Ce bruit de sources incertaines
Ce bruit de sources dans la nuit
Vient me parler d'amours lointaines
Comme un grand songe évanoui
Parmi la ville des fontaines.
LE BEAU JOUR
Cette écharpe rouge sur
L'épaule de mon amante,
Ces palmes contre l'azur,
Ce désir qui me tourmente,
Ce baiser brûlant d'amour
Et cette rose première,
Tu les roules, ô beau jour,
Dans tes vagues de lumière.
p.7
Le bonheur
(à Katia Granoff)
Dans la forêt où trois fillettes,
À la naissance du printemps,
Allaient cueillir des violettes
Dès le matin près des étangs,
Dans la forêt mystérieuse,
Par un beau jour léger d’avril
Sous les traits d’une enfant rieuse
Le bonheur m’accueillera-t-il ?
(in Musique du temps perdu)
C'est dans l'impasse des Trois Anges
Qu'un matin gris j'ai rencontré,
Après avoir longtemps erré,
Le plus meurtri de tous mes songes :
Une enfant triste aux yeux cernés
Qui s'appelait Marcelle ou Marthe
Et qui, m'ouvrant comme une morte
Le ciel des jours abandonnés,
M'a conduit jusqu'à cette chambre
D'où l'on voyait sortis du port,
Les voiliers glisser vers le nord
Parmi la brume de novembre.
Les décors prêtent à l'évocation de ses états d'âmes les plus subtils, y sont, au lieu d'un accessoire négligeable, un langage nouveau qui exprime l'indicible.
ÉCRITS DES FEUILLANTINES
À Pierre Camo
DOLORÈS
L'inoubliable odeur des jardins espagnols,
Dolorès, et le chant secret des rossignols
Nocturnes ont charmé tes plus belles années.
Souvenirs, oiseaux morts et guirlandes fanées.
En toque de rubans et manteau de satin
Je te revois légère et fraîche, le matin
De mars où notre amour naquit, douce colombe
Qui roucoule aujourd'hui comme hier. La nuit tombe
Sur mon rêve ; au ciel pur Vénus luit tout à coup
Et je sens tes bras nus se nouer à mon cou.
p.12-13
ÉCRITS DES FEUILLANTINES/À Pierre Camo
CLAIR DE LUNE
À M. Pol Neveux.
Brillant sur la demeure où la si tendre Aminte
Au lit sans doute exhale une amoureuse plainte,
Honneur de cette belle entre les belles nuits,
Clair de lune laiteux comme tu me séduis,
Toi qui me fais songer à la flamme naissante
D'une timide encore et fraîche adolescente.
p.11