Peter Hamilton prend le temps d’exposer cette civilisation humaine avec force de détails. Il nous explique le fonctionnement one-shot des portails, de la propulsion des vaisseaux stellaires très gourmande en énergie, l’organisation des grandes sociétés,… Cette phase peut sembler longue mais permet à l’auteur de nous construire un univers plein de saveurs, d’épices et d’odeurs. Nous ne sommes pas dans un roman de hard-sf même si les descriptions des technologies sont relativement détaillées. Les armures dermiques en sont un parfait exemple. L’auteur nous décrit leur fonctionnement une fois équipé, ainsi que leur maintien en condition.
Outre la Terre, qui sera le lieu de courts séjours, nous sommes invités à partager le quotidien de 3 autres planètes colonisées par l’homme : Thrallspring, Santa Chico et Amethi. Alors que les deux premières ont une flore et une faune spécifiques ainsi qu’un biotope unique auquel l’être humain a du s’adapter, Amethi s’avère un véritable cailloux glacé en voie de terraformation. L’évolution de cette planète de glace est décrite lors des chapitres consacrés à l’adolescence de Newton. Les effets de la terraformation méritent amplement le temps qu’Hamilton y passe, d’autant qu’il est impossible de s’y ennuyer tant l’émotion et le récit y sont prenants.
L’impact de ces colonies sur l’histoire sera conséquent pour notre personnage principal : Lawrence Newton. Sa jeunesse et les rapports conflictuels qu’il entretenait avec son paternel sont divulgués au fil de chapitres qui enrichissent l’histoire. En effet, ces passages nous dévoilent les fondations de sa personnalité, offrent un background solide à l’univers de Peter Hamilton tout en permettant de forger peu à peu un suspens alléchant.
A la désertique Amethi succède Santa Chico, synonyme d’énorme traumatisme pour notre héros, son escouade, et sa société ZB. Cette expérience sonnera le glas des expéditions de recouvrement, mais l’accepter et laisser le champ libre à ces nouvelles communautés exigent du discernement, du temps et surtout d’énormes baffes. Effectivement, il y a une forme d’impérialisme dans le déroulement des événements présentés même si la forme est sensiblement différente des douloureux faits historiques du XX° siècle. Le parallèle avec la guerre du Viet-Nâm qui a marqué les USA n’est pas anodin ni accidentel. Peter Hamilton construit son récit en enflammant les passions de part et d’autre pour parvenir à une confrontation qui y ressemble fort, notamment avec des embuscades dans les bois ou les menaces de représailles sur la population.
le roman est riche de thématiques. Peter Hamilton est un touche à tout puisque nous abordons l’homme « augmenté » par différentes techniques : manipulations génétiques, nanotechnologie, mutations génétiques, clonage, eugénismes, transhumanisme…. au point que parfois l’auteur emprunte un chemin qui aurait mérité de s’y appesantir pour explorer davantage cette route. Alors parfois, j’ai ressenti une certaine frustration au changement de destination.
Nous explorons des contrées diverses et variées qui offrent des bouffées d’exotisme langoureux ou vivifiant. Nous découvrons des procédés et des évolutions à dimensions humaines qui confèrent une crédibilité et une cohérence bienvenues : les expéditions par trous de ver, la propulsion par bonds des vaisseaux spatiaux, les communications, les logiciels dont l’énorme Apogée,…
Ainsi Dragon déchu est un roman prenant, intelligent qui vous prend dans ses filets peu à peu pour vous relâcher qu’une fois la lecture achevée. Cette aventure spatiale offre un voyage empli de sang et de fureur, d’espoir et d’exotisme. J’en ai pris plein les yeux, le cœur et les tripes et j’en redemande!
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