Vidéo de Pierre-Luc Brisson
Chaque époque, écrivait Walter Benjamin, a le sentiment de se trouver sur le bord d’un abîme. Chacune sait en effet que l’éducation et la transmission de la culture constituent les enjeux les plus déterminants de l’avenir, et chacune a le droit de reconnaître dans cette anxiété l’exigence particulière qui lui est adressée. Notre situation aujourd’hui n’est pas différente. Dans l’essai qu’on va lire, un jeune historien soumet, à l’épreuve de notre connaissance des Anciens, la rigueur de notre engagement envers ce que nous voulons encore appeler la culture. Son constat est aussi rude que clair : la méconnaissance de notre héritage constitue une perte grave et il n’est pas si facile d’y remédier.
EXTRAIT DE LA PRÉFACE DE GEORGES LEROUX
La lecture d’un Homère ou d’un Virgile nous fait découvrir un monde merveilleux peuplé de héros et de dieux inconnus, où la nature se déploie dans toute sa beauté première et où le cœur et les passions humaines se révèlent dans leur nudité originelle. S’embarquer en compagnie d’Ulysse ou d’Énée sur de frêles esquifs est peut-être la dernière possibilité que nous ayons de faire un voyage authentique à la découverte de notre humanité inconnue.
Et c’est bien là le danger qui nous guette ou qui nous afflige déjà : celui de former des générations de jeunes Québécois complètement coupés des racines historiques mêmes de la civilisation qu’ils ont pourtant, avec tant d’autres peuples, en partage…
L’école se faisait jadis lieu d’élévation de l’esprit des futurs citoyens. Elle est devenue, aujourd’hui, un centre de formation professionnelle de main-d’œuvre “qualifiée” .
À bien des égards, j’ai la triste conviction que nos écoles sont devenues de véritables cimetières pour les humanités