L’absence d’amour m’avait presque détruite, l’amour de mon Père des cieux me reconstruisait et me délivrait, me libérait.
Jacques Dupont se présenta donc à la porte du Paradis avec assurance.
Pierre entrouvit la porte.
Jacques Dupont fut ébloui de voir Pierre. Il l’avait toujours particulièrement aimé à cause de sa spontanéité, de sa fougue et aussi parce qu’il le rassurait quant à la qualité de l’amour du Christ. Et que serait son éblouissement quand il verrait dans un instant la Gloire du Père et Jésus assis à sa droite ! Mais qu’attendait donc Pierre pour ouvrir toute grande la porte au lieu d’en obstruer l’entrebâillement ?
- Je suis Jacques Dupont, dit-il
- Jacques Dupont, dit Pierre. Eh bien, mon cher Jacques, il faut que je te dise que, pour entrer ici, tu as besoin d’avoir gagné trois mille points par ta vie sur terre.
Trois mille points. Ce serait facile.
- J’ai cru au Nom de Jésus, dit Jacques Dupont.
- Un point, dit Pierre.
- J’ai prié et médité une demi-heure chaque jour.
- Un point, dit Pierre.
- J’ai gardé les dix commandements.
- Un point, dit Pierre.
- J’ai donné à manger à ceux qui avaient faim, j’ai recueilli des étrangers, j’ai vêtu des personnes qui manquaient de vêtements, j’ai visité des malades et des prisonniers, dit Jacques Dupont tout d’une traite.
- Cinq points, dit Pierre.
- J’ai organisé des ventes de charité, j’ai travaillé dans des œuvres de bienfaisance. Plusieurs, j’en ai même fondé deux.
- Un point pour chacune, dit Pierre.
- J’ai cherché la justice, et l’amour.
- Six points, dit Pierre.
- Je n’ai jamais manqué la messe du dimanche.
- Un demi-point, dit Pierre.
[...]
- Je n’ai haï personne. J’ai pardonné.
- Cinq points.
- Ça… ça fait combien ? demanda Jacques Dupont.
- Voyons, dit Pierre, avec les deux demi-points, ça fait vingt-huit points.
- Vingt-huit ! cria Jacques Dupont. Vingt-huit ! Mais c’est affreux, épouvantable ! Comment est-ce que je vais y arriver ? Et moi qui avais tellement envie de voir Jésus ! Qui me réjouissais tellement…
- Entre, dit Pierre en ouvrant grande la porte. Pourquoi ne l’as-tu pas dit tout de suite ?
Dieu nous parle donc ?
Oui, Dieu nous parle. A vous, à moi, à chacun. Nous Lui prêtons plus ou moins d'attention. Notre oreille est plus ou moins bien entraînée à reconnaître et à entendre Sa voix. Notre coeur, plus ou moins fermé à Sa voix par nos désirs.