Vous prenez pied dans un pays pour l'exploiter. Exploitez-le. Les routes, les ponts imposants, les lignes de chemin de fer, on ne les construit pas à l'intention de l'indigène; s'il en use, c'est par surcroît. Mais n'allez pas jusqu'à mettre en question ses façons séculaires de vivre. Et si les Laotiens, autrement inclinés par une hérédité bouddhique, continuaient de se refuser au gain d'un salaire, je ne vois pas qu'on puisse les déposséder de leur sol, qu'ils cultivent à leur façon, ou les traiter en sous-produits. C'est ce qu'on a tendance à faire. Le droit à la paresse est à la rigueur un droit absolu; il est dans tous les cas naturel; c'est même le plus efficient. Le repos du corps conduit l'homme à l'activité de l'esprit. Un esprit ne rayonne pas d'un corps journellement épuisé. Laissez aux Laotiens les loisirs qu'ils emploient à jouer du khème.