice en a 16, Felicity, 14 - et comme la plupart des parents vous le diront à propos de leurs enfants, elles ont des tempéraments radicalement opposés.
En revanche, ce que j'évite de mettre en avant, c'est qu'Alice tient de moi, question caractère. Le type A dans toute sa splendeur. Nous sommes dans l'excès, elle et moi, toujours au bord de la crise.
On pourrait nous comparer à des gamines qui éclatent en sanglots à la moindre contrariété parce qu'elles se sont épuisées à sauter comme des cabris. Il arrive alors qu'un adulte bienveillant s'approche et dise en soupirant : « Eh bien, mes petites chéries, je crois qu'il est temps d'aller faire un gros dodo... »
(p. 31)

Moi enfant , je ne savais rien . j'ignorais tout des affaires des adultes . quand mon père regardait le journal télévisé , je faisais autre chose . Les problèmes du monde me passaient au-dessus de la tête , à cet âge béni . Je me demande si mes filles connaîtront un jour l'indignation, la tristesse , l'impuissance que je ressens aujourd'hui à l'écoute des bulletins d'information . Ou ont-elles été tellement gavées durant leur enfance qu'elles deviendront en grandissant des personnes blasées , apathiques ? Et si c'est le cas , quelle sera leur position face à la misère du monde ? Diront-elles : pourquoi en faire tout un plat , puisque nous ne pouvons rien y changer ?

J'avais la bêtise de croire que 'house beautiful' rimait avec 'life wonderful'.
- Anna Quindlen
(p. 9)

Tous les jours ou presque, je dois me battre pour que Sally [13 ans] et James [11 ans] consentent à enfiler leur manteau avant d'aller en cours. « PERSONNE ne porte de manteau », couinent-ils. Depuis quelque temps, James refuse de porter le moindre vêtement de chez Gap. « Gare Au Pédé, voilà ce que ça veut dire, maman.
- Mais pas du tout », je réplique. Mais trop tard, il est déjà parti et mon opinion lui passe par-dessus la tête.
(p. 115-116)

Naturellement, Sally [13 ans] se trouve affreuse. Elle pense que toutes ses amies sont ravissantes mais que ce n'est malheureusement pas son cas. Je m'efforce de lui ôter cette idée de la tête mais, bien entendu, comme je suis sa mère, ma parole n'a pas grande valeur. De toute façon, je ne comprends rien à rien, n'est-ce pas ?
(p. 21)

Je suis une femme débordée. Je ne trouve vraiment pas d'autre terme pour me qualifier et c'est ce que je ferai graver sur ma tombe.
"Lisa Kallisto : elle était vraiment trop débordée."

A peine arrivée, je me fourre au lit en position fœtale et remonte les couvertures sur ma tête. Immédiatement, les pires idées noires fondit sur moi et se mélangent dans mon esprit. Ma détresse actuelle, la haine que je me porte depuis longtemps et cette ancienne faute qui n'en finit pas de me ronger. C'était il y a quatre ans.

[refuge pour animaux]
"C'est votre chien ?" Je suis obligée de poser la question parce que vous n'imaginez pas le nombre de personnes qui nous amènent des animaux dont ils ne sont pas les maîtres. Il m'est arrivé plus d'une fois de placer en toute bonne foi des chiens appartenant à des maris infidèles pendant qu'ils couraient la gueuse.
(p. 189-190)

Après un événement grave, les gens se comportent généralement de deux manières : soit ils jacassent comme des pies, soit ils se murent dans le silence ; il n’y a pas de moyenne mesure. Les premiers racontent tout ce qu’il leur passe par la tête, depuis leur naissance jusqu’à la survenue de l’événement, en passant par l’enchaînement des causes et des effets reliant ces deux bornes spatio-temporelles ; ou bien ils deviennent complètement mutiques.

Toutes les mères sont chiantes avec leurs filles adolescentes.

Citation : Mais il faut prendre soin de son mariage, sinon il se fendille et, quand il menace de s’écrouler, il y a toujours une femme dans les parages. Une femme cynique qui attend son heure pour fondre sur votre foyer et voler tout ce qui vous appartient.

"Le sommeil.
L'une des rares choses qui ne s'achètent pas."

C’est le lot de tous les couples : on se prend la tête à cause des enfants, on voudrait que tout aille pour le mieux, on voudrait savoir mieux s’y prendre. Et c’est ainsi jour après jour.

Jamais de suppositions, disait-il pendant les expériences. Les suppositions finissent en suppositoires.

Pour autant qu' Eve s'en souvienne, ils se sont toujours tenu les coudes. Sean est le parfait gentleman ; le genre de type à repousser les avances des femmes pompettes avec un grand sourire bienveillant censé leur faire comprendre qu'elles n'ont pas la moindre chance. Quant à Natty, elle est tellement occupée par les filles, tellement déterminée à progresser, à se réaliser, à prouver au monde qu'elle est plus qu'une mère de famille, qu'elle n'a jamais vraiment suscité la convoitise des hommes.
Ensemble, ils forment une équipe de choc.
Mais la donne vient de changer : mille cinq cent kilomètres les séparent, ils vivent dans l'angoisse de perdre un enfant et Eve est installée dans la place. Sachant par ailleurs qu'elle est la seule à connaître leur talon d'Achille. Alors tout peut arriver, n'est-ce pas ?

"Le nom d'un chien n'a d'importance que pour son maître. Le chien, lui, répondra de la même manière que vous l'appeliez truc ou bidule ; il s'en fiche royalement."

"Rien n'est plus horrible que la disparition d'un enfant. Rien de rien."

Il est vexant de s’entendre dire qu’on est incapable de comprendre une chose simplement parce qu’on ne l’a pas vécue.