Suis-je un nazi ? pensa Lucas. Oh non, bien sûr que non ! Un simple fouriériste, peut-être, un amateur de désirs cachés, rien de plus... Nazi, c'est inconcevable. Franchement. C'est Clotilde qui est folle. Je dois être respectueux, je dois aimer ce jeune homme, mais il doit me respecter, ne pas fuir, rester. Rester près de moi. M'obéir. Il a signé un contrat. Il a signé.
Quoi de la retenue ! Quoi de la retenue ! C’est une maison où il y a de la retenue ici ? Je ne suis pas bégueule, mais trop c’est trop. Encore une fois regardez ce que vous faites aux autres ! Moi j’ai servi dans des maisons luxueuses où l’on connaissait la dignité et le respect. Où la richesse, le luxe, l’insouciance, ne servaient pas de paravent à la luxure et aux bassesses. Je m’excuse mais votre façon de vivre est effroyable. Sinistre. Une manière de vous terrer dans de la morgue, dans de l’insuffisance. Regardez un peu autour de vous, Monsieur Flegmine, regardez vraiment les corps qui viennent chez vous : ce sont de pauvres garçons transis, aussi tremblants que ce jeune polonais, aussi démunis, aussi… Oui, des victimes, ce sont des victimes, et vous êtes des bourreaux, je ne peux pas dire autre chose.
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