René Berton

Au lever du rideau du second acte, l'acteur, qui interprète le rôle de Moralès, est couché dans la table dont la partie supérieure porte une ouverture dissimulée par un voile noir.
Pendant que le professeur, entouré des autres acteurs, fait sa démonstration, cachant la table aux yeux du public, l'acteur sort la tête et l'appuie sur un support échancré au milieu de façon à lui emboîter le menton, ce qui empêchera la tête de bouger ...

C'est l'histoire de Pascal, ce génie scientifique égaré dans la religion, voulant prouver l'existence de Dieu à l'aide d'un théorème de géométrie ! ...

La petite salle de café d'un débit de tabac. Au fond, le panneau de bois et de verre dépoli qui sépare cette salle du bar ; une double porte à ressorts.
A droite, porte vitrée sur la rue ; à gauche, une cabine téléphonique.
Un poêle est allumé.
De chaque côté, banquettes de moleskine, tables et chaises.
Milou et Dadard sont assis, à gauche. Sur leur table, un jeu de cartes, deux petits verres vides.....
(lever de rideau de "le cheval de cirque", pièce extraite de "La Petite Illustration" parue en aout 1929)

Le décor représente une cave abandonnée, creusée dans le calcaire.
Au fond, de face, à droite, une grande ouverture par laquelle on aperçoit l'amorce de l'escalier qui conduit à l'extérieur. Dans le mur de gauche s'ouvre une galerie obscure.
Aux murs sont accrochés des masques à gaz, des ceinturons avec leur baïonnette, des étuis à révolver, des musettes, des casques de tranchée, un calendrier portant cette date : 1918 avril D.28.
Des fusils sont debout contre les parois. Ça et là, jetés à l'abandon, des douves et des cercles de barrique. Dans un coin, un monceau de bouteilles de champagne vides et des boîtes de cigare défoncées.
A gauche, un brancard déplié qui sert de couchette. Au fond, de face, à côté de l'entrée de l'escalier, des planches, à hauteur d'homme, sont clouées contre le mur.
Au dessus, des inscriptions tracées au charbon : "Gott mit uns !" - "Deutschland über alles !" - "Nach Paris !"
Des petits tonneaux servant de sièges, des caisses à biscuits servant de tables. Sur l'une d'elles est placé un appareil téléphonique de campagne.
La scène est éclairée par deux bougies plantées dans des goulots de bouteilles de champagne....
(lever de rideau de "la lumière dans le tombeau", pièce extraite de "La Petite Illustration" parue en aout 1929)

La scène représente le salon fumoir d'une riche villa de Saïgon.
Au fond, large baie vitrée, donnant sur un jardin. A gauche une table recouverte d'une nappe blanche, formant buffet, portant des bouteilles de champagne, des appareils à faire le cocktail, des coupes et des assiettes de gâteaux.
Derrière la table-buffet, se tient un boy annamite qui prépare les boissons.
A droite, une chaise longue. Chaises, fauteuils, table à jeu. On entend dans le lointain les sons aigres d'une flûte dont la cadence est rythmée par le tintement clair des crotales de cuivre et les coups sourds d'un tam-tam.
Au lever du rideau, le docteur et le capitaine, assis devant la table à jeu, font une partie d'écarté.
Le docteur est en smoking et le capitaine en tenue blanche des colonies....

"Gott mit uns !" est un drame de qualité inusitée qui peut prendre place à côté des plus célèbres succès de Grand-Guignol...C'est un tableau de la vie de tranchées saisissant de vie.
Le dialogue simple, familier, sans aucune prétention à la grandeur et au sublime, est émouvant au possible.
Tout y est juste, simple, vivant et l'atmosphère est merveilleusement reconstituée.
(A l'occasion de la répétition générale, Mr Antoine écrit dans le journal "l'Information")