[…]deux jeunes gens qui avaient étudié la peinture avec mon grand-père vinrent de Munich pour séjourner à Brixlegg, en partie pour peindre, en partie pour se divertir -"en chassant les fantômes", affirmaient-ils, car ils s'enorgueillissaient d'être fort sensés, se moquant de toutes sortes de "superstitions", particulièrement de celles qui incitent à croire aux fantômes et à les craindre. Ils n'avaient jamais vu de vrai fantôme, comprenez-vous, et ils appartenaient à cette catégorie de gens qui ne croient que ce qu'ils voient de leurs propres yeux -une attitude qui m'a toujours paru extrêmement prétentieuse.
"Le donjon de Kropfsberg".
Dans son plan général, son dessin, son système, Reims est grave, classique et conservateur. C'est la marque de la grandeur et de la noblesse qu'elle porte, plutôt que celle de la fantaisie ou de l'ardeur poétique; elle est comparable en cela à Chartres ou à Paris plutôt qu'à Amiens ou à Bourges.
Chaque jour, tandis que les obus éclatent dans la cathédrale de Reims et autour d'elle comme ils le font depuis maintenant quatre ans, et chaque jour, tandis que, de cet édifice croulant qu'éleva l'imagination humaine, les pierres calcinées tombent une à une sous la corrosion inexorable de cet autre édifice croulant qu'est notre civilisation trop éphémère, nous sentons l'affreux anéantissement de la beauté pure, nous nous lamentons impuissants, mais plus poignante, plus douloureuse nous semble cette tuerie froide d'une chose animée qui faisait partie de notre vie consciente.