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3.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Biarritz
Biographie :

Médecin, psychiatre, psychanalyste, Pierre Lembeye traite depuis plus de vingt ans les problèmes de dépendance.
Né il y a 65 ans à Biarritz, Pierre Lembeye s'est installé au début des années 70 à Paris où il exerce la profession de psychiatre et de psychanalyste depuis 1975. Il a effectué un « contrôle » avec Jacques Lacan après sa cure psychanalytique entamée en 1971 avec Christian Simatos.

Écrire, jouer avec les mots, devient rapidement pour lui une évidence. Après avoir signé des livres psy, « pas forcément abordables pour tout le monde », reconnaît l'intéressé, Pierre Lembeye rédige depuis les années 2000 des textes plutôt incisifs qui interpellent l'homme du XXIe siècle. Après les dépendances, les dérives du coaching, le rêve, le handicap et même Nicolas Sarkozy qu'il a sérieusement épinglé (« Sarkozy un président chez le psy »), il a publié l'automne dernier, « Il était une fois Belza » (éditions Fayard).
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Source : http://www.sudouest.fr/2010/08/19/pierre-lembeye-met-belza-sur-le-divan-164342-755.php
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
La dynamique psychothérapeutique proprement dite substitue primordialement un changement de climat, une confiance qui permet des reformulations d'usages, d'images et de discours. Elle se doit d'associer dynamiquement aux « matterns » des « patterns » tout en respectant les hiérarchies. Il s'agit d'un détournement de puissance par des inductions les plus souvent indirectes, en réduisant la cohérence habituelle du patient pour atteindre le site où les coutumes se défont pour se reformuler.
Le toxicomane n'est pas dans un lieu d'indifférenciation vie-mort.C'est un vivant qui n'est pas sourd. C'est pour cela que les usagers de drogues ont adopté des comportements réduisant les risques alors que certains responsables affirmaient haut et fort que les toxicomanes ne changeraient pas leurs habitudes. Stupeur. Les toxicomanes écoutent, parlent et même lorsqu'on peur parle, modifient leurs usages. L'échange n'est pas à sens unique : si les toxicomanes doivent changer dans la mesure de leurs possibilités, les thérapeutes, les pénalistes, les politiques doivent modifier leur accueil des toxicomanes. Il faut accepter qu'un toxicomane dise la vérité. Il dit la vérité quand il dit qu'il peut faire douze fois le tour de Paris pour de la came et pas cinq mètres pour une seringue. Il émet alors l'idée que les dealers devraient proposer à leurs clients une dose et une seringue. Si les dealers ne le font pas, ce devrait être le rôle des thérapeutes. Cela n'a rien d'incitatif. Un toxicomane me disait qu'un mort par le sida ou par overdose, c'est une mémoire. C'est aussi pour nous une mémoire. Cela devrait être pour tous la mémoire. Cela devrait l'être pour ceux qui sont tentés par l'oubli.
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Globalement, les fumeurs de haschich ne sont pas des toxicomanes. Cependant, les produits dosés à partir de 15% de THC (tétrahydrocannabinol) sont addictifs.
[...]
La quasi-totalité des fumeurs de cannabis ne passe pas aux drogues dures. Il faut même dire que, dans la plupart des cas, l'usage de drogues dures n'induit pas de toxicomanie. Il suffit, pour s'en rendre compte, de chercher des informations de première main, c'est-à-dire d'interroger les toxicomanes eux-mêmes. Ou d'écouter les scientifiques compétents, par exemple le neuro-pharmacologue Jean-Pol Tassin : « Le traitement de la douleur par des prises chroniques de dérivés morphiniques ne déclenche chez l'homme une conduite toxicomaniaque que dans 4 cas sur 10000.
[...]
