Splendide catalogue de l'exposition dédiée au paysage organisée par le musée d'art moderne André Malraux du Havre en hommage à Nicolas de Staël pour le centième anniversaire de sa naissance l'année dernière.
Je voudrais simplement citer cette lettre que lui adresse son ami René Char le 8 avril 1952 et reproduite page 69 :
"Tu étais frais comme le cresson de ma rivière natale, et dispos comme un chardonneret sur la branche du cyprès, Cher Nicolas, ce midi. J'ai été content et content de t'entrevoir.
Je t'aime bien, durablement.
Ton tableau a l'odeur d'un bouquet d'étoiles de chaleur. Tout s'y passe dedans comme le coeur et l'exigence, la difficulté de notre esprit et la simplicité de notre sensibilité ardemment le demandent. Il est beau et je le regarderai longtemps. Je suis à l'Isle vendredi après-demain.
Fraternellement.
René Char"
Tout est dit je crois. C'est pourquoi j'emprunte sa formule à René Char : "Il est beau et je le regarderai longtemps", tant ce livre invite à la contemplation.
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Seuls quelques amateurs d’art africain connaissent les San, nom que se donnent les chasseurs-cueilleurs nomades qui, il y a des milliers d’années, ont occupé le sud de l’Afrique. Plusieurs études très érudites (voir Bradford Keeney) ont analysé leurs peintures et leurs gravures rupestres aussi fascinantes que celles de Lascaux ou de Djulirri. Pourtant, elles conservent tout leur mystère. En 2001, Renaud Ego, critique d'art et de littérature et par ailleurs romancier, a décidé de faire un long voyage en Namibie à la recherche de ces œuvres dans de vastes paysages rocheux. Il nous livre, dans ce livre, le résultat de ses prospections. Tout d’abord, sous forme de 130 photos, se focalisant sur ces parois rocheuses où se trouvent des figures très synthétiques mais immédiatement compréhensibles par le néophyte. Ensuite, un texte dans lequel Renaud Ego fait l’impasse sur les textes de tous ses prédécesseurs à propos de cet art intemporel, dans lequel il voit « une histoire des commencements et un commencement des histoires ». Je tiens à dire que l’auteur est tombé sous le charme de ces œuvres à la modernité troublante (A.R. Penck, Keith Haring et Paul Klee ne sont pas loin), et il partage avec le lecteur son vif désir de garder en mémoire les plaisirs de son périple en ces terres australes.
Il ne reste pas moins que les œuvres des San, abusivement appelés Bochimans, (essentiellement des scènes de guerre et de chasse) sont peintes sur des rochers plats. Nous pouvons encore en voir d’extraordinaires exemples dans les réserves naturelles du Cederberg et de Matjiesrivier. Leur ancienneté est assez variable (de – 4000 à + 1700) mais elles n’en restent néanmoins un superbe témoignage de la culture des hommes de l’endroit.
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Comme le souligne @Alzie, ce n'est décidément pas un catalogue mais un beau livre au sens le plus noble du terme. Peut-être est-ce la météo si grise du jour qui m'a inscité à rouvrir ce livre que je garde toujours à portée de main. On y trouve tout : la puissance d'évocation De Staël, mais aussi la diversité du monde exprimée à travers une simplification des lignes et des formes. Ah si chacun de ceux qui s'exprime dans notre société (dont moi évidemment !) avait la capacité de le faire avec autant de netteté et d'économie de mots et de traits que Nicolas de Staël...Le monde serait à la fois plus beau et plus serein. A lire, relire, méditer et partager définitivement car cela va bien au delà de la peinture !
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