Pierre Bouvart

L'acquisition de ce second tome que j'attendais avec grande impatience a pris un certain temps, mais sa dévoration en a été que plus brève et rapide ! Je me suis une fois de plus beaucoup amusé à lire les nouvelles espiègles, drôles, surprenantes, cocasses, flirtant avec l'absurde parfois, le loufoque souvent. Pierre Bouvart ne perd pas de sa faconde, au contraire, elle s'affine, se précise, s'expérimente dans un style qui lui est bien propre. Des nouvelles qui vont droit au but, sans détours, avec une maîtrise certaine, beaucoup de légèreté (tout en ayant du fond) et une agréable connivence entre le lecteur et l'auteur. Voici mon best off, même si tout est très réussi ! "La vengeance du tilleul "- sous de faux airs de fable - m'a beaucoup plu. Très bon incipit, je trouve. "Lorsque l'enfant paraît" et sa fin versifiée est redoutable. Les récits de guerre de "Cambronne" sont très bien troussés. Mon coup de coeur revient à "La Machine". Le fait que je sois en train de réécouter l'intégrale de "L'opération Tu-peux-t-la" de Pierre Dac m'a amené à faire un parallèle avec le biglotron. La chute est savoureuse. Vive les calembours ! Dans les autres nouvelles, j'ai beaucoup aimé "Au temps des robots" qui manie fort bien les lois de la robotique tout en s'en affranchissant. Le final en mode "nouvelle longue et fort bien structurée" intitulé "On a été trop loin" est remarquable. Pour sûr, l'auteur n'est pas allé trop loin. Ravi de partager son analyse sur la situation climatique et de voir comment son point de vue transpire dans son style bien à lui. Non, l'auteur n'est pas allé trop loin, lui ! On en attend encore d'ailleurs, car - comme je me plais à dire ici ou ailleurs - "L'offre en redemande toujours". Alors oui, on en veut encore, des nouvelles de Pierre Bouvart !

Bienvenu dans le petit théâtre de Mr Bouvart. Petit par la forme - la nouvelle -, mais grand par l'expérience ! Lorsqu'on découvre ce "premier" ouvrage, on constate rapidement que le compère en a sous la casquette et sous la plume ! Oui, j'ai rencontré Pierre alors que j'étais moi-même en dédicace sur un salon. Il m'a proposé de m'envoyer ses textes et puis nous ne nous sommes jamais perdus de vue en présentiel et en distanciel. Je ne peux que me réjouir de sa signature chez MVO, qui ne dément pas à sa réputation sur la qualité des ouvrages. Revenons à nos moutons : les nouvelles. Le cheptel est scindé en deux groupes : les contes d'un mangeur de poules et les autres nouvelles.

Le ton du premier "lot" est ironique, sarcastique, critique, piquant et mordant ; sans jamais être amer ou glauque. La prose est soignée et enjouée. Le lecteur est interpellé. C'est agréable de lire un auteur qui tend la main à son auditoire, comme s'il l'invitait à prendre un café dans sa cuisine. Sans avoir de "recette" redondante, l'artiste tricote des situations cocasses - et non caucasiennes quoique - avec des joutes verbales à tendance absurdes pouvant se retourner sur l'arroseur arrosé - si vous voyez ce que je veux dire ou pas - et toujours une chute implacable ! Au niveau des saveurs ? Le menu est varié. On goûte à des plats régionaux avec quelques références aux Hauts-de-France sans être non plus totalement régionaliste. On s'entretue gaiement pour une mauvaise blague : la première est tranchante ! On dystopise - ça ne se dit pas, mais tant pis - à souhait. On se fait foudroyer par un virus qu'on n'a pas vu venir. On fête dignement Halloween. On se prend une amende à cause d'une angine mal placée... Outre le délire littéraire - fort appréciable - on se régale du démontage des travers de nos sociétés - et non de porcs quoique - en constatant qu'on y participe tous un peu quand même, non ? Souriez, vous êtes filmés !

Le second groupe du troupeau est éclectique - ce qui n'est pas pour me déplaire - au niveau des formes : SF, Fable, Récit, Chronique... Toutes ont leurs mots à dire et leurs maux à dédire - et réciproquement, bien évidemment ! J'ai particulièrement apprécié "L'âne et la carpe". Écrire une fable bien tournée, non lénifiante tout en restant amusante n'est pas donné à tout le monde. "Déclic" m'a bien plu également pour son côté fable moderne - comme quoi, la fable affable - faisant réfléchir au fossé entre les grands et les petits.

Finalement, j'attends juillet pour le tome 2 et j'espère voir un jour sur scène ces textes joués ou les entendre ici ou là.

