– Mais… mais il t’a violée ! Il aurait dû aller en prison.
– Je ne voyais pas les choses comme ça, à l’époque. J’étais très jeune. Plus jeune que toi, et pas seulement en termes d’années, même si ça n’est pas négligeable non plus. J’étais naïve, je n’avais pas la moindre expérience, je n’y connaissais rien. On ne parlait pas du consentement comme on le fait aujourd’hui avec vous, les filles… Je pensais…
– Tu as cru qu’il n’avait rien fait de mal ?
– Non, mais je ne pense pas que j’aie bien identifié ce qui s’était passé. Je pensais qu’un violeur, c’était un fou furieux. Un homme qui te sautait dessus dans une ruelle sombre en pleine nuit, un homme qui te mettait un couteau sous la gorge. Je ne pensais pas qu’un garçon pouvait faire ça. Pas un lycéen comme Robbie, pas un beau garçon, pas un garçon qui sortait avec la plus jolie fille du coin. Je ne pensais pas que ça pouvait t’arriver chez toi, dans ton salon, je ne pensais pas qu’il t’en parlait après en te demandant si tu avais passé un bon moment. Je me suis dit que j’avais forcément fait quelque chose qu’il ne fallait , que je n’avais pas exprimé assez clairement que je ne voulais pas.