Le lendemain, et cela me parut d'abord étrange mais je m'y accoutumai vite, le jour ne ressemblait pas aux autres jours. La lumière dans la rue n'était plus la même. Il faisait plus clairet plus gai malgré le froid qui s'était abattu depuis quelques temps sur la ville.
Il n'y avait plus rien de gris autour de moi. Le lycée vers lequel je me dirigeais m'apparaissait dans le jour qui se levait, comme nimbé de rayons bleu et argent et je remarquais les rouges et les jaunes, les verts et les oranges aux vitrines des magasins, sur les foulards des femmes, ou à travers les carreaux des deux bistrots qui jalonnaient mon parcours. Même les arbres, nus en cette période hivernal, me faisaient des signes de complicité. Sur les visages de mes camarades comme des professeurs, ou des inconnus que je croisais dans la rue, je croyais lire un sourire, de la sympathie et de la bonté, ou la simple adhésion au sentiment euphorique qui m'habitait.