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Critiques de Pierre Arétin (4)
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Lettres de l'Arétin

Personnage haut en couleur, très célèbre en son temps, Pietro dit l’Arétin (originaire de la ville d’Arrezo) a été au centre des événements politiques et culturels de son époque. Il a commis des écrits très divers, allant des écrits religieux jusqu’au pornographique, avec au passage quelques pièces de théâtre. Mais il a surtout été redouté comme pamphlétaire : sa plume acérée a dénoncé, traîné dans la boue les hommes les plus célèbres et les plus puissants de son temps, au point qu’il a été surnommé « Le fléau des princes ». Il a subi des tentatives d’assassinat, a du fuir Rome comme d’autres villes, et a fini par trouver refuge à Venise, à partir de laquelle, à partir de ses réseaux, il a voulu être au courant de tout, donner son avis à tout le monde, pratiquant une sorte de chantage pour obtenir des ressources financières des grands de ce monde, qui risquaient s’ils ne s’exécutaient pas, de voir des écrits très brillants mais surtout féroces atteindre leur réputation. Cela lui a permis de vivre d’une manière somptuaire, partageant d’ailleurs ses ressources sans compter avec une sorte de petite cour et ses amis, dont de nombreux artistes, comme Titien, sans doute le plus proche.



Il a accordé beaucoup d’importance à ses lettres, écrites en grand nombre et il a mis beaucoup de soin à plusieurs éditions faites à partir du 1537. Beaucoup de destinataires sont célèbres : François I, Charles Quint, le duc Cosme de Médicis, Michel-Ange, Pietro Bembo etc. En réalité, peu de célébrités de son époque ont échappé à ses missives. Il s’y permet des conseils politiques aux rois et princes, se pose en critique et analyste de la peinture ou littérature, donne son avis sur tout. Beaucoup de ces lettres sont des morceaux de bravoure, faits pour circuler, dans certains cas il semble que le destinataire affiché n’ait pas été le premier à les lire. Elles peuvent aussi se montrer menaçantes, insistante quand aux demandes d’argent et cadeaux, sans aucune vergogne. Certaines sont de circonstance, affichant une sorte de vertu conventionnelle de façade, alors que d’autres sont très lestes et peuvent flirter avec la pornographie (ce ne sont pas les plus nombreuses). Il y a des exercices de style en grand nombre, l’auteur est un maître de la plume. L’Arétin adopte en réalité l’attitude et le discours à celui auquel il écrit (ou feint d’écrire).



Le grand intérêt de ces textes est d’être un témoignage historique de première main, au-delà des discours officiels ou sec de livres d’histoire. Ici la politique ou l’art de l’époque sont en train de se construire, par des êtres de chair et de sang. Loin de portraits idéalisés qu’on peut en avoir à une certaine distance temporelle : les grands hommes ou artistes sont ici vus dans leur quotidien, leurs petites histoires, leurs personnalités. Par un observateur fin de la nature humaine, certes cynique et prêt à tout pour obtenir une faveur, comme ce dessin de Michel-Ange qu’il implore en vain, mais intelligent et plutôt lucide.



Un texte à connaître par ceux qui s’intéressent à l’époque.
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La courtisane

Auteur à la réputation sulfureuse, connu pour ses satires mordantes (il s’est d’ailleurs surnommé "Le Fléau des princes »), ainsi que pour des écrits licencieux, il tourne en dérision la société de son temps. Ses œuvres seront d’ailleurs mis à l’index après sa mort, et elles lui auront valu une tentative de meurtre. Il a écrit une tragédie et cinq comédies, dont la première, La cortigiana (La Courtisane) est peut-être la moins oubliée maintenant. Ecrite et représentée à Rome vers 1525, elle a connu un remaniement important au moment de sa publication, en 1534, en adoucissant quelque peu la charge satirique présente dans la première version. La version originale ne sera publiée qu’en 1970.