Ce recueil serait comme une boîte à malice, pas tout à fait destinée aux enfants...ou bien à des lecteurs qui aimeraient jouer les enfants, qui voudraient rire de situations cocasses, guidés par un auteur qui nous pousse du coude, comme un vieux pote, comme une vieille canaille, et qui nous invite à lorgner des petits pièges que nous tend le quotidien, les sens dessus dessous de nos vies, ceux qui nous pousseraient à chercher comme refuge "une île dans le désert de Gobi" ; ça pourrait virer au passéisme mais Pierre Bouvart est bien trop impoli et bien trop rabelaisien pour nous asséner l'aigreur du temps.

Il faut se laisser entraîner dans l’univers loufoque de Pierre Bouvart.

Ses « Contes d’un mangeur de poules » regroupent des textes courts, variés, d’une belle qualité littéraire, sur lesquels souffle un esprit indéniablement libertaire. Monsieur Bouvart est un espiègle, un doux impertinent, un provocateur goguenard qui, par exemple, se joue honteusement des lois, des tribunaux, d’une justice à plusieurs vitesses sans embrayage. Il peut aussi se prendre pour Dieu foirant sa création, s’amuser à imaginer un méga-suicide collectif sur notre bonne vieille Terre, mais je n’en dirai pas plus car je ne veux spolier personne(surtout pas l’auteur que ça ne fera pas s'poiler…)

Ces « détours en Absurdie » comme il les appelle, sont autant de réussites. Et que dire de ce dialogue permanent qu’il entretient avec son lecteur ? Monsieur Bouvart s’autorise à l’interpeller, à le gourmander, à le cornaquer, à le rudoyer même… Gonflé le mec ! Mais le résultat conforte l’efficacité de l’ensemble.

J’ai beaucoup apprécié la nouvelle « C’était écrit », plaisant récit d’un départ en vacances très moyennement réussi. Il m’arrive rarement de lire une histoire en gardant un sourire ravi du début à la fin et ici, ce fut le cas. Car, quand Pierre Bouvart met le doigt sur nos petits travers quotidiens, on s’y retrouve et on rit de soi-même.

Les autres nouvelles sont aussi intéressantes, le style est recherché, agréable et fluide. Il est certain que ces contes se prêtent parfaitement à une lecture à voix haute, à un travail théâtral.

J’ai aussi appris au détour d’une page l’existence « d’auxiliaires de vit » qui peuvent avoir un rôle social non négligeable. Lequel ? Découvrez-le toutes affaires cessantes dans ce joli recueil !

L'auteur nous propose une galerie de situations incongrues, voire burlesques, brillamment menée par une équipe de personnages un tantinet décalés, farfelus ou encore extravagants.



Vous l'aurez compris, la neurasthénie n'est pas maîtresse dans les écrits de Pierre Bouvart ! Bien au contraire, ce sont l'humour et la dérision qui règnent sur le domaine.



Mais, ne vous y trompez pas, sous la plume taquine et enjouée de l'auteur, c'est un regard lucide et critique qui scrute et détaille le genre humain, à l'affût de ses petites bassesses ordinaires et de ses grandes vilénies.



Alors oui, on rit aussi bien du mesquin et du médiocre que de l'infâme et de l'ignoble pour mieux, au final, les cerner et les condamner.



Pierre Bouvart a la malice du renard pour croquer les poules que nous sommes, il a l'art de nous surprendre et de nous caricaturer.





Ce recueil de nouvelles en deux parties : Contes d'u mangeur de poules (plus légères) et Autres nouvelles (plus graves), vous embarquera avec bonheur dans un univers goguenard décliné en une kyrielle de fables populaires savoureuses.



Nous ne pouvons faire autrement que de vous recommander cette saine lecture !

Et de deux !

Pierre Bouvart nous revient avec un nouveau recueil des Contes d’un mangeur de poules. Vingt-huit nouvelles, toutes plus décoiffantes l’une que l’autre. Où l’on rencontre un arbre susceptible qui se déracine pour manifester sa mauvaise humeur, des Terriens en goguette sur Aldébaran, des malades qui se livrent à de dangereuses courses-poursuites dans les couloirs des urgences, des touristes qui explorent les fjords norvégiens à dos de chameau, des escargots vedettes qui participent à un championnat du monde de course, des veuves joyeuses qui sans état d’âme relatent comment elles ont occis leurs maris, des responsables politiques qui tentent de sauver l’humanité en la plongeant dans une hibernation de plusieurs millions d’années…



L’auteur, on l’aura compris, mêle allègrement les genres : utopie, uchronie, science-fiction, intrigue policière et même poésie. On rit beaucoup en lisant ce recueil (attention cependant à ne pas trop se laisser aller : dans un des récits, l’arme du crime des assassins n’est autre que… le rire ). Et pourtant derrière la satire, pas toujours aussi souriante qu’il n’y paraît à première vue, se cache une description impitoyablement critique de notre monde, de notre société et de notre aveuglement devant les périls qui nous menacent. Le plus souvent Pierre Bouvart a l’humour sarcastique, ce qui ne l’empêche pas de se montrer parfois très tendre, comme dans Lev, une émouvante nouvelle très actuelle.