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EAN : 978B000X6CINI
Cercle Européen du Livre (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
Les trois textes “La vie des nonnes”,“La vie des femmes mariées” et “La vie des courtisanes” constituent la première partie des Ragionamenti. Dans un style riche en métaphores qui n’est pas sans rappeler celui de Rabelais, Pierre Arétin raconte les plaisirs de la chair auxquels s’adonnaient ses contemporaines. Se moquant allègrement des sacrements religieux (vœux monastiques, mariage et autres balivernes), il tourne en dérision la société de l’époque, préférant à l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Deux commères, anciennes courtisanes, s'entretiennent sous un figuier. Nanna soupire sur ses soucis, son amie Antonia lui en demande la raison. Elle explique que sa fille Pippa a seize ans et qu'il est temps qu'elle prenne un parti à son sujet : d'aucuns lui conseillent de la faire bonne soeur, d'autres de la marier tout bonnement, d'autres encore d'en faire une courtisane pour vivre largement. Comme Nanna est passée, durant sa vie, par ces trois “états” et qu'elle a beaucoup à dire sur ceux-ci , elle livre de savoureuses confidences tirées de son expérience et d'histoires qu'elle a ouïe-dire; ces récits constituant le premier livre des ragionamenti couvrent trois journées où sont donc exposées la vie des nonnes, la vie des femmes mariées et la vie des putains. Les deux amies ayant constaté que mieux valait être courtisane, commence dans le deuxième livre l'éducation de la Pippa proprement dite, où sa maman lui conte toute les piperies et les tours à jouer à ces nigauds d'hommes pour toujours retomber sur ses pieds. Puis dans la deuxième journée elle la met en garde contre toutes les scélératesses et vilenies dont sont capables les représentant de la gente masculine. Enfin entre en scène une commère experte en fait de maquerellage et une nourrisse que la profession de ruffiane intéresse et ainsi la Pippa aura été à bonne école.

L'Arétin est un précurseur de Molière pour le regard acerbe sur les travers et ridicule de son époque : les moines, les médicastres, les pédagogues, les ermites, les religieuses, les maris cocus, les épouses, les veuves, les grenouilles de bénitier, les fats, les bourgeois, les courtisans, la soldatesque, les pécores, les ignorantasses, les avares, les hypocrites, les glorieux, les écoliers, les nobliaux, les entremetteuses, les bélîtres, les poètasses ... c'est toute la comédie humaine qui passe à la moulinette de la prose fleurie, imagée et réjouissante de Nanna qui ne s'en laisse pas compter, même si parfois elle estropie drolatiquement les mots et les noms. On pense aussi au sulfureux Marquis de Sade - la violence en moins - à la lecture du premier livre de la première journée, dans la succession un peu lassante des scènes lascives, qui heureusement ne dure pas. C'est surtout à Boccace que ça ressemble, pour la paillardise et la gaillardise bonne enfant; à La Bruyère dans la finesse de l'observation et de l'analyse de tous les caractères et les vices de l'humanité. le deuxième livre m'a semblé bien supérieur au premier. Edité dans la collection les chefs-d'oeuvres interdits, cette lecture reste d'un excellent profit, même pour le lecteur moderne non péripatéticien.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation

La nourrice - Ce caca te déplaît dans la bouche. On dirait que par ce temps-ci il faut cracher de la manne, si l'on ne veut encourir le blâme de ces femmes qui assourdissent les boulangeries et les marchés. C'est une chose étrange qu'on ne puisse dire cu, po et ca.

La commère - Je me suis cent fois demander à quel propos nous devions avoir honte de nommer ce que la Nature n'a pas eu honte de faire.

La nourrice - Je me le suis demander aussi; mais, bien mieux, il me semble qu'il serait plus décent de montrer le ca, la po et le cu que les mains, la bouche et les pieds.

La commère - Pourquoi?

La nourrice - Parce que le ca, le po et le cu ne profèrent pas de blasphèment, ne mordent pas, ne crachent pas à la figure des gens, comme font les bouches, ne donnent pas de crocs-en-jambe comme font les pieds, ne prêtent pas de faux serments, ne bâtonnent, ne volent et n'assassinent personne, comme font les mains.

La commère - Il fait bon causer avec toute sorte de monde, parce que de chacun l'on apprend quelque chose. Tu as des idées, tu as de la tête, tu marches dans la bonne voie; c'est vrai, l'on fait grand tort à la po et au ca, qui mériteraient d'être dorés et portés au cou en guise de joyaux ou de servir de pendants d'oreilles, de médailles à la toque, non seulement pour la douceur qui en découle, mais pour leurs vertus propres. Voici par exemple un peintre qui est recherché de tout le monde, rien que parce qu'il barbouille sur une toile ou sur une planche un beau jeune homme, une belle jeune fille, et on les paye au poids de l'or pour les représenter en couleur; mais les objets dont nous parlons vous les fabriquent en belle chair vive, et leurs produits on peut les embrasser, les baiser, en jouir; bien mieux, ils fabriquent les empereurs, les rois, les papes, les ducs, les marquis, les comtes, les barons, les cardinaux, les évêques, les prédicateurs, les poètes, les astrologues, les gens de guerre; ils nous ont fabriquées, toi et moi, ce qui importe bien plus. C'est donc leur faire grand tort que de déguiser leurs noms, quand on devrait les chanter en sol, fa.
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Mais moi qui suis moi, je parle comme bon me semble, sans me gonfler les joues en crachant de la saumure; je marche sur mes pieds et non sur ceux de la grue; je dis les mots tels qu'ils me viennent et je ne les arrache pas de ma gorge avec une fourchette. Les mots sont des mots et non des confitures; quand je parle, je ressemble à une femme et non à une pie. Voila pourquoi la Nanna est la Nanna, tandis que cette engeance qui va foirant des verbi gratia et reluquant sur un œuf le poil qui ne s'y trouve point n'a pas seulement assez de crédit pour s'en couvrir le cul. A la fin des fins, qui blâme tout sans rien produire ne fait pas aller son nom au-delà des tavernes, et j'ai fait trotter le mien jusqu'en Turquie. Donc, pécores, je veux ourdir et tisser mes toiles à mon idée, parce que je sais où trouver l'écheveau pour achever les rangs commencés, et que je possède pas mal de pelotes de fil pour coudre et recoudre déchirures et morceaux.
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