Il s’agit d’une pièce foisonnante, avec une double intrigue, dans laquelle viennent s’imbriquer des épisodes secondaires. Cette construction complexe et atypique a valu à la pièce le qualificatif « d’anti-comédie ». Nous suivons en parallèle les mésaventures d’un Siennois stupide, Maco, venu à Rome pour devenir cardinal, tourné en dérision et trompé par Maître André, un peintre, et celles du noble napolitain, Parabolano, guère plus perspicace, qui se laisse abuser par son serviteur Rosso, ce dernier lui faisant croire que la noble dame qu’il aime répond à sa flamme, lui substituant au moment décisif la femme d’un boulanger ivrogne. S’ajoutent à ces trames principales d’autres épisodes, comme les tromperies de Rosso, qui escroque successivement un pêcheur et un Juif. . L’ensemble, un peu confus au demeurant, brosse un tableau haut en couleur de la vie multiforme à Rome, autour de la cour pontifical, en évoquant à la fois la vie des courtisans, des gens fortunés, des serviteurs et parasites qui gravitent autour d’eux, et aussi un peu au second plan, des gens de condition plus modeste.



Au-delà de la charge comique et satirique, la pièce est aussi un manifeste esthétique. L’Arétin met en cause le respect rigide des règles de la poésie dramatique qui commencent à être théorisées, en particulier le respect de l’unité d’action. La pièce peut être comprise comme un pied de nez à la comédie régulière, et apparaître comme un manifeste anti-classique, revendiquant un baroque assumé. L’Arétin est également le défenseur d’une langue italienne certes fondée sur le toscan, mais naturelle, ouverte à un plurilinguisme régional ; les origines diverses des personnages de la pièce lui permettent d’intégrer des éléments langagiers disparates.



La pièce n’est pas facile à suivre, à cause du nombre d’intrigues et personnages, certains aspects satiriques, liés à un contexte qui n’est plus vraiment d’actualité ne sont pas toujours compréhensibles. C’est un étrange objet, fascinant et un peu impénétrable, œuvre d’un auteur tranchant, aux partis pris affirmés.
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Les Ragionamenti : 1re-2e parties. Pierre A..

Deux commères, anciennes courtisanes, s’entretiennent sous un figuier. Nanna soupire sur ses soucis, son amie Antonia lui en demande la raison. Elle explique que sa fille Pippa a seize ans et qu’il est temps qu’elle prenne un parti à son sujet : d’aucuns lui conseillent de la faire bonne sœur, d’autres de la marier tout bonnement, d’autres encore d’en faire une courtisane pour vivre largement. Comme Nanna est passée, durant sa vie, par ces trois “états” et qu’elle a beaucoup à dire sur ceux-ci , elle livre de savoureuses confidences tirées de son expérience et d’histoires qu’elle a ouïe-dire; ces récits constituant le premier livre des ragionamenti couvrent trois journées où sont donc exposées la vie des nonnes, la vie des femmes mariées et la vie des putains. Les deux amies ayant constaté que mieux valait être courtisane, commence dans le deuxième livre l’éducation de la Pippa proprement dite, où sa maman lui conte toute les piperies et les tours à jouer à ces nigauds d'hommes pour toujours retomber sur ses pieds. Puis dans la deuxième journée elle la met en garde contre toutes les scélératesses et vilenies dont sont capables les représentant de la gente masculine. Enfin entre en scène une commère experte en fait de maquerellage et une nourrisse que la profession de ruffiane intéresse et ainsi la Pippa aura été à bonne école.



L'Arétin est un précurseur de Molière pour le regard acerbe sur les travers et ridicule de son époque : les moines, les médicastres, les pédagogues, les ermites, les religieuses, les maris cocus, les épouses, les veuves, les grenouilles de bénitier, les fats, les bourgeois, les courtisans, la soldatesque, les pécores, les ignorantasses, les avares, les hypocrites, les glorieux, les écoliers, les nobliaux, les entremetteuses, les bélîtres, les poètasses ... c'est toute la comédie humaine qui passe à la moulinette de la prose fleurie, imagée et réjouissante de Nanna qui ne s'en laisse pas compter, même si parfois elle estropie drolatiquement les mots et les noms. On pense aussi au sulfureux Marquis de Sade - la violence en moins - à la lecture du premier livre de la première journée, dans la succession un peu lassante des scènes lascives, qui heureusement ne dure pas. C'est surtout à Boccace que ça ressemble, pour la paillardise et la gaillardise bonne enfant; à La Bruyère dans la finesse de l'observation et de l'analyse de tous les caractères et les vices de l'humanité. Le deuxième livre m'a semblé bien supérieur au premier. Edité dans la collection les chefs-d’œuvres interdits, cette lecture reste d'un excellent profit, même pour le lecteur moderne non péripatéticien.

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Sonnets luxurieux



Merveilleux sonnets...



"Que, rigoureusement, ma mère

M'a défendu de citer ici..."



Pat

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