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Citation de Charybde2


Et maintenant Philippe retombe, sans le vouloir, sur le premier souvenir sollicité : Anthime prenant la tête de la cordée. Il retrouve l’expression exacte qu’avait le vieux professeur au moment de se mesurer avec le roc : ce pincement des lèvres pour retenir un sourire de triomphe et les rides qui frétillaient au coin des yeux. Une sale besogne l’attendait pourtant. En lui laissant la responsabilité de la cordée, Philippe, cette fois, ne lui faisait pas de cadeau : des schistes lustrés, à moitié pourris, avec des prises recouvertes de boue congelée. Aucune assurance possible. Philippe, en le voyant partir, avait le cœur étrangement serré. Une folie ! Presque un assassinat. Ce n’était pas l’itinéraire normal. En bonne règle, il fallait prendre sur la droite, dans le rocher surplombant : escalade artificielle de grand style, avec pitons, étriers, double corde ; de quoi écœurer ce pauvre Anthime, lui donner des remords pour le restant de ses jours. Alors, en désespoir de cause, Philippe avait choisi la route pourrie, l’avait choisie pour Anthime. Il fallait bien lui donner un os à ronger. Et le vieux faune s’en était tiré comme un dieu : léger, subtil dans ses manœuvres, ne tâtonnant, pour ainsi dire, jamais. Un courage ! Une chance ! Cet homme avait le génie de l’improvisation. Philippe avait manqué dévisser quand il avait grimpé à son tour, mais Anthime, qui avait retrouvé le granit, l’assurait ferme.
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