—Vous embêtez pas pour l'argent, Monsieur Philippe, j'ai pas de gros besoins, et puis il y a assez de touristes dans la région pour que je loue ma chambre de temps en temps. Cest que je m'étais bien habituée à vous. Au début ça sera un peu vide, mais la vie continue, ça fait tant d’années que je suis seule. En même temps je vous comprends : la vie est trop dure ici, les hivers sont longs, et comme disent les jeunes, il n'y a que deux saisons, l'hiver et le quinze août ! Il faut être né ici pour y vivre.
Séverin parcourut du regard les grandes falaises calcaires, assiégées par des forêts dont chaque arbre semblait partir à l'assaut des parois verticales.
— Je crois que je pourrais faire ma vie ici, finit-il par dire tristement, mais on ne choisit pas toujours.