Entreprise en 1935 au moment où la CORF, qui aurait pu constituer un témoin gênant, disparaît à point nommé, cette fortification continue à bon marché va engloutir pendant près de cinq ans et de manière décousue des ressources matérielles et humaines considérables. Mais, ce qui est plus grave, l'ensemble de l'opinion publique, non avertie, s'installe dans le sentiment d'une sécurité trompeuse : pourquoi faire d'autres efforts ? A la mobilisation, l'armée s'installe derrière la "ligne Maginot" comme sur une ligne de Blocus qui asphyxiera l'Allemagne, pendant qu'avec le temps, l'économie et nos Alliés nous assureront la suprématie. Mais l'ennemi ne s'y trompe pas, et c'est au point le plus faible de cette "ligne Maginot prolongée" qu'il frappe. Et, lorsqu'un pan entier de ce décor de théâtre s'effondre, à Sedan et à Monthermé, le 13 mai 1940, une immense déception étreint le pays, et ramène le balancier de notre pensée militaire à un sentiment de rejet de la fortification, aussi excessif que l'adulation qu'on lui portait en 1934.
Mais maintenant, place au lecteur qui sentira peut-être comme moi, le besoin de l'auteur de communiquer à travers les lignes de son texte un double message :
-aux ingénieurs civils et militaires qui auront la charge de la recherche de la cuirasse moderne afin qu'ils n'oublient pas d'associer à leur imagination créative, l'irremplaçable tradition technique transmise par leurs anciens ;
-enfin à ceux qui ont le pouvoir de sauvegarder ce qui peut être encore sauvé car c'est encore, semble-t-il, en s'enterrant qu'on pourra trouver une protection sinon totale, du moins partielle, contre les moyens d'attaque aujourd'hui si écrasants.