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Critique de StCyr


Deux commères, anciennes courtisanes, s'entretiennent sous un figuier. Nanna soupire sur ses soucis, son amie Antonia lui en demande la raison. Elle explique que sa fille Pippa a seize ans et qu'il est temps qu'elle prenne un parti à son sujet : d'aucuns lui conseillent de la faire bonne soeur, d'autres de la marier tout bonnement, d'autres encore d'en faire une courtisane pour vivre largement. Comme Nanna est passée, durant sa vie, par ces trois “états” et qu'elle a beaucoup à dire sur ceux-ci , elle livre de savoureuses confidences tirées de son expérience et d'histoires qu'elle a ouïe-dire; ces récits constituant le premier livre des ragionamenti couvrent trois journées où sont donc exposées la vie des nonnes, la vie des femmes mariées et la vie des putains. Les deux amies ayant constaté que mieux valait être courtisane, commence dans le deuxième livre l'éducation de la Pippa proprement dite, où sa maman lui conte toute les piperies et les tours à jouer à ces nigauds d'hommes pour toujours retomber sur ses pieds. Puis dans la deuxième journée elle la met en garde contre toutes les scélératesses et vilenies dont sont capables les représentant de la gente masculine. Enfin entre en scène une commère experte en fait de maquerellage et une nourrisse que la profession de ruffiane intéresse et ainsi la Pippa aura été à bonne école.

L'Arétin est un précurseur de Molière pour le regard acerbe sur les travers et ridicule de son époque : les moines, les médicastres, les pédagogues, les ermites, les religieuses, les maris cocus, les épouses, les veuves, les grenouilles de bénitier, les fats, les bourgeois, les courtisans, la soldatesque, les pécores, les ignorantasses, les avares, les hypocrites, les glorieux, les écoliers, les nobliaux, les entremetteuses, les bélîtres, les poètasses ... c'est toute la comédie humaine qui passe à la moulinette de la prose fleurie, imagée et réjouissante de Nanna qui ne s'en laisse pas compter, même si parfois elle estropie drolatiquement les mots et les noms. On pense aussi au sulfureux Marquis de Sade - la violence en moins - à la lecture du premier livre de la première journée, dans la succession un peu lassante des scènes lascives, qui heureusement ne dure pas. C'est surtout à Boccace que ça ressemble, pour la paillardise et la gaillardise bonne enfant; à La Bruyère dans la finesse de l'observation et de l'analyse de tous les caractères et les vices de l'humanité. le deuxième livre m'a semblé bien supérieur au premier. Edité dans la collection les chefs-d'oeuvres interdits, cette lecture reste d'un excellent profit, même pour le lecteur moderne non péripatéticien.
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