J'ai pu, en outre, découvrir que certaines personnalités dites borderline sont équilibrées par l'usage de cannabis et se dispensent d'un traitement neuroleptique. Il s'avère aussi que le cannabis est pour d'anciens héroïnomanes et anciens alcooliques un produit de substitution beaucoup plus efficace que les benzodiazépines. Les résultats sont là. Je n'ai fait que constater l'usage. C'est aussi un excellent désinhibiteur sur le plan sexuel.
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L'artiste Daniel Spoerri a donné corps à sa propre modification [de la coutume de l'usage de l'alcool], et a témoigné à sa façon de ce passage : « Je crois que l'éphémère est éternel. Il s'agit d'une même chose. On peut faire des choses qui ne durent pas et faire des choses de façon qu'elles durent éternellement, parce que rien ne dure éternellement, et donc c'est exactement pareil. J'avaisenvie depuis longtemps de faire des bronzes, et je me souviens très bien des raisons qui m'ont incité à faire le premier bronze.
« C'était une sorte d'acte magique. J'étais dans une phase d'alcoolisme aigu et j'avais le sentiment de ne pas pouvoir m'en sortir... Je me trouvais enraciné dans une situation où je ne voyais pas d'issue possible. J'avais fabriqué une chaise de paille tressée sur laquelle il y avait une tête de boeuf, avec une bouche, des yeux, et une chaussure fixée à un pied de la chaise. Le titre de cet objet qui existe aujourd'hui en bronze est Santo Grappa. En fait, c'était parce que j'étais moi-même assis sur cette espèce de monstre sous la domination duquel je me trouvais. Je me suis dit un jour qu'en le représentant en bronze, je pouvais le fixer, le bloquer, l'immobiliser dans l'histoire et m'arrêter ainsi de boire. Et c'est ce que j'ai fait. Cette action m'a obligé à cesser de boire.Voilà l'histoire de ma première sculpture en bronze. »
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Il est difficile, quand on se penche sur des cas précis, sur un toxicomane pris individuellement, de ne pas être tenté, voire influencé, par la perspective d'un abus traumatique ayant initié un enchaînement d'usages où les accoutumances sont privilégiées. Cela pourrait se transformer en un slogan : qui a été abusé, abusera, boira, se droguera. Malheureusement, c'est plus compliqué. Il ne suffit pas d'être abusé sexuellement ou harcelé moralement pour devenir toxicomane.
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Rien n'est affirmé vis-à-vis de ceux qui sont en avant de la nef : les toxicomanes. Peu de gens veulent les écouter comme des messagers dérangeants, mais des messagers tout de même. Ceux-ci affirment que nous sommes des êtres dépendants, que nous avons besoin d'ivresse, d'enthousiasme bien avant d'exiger des prévisions rationnelles. Keynes écrivait que la prévision rationnelle se devait d'être secondée et soutenue par l'enthousiasme. Il n'y était pas encore.Les hommes ont besoin de sciences étayées par l'enthousiasme, ce que Hölderlin appelait la tendresse. Ce qui fond reste fondateur. Nous avons besoin de démesure, d'héroïsme, de superflu. C'est cela que nous annoncent les toxicomanes. Nous devons les écouter là.
Malraux, grand toxicomane devant l'éternel, prophétisait le XXIe siècle comme religieux. Nous voyons venir ce siècle comme pharmacomaniaque, masquant le théologique qui continue à gouverner. Le toxicomane ne cherche pas à maîtriser, il cherche à être dépendant. Il dit qu'il n'est pas tout-puissant, que la toute-puissance ne lui appartient pas. Il a besoin de croire.
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... il est dit que la cocaïne est en Europe, une drogue prise par des catégories aisées de la population, un produit qui ne désocialise pas et qui ne pose pas les problèmes dramatiques de l'héroïne. Il est aussi dit que la dépendance à la cocaïne est psychique alors que l'on sait maintenant que la division psychique et physique ne tient pas la route, que la dépendance est globale, physiologique. Il est indispensable d'insister encore et encore sur l'aspect unitaire, physiologique de la dépendance.
[...]
