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Citation de Lefso


La créature dévala la pente de la colline en prenant au plus court, puis suivit la route aux trousses des cavaliers. Elle ne courait pas. Elle progressait par bonds en s’aidant des bras comme des jambes, son corps se ramassant au contact du sol et s’étirant en l’air à chaque impulsion vers l’avant. Sa vitesse était extraordinaire et les Lames au grand galop perdirent bientôt du terrain.
Agnès et Ballardieu fermaient la marche.
Sans ralentir l’allure, le vieux soldat fit glisser sa besace en bandoulière contre son ventre. Il y puisa une grenade dont il alluma la mèche dans le fourneau de sa pipe, avant de la laisser tomber derrière lui. Il répéta l’opération deux fois, mais les grenades rebondissaient au petit bonheur. Seule la troisième resta sur la route, pour exploser bien avant que le dragon arrive sur elle.
Ballardieu comprit alors qu’il n’arriverait à rien de la sorte.
Il comprit également qu’ils étaient perdus si lui ne faisait rien.
—CONTINUEZ !
Tirant sur les rênes, Ballardieu obligea sa monture à se cabrer et à pivoter sur ses postérieurs. Et avant qu’Agnès ait pu réagir, il repartait en sens inverse. Sans réfléchir, elle rebroussa chemin à son tour.
Ballardieu galopa à bride abattue vers le dragon qui, les yeux étincelant d’une rage sauvage, redoubla d’ardeur. Ils se rencontrèrent peu après un pont enjambant le lit d’une rivière à sec. Le vieux soldat alluma une dernière mèche. La créature bondit. Elle renversa le cavalier et sa monture. Le cheval poussa un hennissement douloureux tandis que les deux adversaires roulaient dans la poussière et disparaissaient à la vue d’Agnès en dégringolant dans le cours asséché. Le monstre fut le premier à se relever. Écumant, il chercha autour de lui et vit Ballardieu qui s’enfuyait en trébuchant maladroitement. Puis le dragon s’aperçut qu’une sangle lui serrait le cou et qu’un poids pendait entre ses omoplates.
Le sac à malices de Ballardieu explosa et décapita le dragon sous les yeux d’Agnès qui avait sauté de selle et accourait, l’épée à la main. Elle se protégea instinctivement du coude et ne put contenir une grimace de dégoût en découvrant ce qui restait de la créature écailleuse.
Puis elle se tourna vers Ballardieu qui se tenait debout mais chancelait, comme ivre, le front en sang et une épaule démise. Elle se dit alors qu’ils n’avaient pas fini d’entendre parler du jour où Ballardieu avait tué un dragon. Elle esquissa un sourire…
… qui s’effaça aussitôt.
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