"L'homme qui a tué la mort" est une pièce de théâtre en deux actes.
Écrite par René Berton, elle a été représentée, pour la première fois, à Paris, le 9 janvier 1928, au théâtre du Grand-Guignol.
Le rideau se lève sur le greffe de la prison de la Grande-Roquette.
Des coups de marteau résonnent dans la nuit.
Par l'implacable réquisitoire de Gauvain, l'avocat-général, il y a un an, Moralès, a été condamné à la peine capitale.
Avant six heures, avant que le soleil ne se lève, il va être exécuté.
Mais il n'a jamais avoué.
Et le spectre du doute s'est insinué dans l'esprit de Gauvain !
Le bourreau s'apprête aux formalités de la levée d'écrou lorsque le plus illustre de nos savants biologistes, le professeur Fargus, demande l'autorisation d'assister à l'exécution, à se livrer à des expériences sur le corps du supplicié ...
Ce morceau de scène est un classique du Grand-Guignol.
La pièce est glaçante.
Par dessus l'aspect morbide de l'effroyable expérience, se pose la question de l'inhumanité d'une science et d'une justice mal administrées.
La pièce est intelligente.
La plume de René Berton est agile.
Le style de son écriture est soigné.
"L'homme qui a tué la mort" est une preuve de plus, s'il en était besoin, que le théâtre du Grand-Guignol savait être exigent et littéraire.
Aujourd'hui, la pièce est une intrigante redécouverte qui se lit avec un peu d'effroi et beaucoup de plaisir ...
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La spécialité du théâtre du "Grand-Guignol" est le spectacle coupé dans lequel alternent des drames, où l'horreur se dispute avec l'angoisse, et des comédies drôles en un ou deux actes brefs.
Initialement intitulée pour la scène "Gott mit uns !", cette pièce n'a pas besoin des habiles artifices de mise en scène et d'éclairage utilisés habituellement sur les planches du théâtre du rire et de l'horreur. Grâce à l'intérêt psychologique du sujet et à sa qualité littéraire, elle conserve à la lecture son caractère et son atmosphère si particuliers.
Le récit évoque un épisode de la grande guerre, en Champagne, au mois de mai 1918.
Dans un abri souterrain, Caussade, un capitaine français et Hermann, un soldat allemand se trouvent, soudain, en présence.
Chacun peut se rendre maître de la vie de l'autre. Le français peut faire fusiller l'allemand mais celui-ci sait où est probablement cachée une bombe qui devait faire sauter l'état-major censé se trouver à cet endroit.
Une négociation s'engage or il se trouve que les deux hommes sont professeurs de philosophie....
L'épilogue possède une variante qui fut créée pour corser l'effet dramatique sur la scène du "Grand-Guignol".
"la lumière dans le tombeau" est un tableau saisissant de la vie des tranchées, un drame psychologique rehaussé d'un soupçon de philosophie.
A la suite de sa première représentation, Maurice Rostand dans "le Soir" écrit : Vous écouterez avec une attention émue le grand drame de René Berton. C'est une pièce forte, puissante, d'une émouvante réalité, qui ne fait appel qu'à la vérité pour inspirer la terreur et qui maudit, une fois de plus, la guerre".
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"La drogue" est un drame, en un acte, de René Berton. Il a été représenté pour la première fois au théâtre du Grand-Guignol en décembre 1930.
La pièce commence comme une enquête policière et finit dans une horreur dont certaines critiques ont dit qu'elle gâchait la pièce et l'empêchait d'accéder à la renommée qu'ont connu "l'homme qui a tué la mort" et "la lumière dans le tombeau".
Le rideau se lève sur un salon fumoir d'une riche villa de Saigon.
Brécourt est juge d'instruction. Il soupçonne Claudine Faverolles d'avoir vitriolé, une nuit, le visage de Charles Marzac, un jeune peintre graveur.
Depuis ce jour, Marzac, sur les conseils de son médecin, s'adonne complètement à l'opium, fumant jusqu'à soixante pipes dans une nuit.
Dans la fumerie de Luang-Si, Brécourt se prépare à tendre un piège à Claudine Faverolles qui sous l'emprise de la drogue avoue son crime.
Lorsque Charles Marzac survient....
Si la pièce verse dans le "Gore" le plus outré à son épilogue, elle est pourtant un morceau de Théâtre intéressant construit à l'aide de dialogues finement écrits et de scènes judicieusement amenées.
C'est une belle pièce.
Seul son dénouement rapide et violent semble, quelque peu la déclasser.
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