Université d'été 2017 - Interviews des historiens
Dès les premières de ce "Commandement en Orient", le lecteur est confronté à des ambiguïtés et des contradictions qui obligent à rechercher dans d’autres documents des explications complémentaires. Les souvenirs de Sarrail ne visent d’évidence pas à raconter simplement le détail tactique des engagements militaires sur le front de Salonique, même s’ils sont sur ce plan tout-à-fait intéressants. La volonté de leur auteur de placer le débat dans un face-à-face franco-français avec le Grand Quartier Général constitue le véritable filigrane au long des chapitres successifs.
(Déclaration du général allemand Von Falkenhayn) :
« Il était plus avantageux de savoir qu’entre deux et trois cent mille hommes étaient enchaînés dans cette région lointaine que de les chasser de la péninsule balkanique et de là sur le front de France »
Un dernier télégramme me rappelait encore sa nécessité : « Je vous confirme de nouveau mes télégrammes 7363 et 7443 qui vous laissent toute latitude et toute initiative pour le repli de vos forces vers Salonique quand vous le jugerez opportun».
Le 2 décembre, Karasouli et Gumondjé sont occupées pour préparer des pistes et en même temps jalonner par des points d'appui la ligne de repli. Le 3, les Bulgares nous tâtent sur nos ailes, à Kosturino, au kilomètre 113, ainsi que sur la Cerna où ils tentent deux passages de vive force : partout ils sont repoussés. Ils ne pourront s'apercevoir du commencement de notre repli (…)
La victoire allemande a été obtenue de justesse. Les carnets [de Rommel] montrent à quel point chaque acte de résistance ou tentative de contre-attaque des forces alliées, même les plus désespérées, démoralisait, voire stoppait [ses] hommes.
Homme de compromis refusant de taper du poing sur la table, Gamelin aurait sans doute fait un excellent diplomate, ou un délicieux cardinal.
Pour le colonel Paillole, chef du 2e Bureau, Gamelin "pense bien, décide difficilement, ne s'impose jamais"