Ralph Vendôme

Le corps puissant de la statue soutient une tête magnifique, aux lignes parfaites, façonnée dans les proportions du nombre d’or. Si le visage est masculin, la chevelure délicate évoque davantage quelque divinité féminine, Héra ou Perséphone, selon les guides touristiques qui en font le commentaire.

L'évasion était le rêve secret du vieil homme. Tout quitter sans laisser de traces, partir malgré tout ce qu'on faisait pour le retenir, quitter les habitudes de l'âge, les réveils douloureux, les faux-semblants. Le train-train quotidien qui part et arrive toujours à l'heure puisque toute notion de temps a disparu. Qu'il se lève ou pas le matin, quelle importance. Qu'il déjeune ou pas, qui s'en soucie? Qu'il se promène autour du lac, quel canard s'en préoccupe ? Sa vie est une prison de l'âge sans autre gardien que son incapacité à rajeunir. Il est libre d'agir à sa guise, courir mais ses jambes traînent, grimper mais son coeur lâche, baiser mais sa queue pend, boire mais son foie rechigne, se bâfrer aux prix des nuits difficiles et des lendemains désenchantés.

Elles goûtaient là au milieu de l’après-midi, du jus de pomme et des marbrés au chocolat que leur mère leur préparait. L’odeur embaumait le quartier. Dissimulé dans la haie, gourmand d’instants volés, je n’en perdais pas une miette. Je respirais lentement et profondément, comme une plante verte. Personne n’aurait pu me découvrir.

L'homme aujourd'hui est lourd des hommes successifs qu'il a été, depuis que l'enfant s'est terré.

Ce n'est pas grave, c'est toujours comme ça avec les rêves, les bons et les mauvais. La nuit ils nous tiennent, le jour ils nous filent entre les doigts, impossible de les retenir.

Le temps est un allié avant de se déclarer ennemi.