Revue Brèves

La déclaration d'amour de Fanny Chartres a maintenant 10 ans (réitérée seulement ici) et la qualité de ses traductions ne semble pas s'être améliorée. du reste le livre est un objet réussi notamment grâce aux photos d'Ileana Partenie (quelques mots sur elle, « l'invitée du numéro », à la page 39) : je pense notamment à cette « Croitorie TACHE » que mon esprit associe avec espièglerie au Tache de catifea de Stefan Agopian. Cette anthologie pleine de promesses (comme je l'ai déjà dit) réunit des extraits d'auteurs dont certains figurent sur ce site : Gabriela Adamesteanu et Ana Maria Sandu, honneur aux dames, Lucian Dan Teodorivici, Radu Cosasu, Laurențiu Brătan, T. O. Bobe, Răzvan Petrescu, Filip Florian, Florin Lazarescu, Mircea Nedelciu. Ils nous sont présentés rapidement par Marius Chivu qui rappelle que la littérature roumaine, se distingue par son grand nombre de poètes. Restons confiants, mais que le chemin qu'il reste à parcourir est long, avant de "rentrer" dans les rangs, ou plutôt avant de "prendre rang", devrais-je dire.

Belle découverte que cette petite revue consacrée aux nouvelles. Ce numéro-ci est sous-titré 'Dans un monde disloqué'. Autant dire que nous n'allons pas vers la franche rigolade en lisant ces petites histoires de personnes plus ou moins déjantées, plus ou moins à leur place, plus ou moins tristes.



Malgré ce qu'annonce la quatrième de couverture "aucun thème ne se dégage de cet ensemble de textes", on y trouve une certaine unité d'atmosphère. Et pour plusieurs d'entre elles, j'y ai trouvé un point commun: la rencontre manquée. (Ce numéro aurait pu s'appeler 'Brèves rencontres', pardon pour ce calembour minable).



Donc, rencontre des regards dès la première histoire, mais pas seulement. A la fête foraine, Marc court après Louise, au point de rencontrer brutalement une vitre dans le labyrinthe des glaces. Jacques, quant à lui, suit une fille dans le RER... mais qui suit vraiment l'autre? Clara, chanteuse dont la célébrité n'a tenu que deux épisodes d'une émission de télé, retrouve un de ses admirateurs.



Monsieur Chen, de son côté, n'a pas réussi à décrocher un billet de train pour aller retrouver sa femme et son bébé au moment des congés du Nouvel An Chinois. Cela va entraîner un joyeux bazar dans toute la Chine.



Une de mes nouvelles préférées de ce recueil restera 'Le dîner', de Christine Aurel. Une jeune femme a rendez-vous avec son père. Ces deux-là ne se voient pas souvent. Elle a deux frères qui ont brillamment réussi, elle-même n'a jamais décroché le moindre diplôme. Et on va découvrir d'autres secrets de famille pendant ce dîner. Une leçon d'humanité qui nous montre un père généreux envers une fille qui ne le mérite peut-être pas? A chacun de se faire son opinion...



J'ai trouvé également intéressant le dernier texte, de Karen Bramson, inconnue de moi jusque là. Cette danoise francophile morte en 1936, écrivait dans un style classique, qui fait contrepoint aux auteurs contemporains rassemblés dans cet opus. Même si certains de ces textes pourront paraitre un peu moins forts, voici une revue qui mérite d'être lue et reconnue.