En réalité, il n'y a pas de substitut de la cocaïne. C'est aussi par la cocaïne que l'on repère les limites et l'inintérêt de la vieille coupure psychosomatique, dépendance physique et dépendance psychique. Avec le crack, la dépendance est globale, physiologique, par blocage des sites cellulaires de recapture de la dopamine et de la noradrénaline. La cocaïne-base fumée et sublimée à 90° se résorbe instantanément et provoque une dépendance immédiate. Il ne faut pas plusieurs semaines comme pour la morphine et l'héroïne.
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Amalgamer au titre de la dépendance une boulimique avec un héroïnomane, une alcoolique, un grand joueur, un surendetté et une intégriste, soigner tout ce beau monde dans une clinique fourre-tout à l'enseigne de la dépendance proviennent d'une tendance généralisante et idéalisante qu'il serait souhaitable de traiter elle-même. Et le plus rapidement possible. C'est probablement la démesure d'autonomie demandée aux citoyens qui oblige en retour à produire des rituels de dépendance.
Dépendre est primordial. L'émergence de l'être est caractérisé par l'excès, la démesure, les pulsions violentes et incontrôlées. Tous les exercices de maîtrise, chimiques, physiques, psychiques et sociaux qui prétendent dominer les forces pulsionnelles finissent par s'épuiser. Cependant, si nous n'avons pas besoin d'une clinique de la dépendance, il est vrai qu'il nous faut une clinique de la « stupéfiance » qui admette l'expérience toxicomaniaque comme un héritage. Un héritage complexe avec ses points forts et ses négativités.
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Norman Mailer écrit en 1958 : « La névrose tend à céder la place à la psychopathie, le succès de la psychanalyse qui, il y a dix ans, promettait d'être une des forces majeures de l'époque, diminue en raison de son incapacité caractérisée et congénitale de s'occuper de patients plus complexes, plus expérimentés et plus aventureux que l'analyste lui-même... Le patient n'est pas plus rajeuni que vieilli, les fantasmes infantiles qu'on l'encourage à exprimer sont promis à l'écrasement contre le mur de l'impassibilité de l'analyste. Pour trop de patients, le résultat est une mutilation, un assoupissement de leurs qualités et de leurs défauts les plus intéressants. Naturellement, le patient est moins transformé qu'usé, moins méchant, moins bon, moins brillant, moins volontaire, moins destructeur, moins créateur. »
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... on s'aperçoit que la pensée moderne a beaucoup emprunté à l'univers des drogues, à son imaginaire, sa syntaxe : je suis accro à telle chose ; il est speedé, elle plane, j'hallucine, ça déchire, je me défonce, je flippe, etc. Toutes ces phrases s'entendent dans les discours de personnes qui n'ont pas fait elles-mêmes une expérience toxique.
La modernité a donc parmi ses modèles les drogues. Au temps de la psychanalyse, le transfert artificiel, était un analogue de l'amour.Aujourd'hui, l'amour est une drogue, une histoire de médiations chimiques. La télévision, Internet, les jeux vidéo sont des drogues. Le sport est une drogue permettant a fabrication d'équivalents morphiniques naturels, les endorphines. Le travail peut en être une aussi.
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L'injonction thérapeutique, le fait qu'un juge oblige un toxicomane à entreprendre une psychothérapie, cette incursion de la loi dans le médical, c'est beaucoup mieux qu'un scandale, c'est une honte. J'ai participé plusieurs fois à cette infamie pour « aider » certains patients englué dans l'appareil de justice, insatiable de preuves écrites. C'est en effet une preuve pour le juge qu'un toxicomane fait une thérapie quand un psychiatre cosigne une injonction thérapeutique. Chacun sait qu'une injonction venue du dehors est la meilleure indication pour anéantir un projet de traitement. L'injonction thérapeutique, c'est comme si on donnait de la valeur psychothérapeutique à l'archipel du goulag ou aux camps de rééducation vietnamiens.
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