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Citation de Charybde2


Une minute de répit. Anthime reprend son souffle. Il a posé son menton sur la pierre, tout près de sa main recroquevillée. Son nez tranchant, craquelé par le soleil, s’arrête à deux centimètres de la main, au-dessus des veines qui saillent entre les écorchures. Le vent du nord râpe ses cheveux gris, taillés en brosse, brûle ses paupières et fait jaillir des larmes qui gèlent entre les cils. Six heures du matin. Le soleil de glace éclabousse une arête de granit, coule entre les dentelures. Anthime respire à petites goulées contre la pierre. Ses narines fument et le spectacle de cette vapeur blanche le repose ; mais le cri de Philippe s’enfonce dans sa nuque comme un clou :
– Bresson !
Anthime ne sursaute pas, ne se retourne pas. Il lève la main d’un geste étriqué pour montrer qu’il a entendu et que cela ne l’intéresse pas. Il mord sa lèvre inférieure. Un beau concours de circonstances, vraiment ! Avoir tout combiné pour passer inaperçu et rencontrer précisément ici l’homme que l’on cherche à éviter le premier. Au mois de juin, le refuge n’est pas gardé. Personne ne s’aventure dans les parages. Anthime est arrivé hier soir à cinq heures. La porte du refuge était entrebâillée. Un touriste à l’intérieur, un seul : Costa. Ce Judas a trouvé le moyen de sourire.
La rage inspire Anthime, le distrait de toute prudence. Sur des dalles convexes, il brise ses ongles ; mais Philippe gagne du terrain. On le sent derrière le rocher, tout près. Anthime tâtonne, le bras engagé jusqu’à l’épaule dans une fissure. Philippe hoche la tête. Ce n’est pas le bras qu’il faut engager mais le pied. Ah ! Ces amateurs !
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