Contes d'un mangeur de poules tome 2

L'acquisition de ce second tome que j'attendais avec grande impatience a pris un certain temps, mais sa dévoration en a été que plus brève et rapide ! Je me suis une fois de plus beaucoup amusé à lire les nouvelles espiègles, drôles, surprenantes, cocasses, flirtant avec l'absurde parfois, le loufoque souvent. Pierre Bouvart ne perd pas de sa faconde, au contraire, elle s'affine, se précise, s'expérimente dans un style qui lui est bien propre. Des nouvelles qui vont droit au but, sans détours, avec une maîtrise certaine, beaucoup de légèreté (tout en ayant du fond) et une agréable connivence entre le lecteur et l'auteur. Voici mon best off, même si tout est très réussi ! "La vengeance du tilleul "- sous de faux airs de fable - m'a beaucoup plu. Très bon incipit, je trouve. "Lorsque l'enfant paraît" et sa fin versifiée est redoutable. Les récits de guerre de "Cambronne" sont très bien troussés. Mon coup de coeur revient à "La Machine". le fait que je sois en train de réécouter l'intégrale de "L'opération Tu-peux-t-la" de Pierre Dac m'a amené à faire un parallèle avec le biglotron. La chute est savoureuse. Vive les calembours ! Dans les autres nouvelles, j'ai beaucoup aimé "Au temps des robots" qui manie fort bien les lois de la robotique tout en s'en affranchissant. le final en mode "nouvelle longue et fort bien structurée" intitulé "On a été trop loin" est remarquable. Pour sûr, l'auteur n'est pas allé trop loin. Ravi de partager son analyse sur la situation climatique et de voir comment son point de vue transpire dans son style bien à lui. Non, l'auteur n'est pas allé trop loin, lui ! On en attend encore d'ailleurs, car - comme je me plais à dire ici ou ailleurs - "L'offre en redemande toujours". Alors oui, on en veut encore, des nouvelles de Pierre Bouvart !

Et de deux !
Pierre Bouvart nous revient avec un nouveau recueil des Contes d'un mangeur de poules. Vingt-huit nouvelles, toutes plus décoiffantes l'une que l'autre. Où l'on rencontre un arbre susceptible qui se déracine pour manifester sa mauvaise humeur, des Terriens en goguette sur Aldébaran, des malades qui se livrent à de dangereuses courses-poursuites dans les couloirs des urgences, des touristes qui explorent les fjords norvégiens à dos de chameau, des escargots vedettes qui participent à un championnat du monde de course, des veuves joyeuses qui sans état d'âme relatent comment elles ont occis leurs maris, des responsables politiques qui tentent de sauver l'humanité en la plongeant dans une hibernation de plusieurs millions d'années…

L'auteur, on l'aura compris, mêle allègrement les genres : utopie, uchronie, science-fiction, intrigue policière et même poésie. On rit beaucoup en lisant ce recueil (attention cependant à ne pas trop se laisser aller : dans un des récits, l'arme du crime des assassins n'est autre que… le rire ). Et pourtant derrière la satire, pas toujours aussi souriante qu'il n'y paraît à première vue, se cache une description impitoyablement critique de notre monde, de notre société et de notre aveuglement devant les périls qui nous menacent. le plus souvent Pierre Bouvart a l'humour sarcastique, ce qui ne l'empêche pas de se montrer parfois très tendre, comme dans Lev, une émouvante nouvelle très actuelle.