Le fondement dogmatique essentiel est excellemment exprimé par saint Athanase d'Alexandrie, au IVe siècle, dans une formule célèbre : "Dieu est devenu Homme pour que l'Homme devienne Dieu."
Le but de la vie humaine n'est pas de devenir bon, vertueux, sage mais "participant de la nature Divine ?" (page 11)
… les Pères ont discernés, en fins connaisseurs de l’âme humaine et de la psychanalyse, les étapes de la tentation démoniaque : elle commence innocemment par une simple suggestion, parole ou image quelconques sans péché ; si l’âme dialogue avec elle, alors vient le consentement qui est déjà coupable, « l’acquiescement délectable » qui peut glisser jusqu’à la passion lorsque « l’objet gîte longtemps dans l’âme et lui donne une accoutumance » dit saint Jean Climaque ; finalement vient la captivité, où le cœur est entraîné involontairement avec violence, l’objet étant devenu son « trésor », il penche vers lui de son propre mouvement.
(page 185)
En effet « nul ne peut dire Jésus est Seigneur si ce n’est poussé par l’Esprit Saint ».
Il s’agit donc ici de bien plus que d’une « formule » ou d’une prière quelconque : la Prière de Jésus est un acte, un acte à la fois prophétique et politique.
« Prophétique », parce qu’en disant « Seigneur » je suis inspiré à la manière des prophètes par l’Esprit Saint et « politique », parce que par là, je m’engage dans une lecture radicalement neuve de l’histoire.
L’homme, en qui vivent ces deux dimensions, entre dans la Seigneurie de Jésus et devient avec Lui fils par la grâce.
(page 200)
Le seul antidote face à l’orgueil, source de tout mal, c’est l’humilité, source de tout bien et fondement de la Prière du cœur.
Il n’y a pas de place pour Dieu dans un cœur encombré, voilà pourquoi le but de l’ascèse c’est de briser l’orgueil et de faire de l’humilité la nouvelle assise de l’homme.
Mais l’humble n’est pas un « pauvre type » ni un rampant, il est tout au contraire celui qui a trouvé son axe en Dieu : libre de lui-même et du poids de son ego, il est à sa juste place, coïncidant avec son être il est devenu « humilité » c’est-à-dire humus, terre fertile.
(page 178)
Simplifions le propos : l’homme qui fait la découverte de Dieu dans son esprit se trouve en Dieu, soudainement.
Cette découverte contient en elle-même toutes les qualités divines.
Elle est immortelle, inéchangeable, définitive, pacifique.
Pourquoi, dira-t-on, est-il si difficile d’appréhender cette présence ? Parce que l’homme est dispersé, distrait, et pour aucune autre raison.
L’homme est dispersé dans ses sentiments, dans ses pensées et dans toutes les distractions que lui procure la civilisation.
Il manque d’air pur.
(page 14)
Saint Jean Chrysostome interprète l’injonction du Christ de ne pas rabâcher à la manière des païens, comme une invitation à la « sobriété mentale », car c’est elle « qui nous vaut d’être exaucés et non la multitude des mots. Le Christ nous a enseigné là une mesure de prière. Il nous commande, tout comme saint Paul, de faire des prières courtes et fréquentes à petits intervalles… Faisant cela, il te sera facile de rester en éveil et tu feras tes prières avec beaucoup de présence d’esprit ».
(page 55)
Qui est donc ce Sauveur, pour que je hurle son Nom ? … C’est Jésus… Jésus oublie l’orgueilleux qui a provoqué, regarde le malheureux qui invoque le Nom suave, le Nom délectable, le Nom qui réconforte le pécheur, le Nom d’heureuse espérance… Je me glorifie en toi au milieu de tous ceux qui aiment ton Nom.
(page 51)
A la longue, notre expiration peut devenir un tel abandon que, dans l'Esprit, nous nous oublions si totalement, nous sommes sortis si pleinement de notre ego, que nous ne pouvons plus distinguer ce qui est de nous et ce qui est de l'Esprit Saint dans ce mouvement.
Voici pourquoi il faut être sceptique, non vis-à-vis de la métaphysique ou de la théologie, mais à l’égard de ce qui discute sans cesse : l’esprit rationnel.
A discuter sans fin, on n’entre pas dans les parvis de la vie spirituelle.
(page 16)
Cette transfusion incessante de vie divine en nous est l’œuvre de l’Esprit Saint, c’est le mystère abyssal de sa kénose (abaissement, abnégation), du don total de Lui-même, lorsqu’Il insuffle en nous la présence du Verbe avec lequel Il nous met ainsi en contact immédiat, un contact de tous les instants.
La puissance de son souffle créateur pénètre et anime tout notre être et notre corps jusqu’à la moindre de nos cellules.
L’Esprit Saint n’a qu’une « passion », si l’on peut s’exprimer ainsi, c’est de nous modeler à la ressemblance du Christ !
(page 128)