Les hommes attendent de toi du courage Anrique. Quand on affronte les chevaux sauvages, on s’aperçoit au final qu’il est impossible, dans la vie, d’être autre chose qu’un tyran…
Je suis de l'avis de Cornélio Penna, l'auteur de " La Petite morte", qui répondit un jour à Ledo Ivo dans un entretien : " Tant qu'il y aura de l'âme ,il y aura de la littérature."
" Des monstres sombres marchent sur la route et, sur la route, parmi ces monstres je marche."
Augusto dos Anjos
- Chaque jour, cet endroit s'enfonce un peu plus dans le désespoir et l'abandon. Il ne sert plus à rien de cirer les meubles ni de nettoyer les murs. Nous devons laisser les plantes rampantes en prendre possession, s'accrocher à nos jambes, étourdir notre sang et notre cœur. Nos cheveux deviendront des feuilles, nos mains et nos jambes des arbres. Nous devons laisser faire, Inès, laisser faire...Ne résiste pas, ne pleure pas. Le moment n'est pas encore venu pour nous de nourrir les asticots ni de fleurir au bord des routes, si l'une de nous se voit un jour accorder ce droit. Peut-être ne seront nous jamais que des fleurs fanées, sèches et vides...
Ariano Suassuno, membre de l’Académie brésilienne des Lettres, dit de lui : Raimundo Carrero a l’esprit âpre et magique des auteurs populaires du Nordeste. Il manie une prose qui semble taillée au canif, faisant surgir du bois, à chaque encoche, le rouge du sang. Un roman fort, beau et singulier, à l’univers étrange et poétique. Quel est le secret de Carrero ?
Les gestes de Bernarda sont lents, circonspects. Elle se remet tristement à l'ouvrage - comme si elle voulait reconstituer le fil de sa vie entière, comme si elle cherchait des points de crochet capables de restaurer le passé, le glorieux passé de Puchinana.
Il lui avait fallu toutes ces années pour comprendre que l'amour est l'envie de l'autre. On aime pour voler à l'autre la part qui nous manque.
Terrible expérience que celle de découvrir un regard - c'est comme plonger et descendre toujours plus bas, se sentir dépouillé par l'esprit des flots, car celui qui regarde est plus vu qu'il ne voit. C'est sombrer dans un abîme intérieur.
Elle éprouvait une peine immense à le voir assis là, renfermé, pitoyable comme une vieille harde étendue sur une corde à linge, n'osant même plus affronter le vent.
Il suffisait de le regarder, il suffisait de regarder Abel, pour sentir que sa rage avait quelque chose d'anormal, comme quelqu'un qui punit sans cesser d'aimer.