Il emprunta l'une des chaises de bistrot qui étaient sagement rangées là, s'assit et retira ses écouteurs pour profiter du bruissement des feuilles des immenses platanes, malmenées par le vent. Il avait l'impression que les arbres pouvaient grimper jusqu'au ciel. Cette soudaine quiétude, autant que la marche en compagnie de Miles Davis, avait débarrassé son esprit des scories qui l'encombraient depuis ce brelan fatal.
Une solution se dessinait lentement dans son esprit... Une solution à haut risque, mais jouable. Depuis le 13 juillet 1989, il avait une quinte flush en main, une quinte sale, qui suintait la trahison, qui puait la faiblesse humaine. Mais une quinte flush quand même, qu'il n'avait jamais utilisée. Il était maintenant grand temps de le faire.»
Inconsciemment, ses pas l'avaient guidé jusqu'au Jardin de ville, à deux pas de l'Isère. Un havre de paix miraculeux en plein coeur de Grenoble, tout au moins quand il était délaissé par les poivrots et les punks... Ce qui était le cas à cette heure avancée de la nuit.